Maroc : poussé hors d’une fourgonnette en marche par un policier Maroc, un Congolais décède
Triste sort que celui d’un Congolais tombé d’une fourgonnette de la
police Marocaine en pleine autoroute en direction d’Oujda pour une
reconduite à la frontière.
Nous apprenons qu’il est décédé suite à une commotion cérébrale
sévère avec hémorragie interne après avoir été admis dans un
établissement hospitalier pendant presque une semaine.
Une source sure que nous avons jointe ce jour au téléphone depuis Tanger nous a transmis le poignant témoignage qui va suivre :
La victime qui aurait fêté son quarantième anniversaire le 02/11/1973
s’appelait Toussaint-Alex MIANZOUKOUTA et était enseignant de Français
dans une école privée à Rabat. Il laisse derrière lui une femme et deux
enfants vivant en Espagne.
Il était allé rendre visite à ses amis dans la ville de Tanger, plus
précisément au quartier Boucalès connu pour abriter de nombreux migrants
subsahariens en situation irrégulière. C’est donc dans ce contexte
qu’il s’est retrouvé le Mercredi 24 Juillet au cœur d’une descente de la
police qui effectuait des contrôles d’identité.
Il était pourtant régulièrement immatriculé à la sûreté nationale
depuis le 20/02/2012, sa date d’entrée sur le territoire Marocain. Sa
carte de séjour porte le numéro A045872F.
Pendant l’interpellation, les agents de police ne lui ont pas laissé
le temps de présenter ses papiers et l’ont sommé de monter dans la
fourgonnette séance tenante pour être conduit au poste avec les autres
interpellés. Il s’est exécuté sans protester.
C’est pendant leur transfèrement que les personnes interpelées se
sont rendues compte de leur vraie destination, le désert d’Oujda, à la
frontière avec l’Algérie d’où de nombreux autres raflés ne sont pas
revenus depuis plus d’un mois maintenant sans avoir été présentés au
procureur de la république devant statuer sur le motif de leur
arrestation.
Sur l’autoroute d’Oujda, plus précisément au niveau d’Asilah donc,
une dispute s’engage entre les policiers et un groupe de prévenus qui
protestent violemment contre un traitement aussi brutal que
déshumanisant. La dispute va très vite dégénérer et tourner en violent
affrontement physique entre les prévenus et les policiers. La portière
de la fourgonnette est défoncée et les fugitifs prennent la fuite.
Pendant ce temps, d’autres restent sagement assis à leur place. Parmi
eux, un Congolais de la RDC qui a requis l’anonymat et le défunt Alex.
Un des policiers qui ne comptait pas laisser passer cet affront, les
nerfs à vif, s’en prend violemment à Alex qui se trouve en face de lui
et le projette hors de la fourgonnette. Réalisant la gravité du forfait
qui vient d’être commis par son coéquipier, le chauffeur démarre en
trombe mais l’autre Congolais de la RDC qui vient d’assister à
l’insoutenable scène le roue de coups, l’obligeant à s’arrêter afin
de récupérer la victime au sol baignant dans son sang et de le
transporter d’urgence à l’hôpital. Le sang lui sort par les oreilles et
les yeux.
Un temps admis dans un petit hôpital, le blessé est vite transféré à
l’hôpital Mohamed V de Tanger où il est gardé en observation dans un
état comateux avec un diagnostic vital très engagé. Il décèdera au 6è
jour, vers 10 heures du matin. C’était le mardi 30 Juillet.
Au moment où je discutais en ligne avec mon informateur, ce dernier
se trouvait aux pompes funèbres et faisait partie de la délégation venue
récupérer l’acte de décès afin de le faxer au ministère des affaires
étrangères qui prendra en charge les frais de rapatriement du corps.
Un adolescent aurait aussi été tabassé, et 5 demandeurs d’asile avec deux bébés ont été placés dans un centre à Berkane.
Le lieu de la veillée mortuaire n’a pas encore été désigné. De toute
évidence, elle devra se tenir à Rabat, ville où résidait le défunt.
L’Ambassadeur du Congo actuellement en déplacement à Brazzaville a été prévenu par son cabinet.
