Par Abdessamad Mouhieddine
Le Makhzen n’est pas n’importe quel vocable. Il constitue (et constituera longtemps), selon moi, un sujet emblématique de la schizophrénie endémique qui caractérise le système politique marocain. Un sujet très sérieux donc.
En ce qui me concerne, il ne s’agit
nullement de quelque volatile « sensation » ou encore une vue de
l'esprit, mais bel et bien d’une réalité tangible. Il poursuit son «
sujet » de la naissance à la mort. Des senteurs fumigènes (bkhour) de la
naissance, à la lecture de la sourate « Yassine » à la mort, en passant
par les « Sla ou slam ‘la rassoul allah » et autres « Allah y nsor
sidna Mohammed !» criés à la faveur d’un mariage. Ainsi donc, le Makhzen
traverse transversalement nos attitudes, nos postures sociétales, nos
réflexes, notre solitude comme notre pluralité, notre sens du...sens,
nos peurs de type chtonien, vous savez, ces espèces d'angoisses qui
paralysent jusqu'au « désir d'appartenance », qui plus est au moyen
de...l'allégeance !
Comment une citoyenneté assumée et, par conséquent,
pleinement consciente des devoirs avant les droits, peut-elle émerger
lorsqu'elle se trouve ainsi ceinturée – que dis-je ? neutralisée - par
les signes et les signaux, les signifiants comme les signifiés, les
symboles et les actes, tous relevant moins d’une volonté politique
modernitaire que de l'assujettissement ? Les outils de
l'assujettissement – transformer ou garder les citoyens sous le statut
de sujets – traversent très concrètement, souvent autoritairement, la
totalité du sociogramme du Royaume. La boîte d'outils de cette
domestication ne comprend pas seulement ces personnages sortis du fond
des âges, tragiquement pittoresques et éminemment moyenâgeux, que sont
le moqaddem et le cheikh, mais aussi une foultitude d’ingrédients de la
société seigneuriale infantilisante - le seul journal télévisé du monde
où l'on implore Dieu, à chaque fois qu'on prononce le nom du chef de
l'Etat, de glorifier celui-ci, le protocole avilissant, les sermons du
vendredi si visqueux, les fameuses causeries ramadanesques dites
"hassaniennes", cette culture de la mendicité assise sur une véritable
économie de rente (« affame ton chien pour qu’il te suive ! »), «
lahdiya », « lahlaoua », l’entretien des zaouyas au moyens de dons, les
tentes caïdales des meetings partisans, l’habit ample sultanal...etc.).
Oui, « le monstre » est bel et bien « tapi dans les entrailles de l’Etat
». Increvable, il a un instinct de préservation des plus imaginatifs.
"Le Makhzen est mort", avait proclamé le pauvre Mohamed El Yazghi sans
jamais indiquer à quel niveau politique, éthique ou économique se
situerait sa tombe.
En vérité, grâce à la dextérité juridico-démagogique de Hassan II et à la boulimie financière du « cabinet noir » de Mohammed VI, le Makhzen s’est remis d’aplomb. Il a aujourd’hui ses généraux, au sens propre comme au sens figuré, ses troufions, ses idéologues, ses porte-voix, ses obligés, ses affidés, sa nomenclatura, sa nomenclature servile, les théoriciens de son monoïdéisme, ses « phénomènes » comme ses « noumènes », ses esclaves bien noirs, sa haute administration centrale prête à extrapoler décrets, arrêtés, circulaires et autres us et modus operandi managériaux.
Le
Makhzen a aussi ses codes, ses burnous si agréables à enfiler et si
désagréables à désenfiler, ses parfums, son Dieu, ses saints, ses
caprices ou encore ses bouderies. Le pire est que le Makhzen,
contrairement au confusionnisme délirant de la presse à manchettes
aguichantes, n'est pas l'exact synonyme de la personne ou de la fonction
royale. Un alambic terrifiant ! Car, en vérité, en sus des attributs et
privilèges cités précédemment, le Makhzen a aussi une adresse. Oui,
oui, une adresse : c'est bel et bien au coeur de notre subconscient
collectif qu'il réside. Il en constitue même le rhizome. Le plus
miséreux de nos compatriotes commande à tout bout de champ à sa femme, à
ses enfants ou à ses subordonnés -encore plus dépouillés que lui - de
lui tendre tel ustensile ou se dépêcher de le nourrir...etc. Le servir,
en fait. En vérité, grâce à la dextérité juridico-démagogique de Hassan II et à la boulimie financière du « cabinet noir » de Mohammed VI, le Makhzen s’est remis d’aplomb. Il a aujourd’hui ses généraux, au sens propre comme au sens figuré, ses troufions, ses idéologues, ses porte-voix, ses obligés, ses affidés, sa nomenclatura, sa nomenclature servile, les théoriciens de son monoïdéisme, ses « phénomènes » comme ses « noumènes », ses esclaves bien noirs, sa haute administration centrale prête à extrapoler décrets, arrêtés, circulaires et autres us et modus operandi managériaux.
