Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°39 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au
Maroc
Par le bureau exécutif de
l’ASDHOM, Paris, le 2610/2013
Nous commençons ce point
hebdomadaire par deux bonnes
nouvelles. La première concerne le journaliste Ali Anouzla qui avait été arrêté le 17
septembre 2013 et placé en détention provisoire à la prison de Salé 2 pour
« aide matérielle, apologie et incitation au terrorisme » après avoir publié sur
son site d’information électronique Lakome-version arabophone- un lien qui donne
accès à une vidéo d’AQMI. Le juge
d’instruction a décidé hier, le 25 octobre, de le libérer provisoirement sans
pour autant abandonner les charges retenues contre lui. Ali Anouzla
doit se présenter devant ce même juge dans une autre audience le 30 octobre prochain. Rappelons que les
quatre avocats qui se sont portés volontaires et ont constitué son comité de
défense ont dû se retirer quand Ali Anouzla a désigné, sans les consulter, un
autre avocat pour sa défense. Ils l’ont fait savoir dans une conférence de
presse tenue le mardi 22 octobre où ils ont mis en avant la différence entre les
deux stratégies de défense, tout en soulignant qu’ils continuent de le soutenir
et d’œuvrer pour sa libération.
La deuxième bonne nouvelle
concerne deux groupes de prisonniers politiques sahraouis. Le premier groupe est
composé de Sidi Mohamed Mallah, Mohamed
Sallouh, Mahmoud Hanoun et d’Ajouad Farah qui ont été libérés
provisoirement, le 25 octobre également, par le juge d’instruction près du
tribunal d’appel de Laâyoune. Ils restent poursuivis pour avoir participé fin
avril 2013 aux manifestations qu’a connues la ville de Smara après que le Conseil de sécurité de
l’ONU ait refusé le 25 avril 2013 d’étendre le mandat de la MINURSO à l’observation des droits de
l’Homme dans la région. Rappelons qu’ils ont passé près de cinq mois en
détention provisoire à la prison locale de Laâyoune (voir points précédents). Nous ne savons par
contre pas ce que devient Hamza
Jmiï, le cinquième du groupe. Le deuxième groupe est composé de
Mohamed Ali Saâdi, Youssef Bouzid, Mohamed
Garnit, Yassine Sidati, Aziz Hramech et du mineur Lhoucine Abah qui
ont été libérés provisoirement, le 23 octobre 2013, par le tribunal de Laâyoune,
après avoir passé cinq mois et demi en détention provisoire à la prison de la
même ville (voir points précédents). Ce
groupe, poursuivi pour les mêmes chefs d’accusation que le groupe de Smara,
repassera donc libre devant le tribunal le 30
octobre 2013.
À ces deux bonnes nouvelles
s’joute la libération définitive du prisonnier politique sahraoui Mahfoud Elhait (voir listes) qui est survenue le
24 octobre 2013. Ce dernier avait
purgé toute sa peine de quatre ans, prononcée par le tribunal d’appel d’Agadir
en octobre 2009 pour avoir participé en 2008 à Tantan à des manifestations pro-Polisario.
Il a effectué sa peine dans les prisons d’Inzgane d’abord et d’Aït Melloul
ensuite.
En dehors de ces bonnes nouvelles,
nous continuons malheureusement à recevoir d’autres inquiétantes. Nous vous les
livrons dans ce point.
Groupe
20-Février à Casablanca : Les trois jeunes militants du
20-Février et de l’AMDH (Rabie Homazin, Hamza
Haddi et Mouad Khalloufi) ont été présentés devant le tribunal d’Ain
Sebaâ à Casablanca le mercredi 23
octobre 2013 pour « violences et agressions sur agents de police »
(voir point n°38). Les forces de l’ordre
ont bloqué le rassemblement de soutien devant le tribunal et ont interdit aux
familles et aux militants, venus les soutenir, l’accès au tribunal. L’avocat du
groupe, Me Mohamed El-Massaoudi,
lui-même poursuivi dans une autre affaire (voir
listes et points précédents), s’est vu refusé la demande de libération
provisoire pour ses clients. Leur
procès a été reporté au
1er novembre 2013. Rappelons que Fatiha Haloui, la mère de Hamza Haddi et
elle-même militante du 20-Février à Casablanca, est poursuivie également mais en
liberté provisoire.