Cette version rapportée par un proche du défunt met à mal la version
officielle rapportée selon lui sur le PV de la police, laquelle
établirait que les policiers auraient recueilli le défunt dans un piteux
état après qu’il ait été visiblement agressé par des voyous.
Une militante australienne des droits de l’homme à Tanger, dont le prénom est Helena s’est saisie de cette affaire.
La communauté Congolaise est indignée par des traitements humiliants
réservés à ses ressortissants et déplore la non implication des
autorités congolaises pour défendre les droits de leurs concitoyens hors
du pays.
Devant des scandales répétés d’actes de racisme primaire des
policiers Marocains à l’égard des étrangers et notamment des
subsahariens, une enquête devrait être ouverte pour rétablir la vérité
et situer les responsabilités.
C’est avec le cœur serré que nous avons après la triste nouvelle. Les
conditions du décès nous laissent perplexes quant au professionnalisme
des agents de l’ordre censés faire respecter la loi.
C’est tout naturellement que nous présentons nos vives condoléances à
la famille éprouvée et aux proches du défunt. Puisse Dieu, dans son
infinie bonté lui réserver le repos dans le royaume des morts.
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Tina Melon, une jeune ivoirienne mineure de 16 ans , le jeudi 01/08/2013 à 16h a été arrêtée dans la Medina de Tanger par 5 policiers, agressée, et volée de son portable, son argent, ses papiers. Après elle a été amenée à un endroit dehors de la ville où elle fût sauvagement violée par les 5 policiers jusqu’à 23h de la nuit.
Ce crime sauvage à l’encontre d’une mineure migrante subsaharienne constitue un témoignage et preuve flagrante contre les allégations diffusées par le ministère de l’Intérieur, selon lesquelles les reconduites de migrants subsahariens opérées la semaine passée, se seraient produites dans le respect de la dignité humaine et de la loi.
Face à ce nouveau scandale monstrueux, l’association CHABAKA enregistre et exprime ce qui suit :
· Nous demandons au Procureur de Roi de donner l’ordre pour l’ouverture d’une enquête sur ce crime sauvage et de prendre les mesures légales nécessaires, sachant que les matricules des voitures utilisées lors de cette arrestation, agression, vole, et viol d’une mineure migrante sont 141359 et 156057.
· Nous exigeons l’arrêt définitif des rafles, arrestations, tabassages, vols, refoulements collectifs, et le respect des droits des migrants au Maroc.
· Nous appelons à toutes les associations de migrants et de soutien aux migrants subsahariens, à une mobilisation massive en défense de la dignité de la jeune mineure cote ivoirienne en exigeant l’arrestation des coupables afin de mettre un terme à l’impunité des responsables quant aux crimes d’abus sexuels sur des mineures et femmes migrantes.
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Que penser après cela des pompeuses déclarations de la presse aux ordres qui loue "l'engagement fort du Souverain à poursuivre Ses efforts inlassables pour garantir la protection de toutes les franges sociales, notamment les enfants et les catégories vulnérables, les prémunir contre toutes les formes d'exploitation vile, et aller de l'avant sur la voie de la consolidation des choix et des grands chantiers conduits par SM le Roi, concernant particulièrement la promotion de la situation de la femme, de l'enfance et de la jeunesse" (par 2Minutes) NDLR
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« J’ai quitté le Cameroun il y a un peu plus d’un an, car ma vie là-bas n’était plus supportable », confie d’emblée Hervé Obiang, un ressortissant camerounais qui vit actuellement à Tanger, en attendant de pouvoir rejoindre l’Europe. A travers son témoignage, publié ce jeudi 8 août par le site web de France 24, ce jeune homme revient sur son « calvaire » quotidien au Maroc, entre discriminations et violences de la part des policer marocains. Son homosexualité ne lui facilite pas non plus les choses.
« Je me prostitue pour vivre »
« J’ai quitté le Cameroun il y a un peu plus d’un an, car ma vie là-bas n’était plus supportable. L’homosexualité est très sévèrement réprimée et je risquais ma vie ou d’être mis en prison pour plusieurs années si je me faisais remarquer. J’ai donc migré vers le Maroc dans l’espoir d’accéder à l’Europe depuis Tanger », raconte-t-il. Au Cameroun, comme au Maroc et dans de nombreux pays africains, l’homosexualité est, en effet, considérée comme un délit, punissable de prison.