"Un épouvantail" ? Plutôt "un ogre" : Entiché de business, le néo-Makhzen peut pousser ses concurrents à la faillite en provoquant les redressements fiscaux nécessaires à cela, en lançant des OPA foudroyantes ou en fermant tout simplement les robinets de son bras financier. Pire : il n’hésite point à maquiller ses assauts sur tel ou tel pan de l’économie en motifs de fierté nationale.
La désillusion m’a conquis à cet égard. Cette désillusion ne se nourrit en moi d’aucune rancune, d’aucune haine, ni même de quelque dépit que ce soit. Simplement une colère qui n’est pas prête à s’estomper. A mon âge, l’avenir se trouve derrière moi. Le comput étant impitoyable, je sauvegarde le plus longtemps possible les seuls outils qui, pour moi, vaillent la peine ici-bas : ma plume et mon libre-arbitre. Ma capacité d’indignation constitue de facto ma seule motivation. Je suis en colère parce qu'on a insulté copieusement l’intelligence de nos compatriotes : le projet dit "démocratique » et « modernitaire" qu'"on" nous a vendu, et qu’on a chaudement applaudi, propulsant certains d'entre nous -j'en ai fait malheureusement et malencontreusement partie- dans une bien imprudente euphorie apologétique, ce "projet"-là s'est peu à peu volatilisé, cédant la place à une farce dont les dindons ne comptent et ne se comptent plus. Oui, le Makhzen est, en ce début du troisième millénaire, bel et bien une honte. Une réalité amplement honteuse.
Ahmed Benani @Abdessamad Mouhieddine. Sans doute une des meilleures analyses lue ces derniers mois. J'aime votre croisement des champs psychanalytique et anthropologique pour rendre compte de ce qu'est et pourrait encore être, cette néo-boîte de Pandore: Le Makhzen! Bravo et bien à vous, Ahmed Benani
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honte sur eux/sur nous si nous nous taisons
Par Samira Kinani, 6 /10/ 2013
j'ai la rage
j'en étouffe
en regardant les photos de la mère courage
la mère de Hamza
tabassée sauvagement
de cette manière
à vous faire vomir de dégout
où sommes -nous?
dans le plus beau pays du monde
me dit-on
qu'est ce qu'elle a fait cette dame
et même si ...
quel que soient les méfaits
qu'on pourrait attribuer à quiconque
a-ton le droit ???
un comportement vil
voyou
barbare
digne de gangsters !
remuons -nous !
l'impunité donne des ailes à ceux
qui n'ont cesse de voir en nous que des esclaves
ils veulent semer la terreur
à la manière des "escadrons de la mort"
réagissons avant qu'il ne soit tard
ne baissons pas les bras
ils en profitent
d'ailleurs
tout ce qui se passe dernièrement
est dû à ça
ils l'attendent, notre lassitude
pour mieux sévir
et se venger
de ceux et celles
qui ont osé lever la tête
ne les laissons pas faire !
cette dame
la mère de Hamza
pourrait être ta mère
ta sœur
ta femme
ta fille
moi
toi
elle
nous toutes
alors
disons
BASTA
et demandons le jugement
de ces sadiques
manifestons notre colère
vis à vis de ces comportements
venus du fin fond
des pratiques moyenâgeuses
que les sacrifices de générations
essaient d' arrêter
ne laissons pas faire
j'en étouffe
en regardant les photos de la mère courage
la mère de Hamza
tabassée sauvagement
de cette manière
à vous faire vomir de dégout
où sommes -nous?
dans le plus beau pays du monde
me dit-on
qu'est ce qu'elle a fait cette dame
et même si ...
quel que soient les méfaits
qu'on pourrait attribuer à quiconque
a-ton le droit ???
un comportement vil
voyou
barbare
digne de gangsters !
remuons -nous !
l'impunité donne des ailes à ceux
qui n'ont cesse de voir en nous que des esclaves
ils veulent semer la terreur
à la manière des "escadrons de la mort"
réagissons avant qu'il ne soit tard
ne baissons pas les bras
ils en profitent
d'ailleurs
tout ce qui se passe dernièrement
est dû à ça
ils l'attendent, notre lassitude
pour mieux sévir
et se venger
de ceux et celles
qui ont osé lever la tête
ne les laissons pas faire !
cette dame
la mère de Hamza
pourrait être ta mère
ta sœur
ta femme
ta fille
moi
toi
elle
nous toutes
alors
disons
BASTA
et demandons le jugement
de ces sadiques
manifestons notre colère
vis à vis de ces comportements
venus du fin fond
des pratiques moyenâgeuses
que les sacrifices de générations
essaient d' arrêter
ne laissons pas faire
La mère de Hamza tabassée au commissariat |
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