S’agissant des conditions de
détention du groupe, nous apprenons par un communiqué publié par Mouad Khalloufi (numéro d’écrou 15751),
étudiant et militant du parti la Voie démocratique, que les trois, séparés dans
des quartiers de droit commun, entendent observer une grève de la faim de trois jours à compter
du 29 octobre prochain pour réclamer leur regroupement, la séparation
des prisonniers de droit commun et l’amélioration de leurs conditions, notamment
l’accès aux études et aux soins.
Groupe « Baiser
de Nador » : Pour soutenir les trois jeunes
mineurs de Nador, Mouhsin, Raja et
Oussama, poursuivis pour avoir posté sur Facebook des photos d’un
baiser échangé à la sortie d’un lycée (voir point n°38), des
militant-e-s en faveur des libertés individuelles au Maroc se sont donnés
rendez-vous le samedi 12 octobre
2013 devant le Parlement marocain à Rabat pour organiser un kiss-in. La même
association qui se dit « Organisation unie des droits de l’Homme et libertés
publiques » et qui avait porté plainte contre les trois jeunes de Nador revient
à la charge et porte plainte cette fois-ci contre trois organisateurs du kiss-in
dont Ibtissame Lachgar, fondatrice
de MALI (Mouvement Alternatif pour
les Libertés Individuelles), pour « atteinte à la pudeur, atteinte à la foi du
musulman et non respect de l’institution législative
marocaine »
Groupe
Sahraouis-Aït Melloul : Le parquet général d’Agadir
avait fait appel de la décision du tribunal qui avait condamné le prisonnier
politique sahraoui, Sidi Bouâmoud,
à quatre ans de prison ferme en novembre 2012. La cour, convoquée pour le
21 octobre 2013 à cet effet, a
reporté le procès à une date non communiquée. Rappelons que Sidi Bouâmoud est condamné dans la même
affaire que Mahfoud Elhait
ci-dessus.
Groupe Liberté
d’expression-Syndicalistes-Journalistes : Nous avions
signalé dans l’un de nos précédents points
la relaxe que le tribunal de première instance de Marrakech avait prononcée en
faveur du militant politique et syndical
Hamid Majdi. Le parquet général avait, par contre, fait appel de
cette décision. Nous apprenons par un communiqué qu’il a publié sur sa page
Facebook que Hamid Majdi est repassé de
nouveau devant le tribunal d’appel de Marrakech le 21 octobre 2013 et que son
procès a été reporté au 30 décembre 2013. Rappelons qu’il est
responsable syndical (CDT) à
Ouarzazate et qu’à ce titre il avait soutenu les mineurs de la région qui
protestaient contre les conditions qui leur sont faites par les compagnies
minières, appartenant au groupe MANAGEM. Plusieurs mineurs avaient été
arrêtés et condamnés à des peines d’emprisonnement (voir listes-prison
Ouarzazate).
Nous continuons de suivre de près
la situation des prisonniers politiques du syndicat estudiantin, l’UNEM, qui observent des grèves de la faim dans les prisons Ain Kadous de Fès et Toulal 2 de
Meknès (voir points précédents)
pour l’amélioration de leurs conditions de détention et surtout la tenue rapide
de leurs procès. Leur état de santé se détériore de jour en jour sans que
l’administration pénitentiaire n’intervienne. Il devient urgent d’interpeller
les autorités marocaines sur leur sort et de se mobiliser comme cela a été le
cas pour Ali Anouzla. Seule la pression compte et fait reculer les responsables
marocains.
C’est dans ce cadre que l’ASDHOM a choisi de mener sa campagne internationale de parrainage. Le
16 novembre prochain, cette
campagne aura un an et à cette occasion l’ASDHOM organise sa soirée de solidarité en faveur de ces
victimes de violations de droits (voir l’invitation pièce
jointe).
Le bureau exécutif de
l’ASDHOM, Paris, le 26 octobre
2013
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