« Depuis que je suis ici, ma vie n’est pas plus simple : comme tous les Subsahariens, je suis victime de racisme en permanence. Par exemple, c’est quasiment impossible de trouver du boulot : j’ai une formation de pâtissier, mais personne n’a voulu m’embaucher parce que je suis Noir. Presque tous les migrants sont au chômage », poursuit-il. Pour subvenir alors à ses besoins, le jeune homme est obligé de se prostituer de temps à autre. « Pour vivre, ils (Ndlr : les migrants subsahariens) comptent sur l’aide de leur famille, ou alors mendient. Pour ma part, je me prostitue de temps en temps, ça me permet d’avoir un peu de sous mais j’ai du mal à joindre les deux bouts », confie-t-il.
Dépouillés
Hervé Obiang assure également que la police marocaine peut parfois être très violente. Il raconte qu’il y a une semaine, une intervention policière dans le quartier Boukhalef a mal tourné. Selon lui, les migrants subsahariens qui y résidaient se sont faits tabasser « comme des chiens » par les agents polices. Certains se seraient même faits dépouiller de leur argent.
« La police ne cesse pas de nous harceler. La semaine passée, ils sont venus à 5h30 du matin dans notre quartier de Boukhalef où résident beaucoup de Subsahariens, ont tambouriné aux portes et les ont défoncées lorsque les gens ne voulaient pas ouvrir. Ils nous ont dépouillés du peu d’argent que nous avions, de nos portables, puis nous ont mis violement dans des bus, femmes et enfants compris. Ceux qui résistent se font tabasser comme des chiens. Les bus ont roulé plusieurs dizaines de kilomètres et nous ont lâchés entre Rabat et Oujda. Nous avons alors dû rentrer chez nous soit en stop soit à pied. C’est la cinquième fois que cette opération se produit depuis que je suis ici. Certains ont fini par se décourager et rentrer dans leur pays d’origine, mais la plupart restent, car ce n’est pas bien vu de revenir sans avoir réussi à partir en Europe », explique-t-il.
Et de poursuivre : « À force de nous faire déloger, nous avons construit nos propres abris à quelques centaines de mètres de Boukhalef, où nous vivons désormais. Ce sont des petits bungalows comme ceux-ci. C’est petit, nous sommes à cinq ou six par habitation, ça permet d’avoir moins froid en hiver. Nous les construisons avec ce qu’on trouve : pierres, cartons, et bâches ».
« Sales noirs »
Depuis qu’il est au Maroc, Hervé Obiang a, d’ores et déjà, tenté de rejoindre l’Espagne à quatre reprises, en vain. « Lors de mes quatre tentatives pour rejoindre l’Espagne en bateau, qui m'ont coûté entre 150 et 300 euros selon les passeurs, je me suis aussi fait tabasser par la police : à chaque fois, leur bateau rattrape le nôtre, tourne autour pour provoquer de grosses vagues qui renversent notre zodiac. Puis ils nous embarquent sur leur bateau et nous ramènent à Tanger. Au commissariat, ils nous frappent à coups de matraque, nous disent qu’on a rien à faire là, qu’on doit rentrer chez nous et nous traitent de "sales noirs" », déplore-t-il.
Le jeune homme assure que « ces insultes sont aussi courantes au quotidien de la part des Marocains ». « Très souvent dans la rue, des gens nous traitent de "sales noirs", nous crachent dessus, nous disent qu’on salit leur ville... Plusieurs de mes amis se sont déjà fait bastonner juste à cause de leur couleur de peau. C’est terrible d’être traité comme des chiens sur notre propre continent ».
Attrapé par les cheveux
Mis à part la couleur de peau, Hervé raconte avoir été agressé, une fois au marché, à cause de son homosexualité. « Pour ma part, le fait que je sois homosexuel ne fait que compliquer ma situation. Nous sommes une trentaine à Tanger, venus du Cameroun, de Guinée, du Congo… Nous sommes régulièrement la cible d’insultes, on s’entend dire qu’on ne devrait pas exister, qu’on va nous couper la tête… Un jour, je revenais du marché, et un groupe d’une quinzaine de Marocains m’a lancé "zédé" (homosexuel, en arabe marocain). J’ai eu le malheur de les regarder, et l’un d’eux m’a alors foncé dessus, m’a attrapé par les cheveux et m’a frappé, aidé par les autres. Plusieurs semaines après, je porte encore les traces de cette agression, cicatrices et hématomes », se souvient-il.
Hervé Obiang espère à présent trouver de l’aide auprès du haut commissariat aux réfugiés des Nations unis. « Je viens de déposer mon dossier au Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU. J’espère qu’il sera accepté, et que cela facilitera mes démarches pour aller en Europe, où j’espère, je pourrais mener une vie plus apaisée ».
Selon un récent rapport de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), publié mercredi 31 juillet, 6406 migrants clandestins, dont la majorité d’origine subsaharienne, ont été expulsés du territoire marocain, entre début 2013 et le 1er juillet dernier. « Les mauvais traitements et les brutalités contre les migrants n'ont pas cessé depuis le début de l'année en cours », a alors déclaré Hassan Aammari, responsable de la commission de l'immigration de l'AMDH. Des violences et brutalités » de la part de la police marocaine sont également signalés dans le rapport.
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Par Aziz Enhaili, fb
http://www.afrik-online.com/?p=20287
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Un autre scandale : viol d’une mineure ivoirienne
par 5 policiers
Tina Melon, une jeune ivoirienne mineure de 16 ans , le jeudi 01/08/2013 à 16h a été arrêtée dans la Medina de Tanger par 5 policiers, agressée, et volée de son portable, son argent, ses papiers. Après elle a été amenée à un endroit dehors de la ville où elle fût sauvagement violée par les 5 policiers jusqu’à 23h de la nuit.
Ce crime sauvage à l’encontre d’une mineure migrante subsaharienne constitue un témoignage et preuve flagrante contre les allégations diffusées par le ministère de l’Intérieur, selon lesquelles les reconduites de migrants subsahariens opérées la semaine passée, se seraient produites dans le respect de la dignité humaine et de la loi.
Face à ce nouveau scandale monstrueux, l’association CHABAKA enregistre et exprime ce qui suit :
· Nous demandons au Procureur de Roi de donner l’ordre pour l’ouverture d’une enquête sur ce crime sauvage et de prendre les mesures légales nécessaires, sachant que les matricules des voitures utilisées lors de cette arrestation, agression, vole, et viol d’une mineure migrante sont 141359 et 156057.
· Nous exigeons l’arrêt définitif des rafles, arrestations, tabassages, vols, refoulements collectifs, et le respect des droits des migrants au Maroc.
· Nous appelons à toutes les associations de migrants et de soutien aux migrants subsahariens, à une mobilisation massive en défense de la dignité de la jeune mineure cote ivoirienne en exigeant l’arrestation des coupables afin de mettre un terme à l’impunité des responsables quant aux crimes d’abus sexuels sur des mineures et femmes migrantes.
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Que penser après cela des pompeuses déclarations de la presse aux ordres qui loue "l'engagement fort du Souverain à poursuivre Ses efforts inlassables pour garantir la protection de toutes les franges sociales, notamment les enfants et les catégories vulnérables, les prémunir contre toutes les formes d'exploitation vile, et aller de l'avant sur la voie de la consolidation des choix et des grands chantiers conduits par SM le Roi, concernant particulièrement la promotion de la situation de la femme, de l'enfance et de la jeunesse" (par 2Minutes) NDLR
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Par Ghita Ismaili, 8/8/2013
Racisme au Maroc : Un homosexuel subsaharien témoigne
Il ne fait pas bon être noir de peau et homosexuel au
Maroc. Le récit d’Hervé Obiang, un Camerounais résidant actuellement à
Tanger, en témoigne. Ayant quitté son pays dans l’espoir de trouver une
vie meilleure en Europe, le jeune homme avoue que ses jours ne sont pas
« plus simples » au Maroc où les Subsahariens, candidats à
l'immigration, sont souvent cibles d’insultes racistes et de violences
policières. Détails.
« J’ai quitté le Cameroun il y a un peu plus d’un an, car ma vie là-bas n’était plus supportable », confie d’emblée Hervé Obiang, un ressortissant camerounais qui vit actuellement à Tanger, en attendant de pouvoir rejoindre l’Europe. A travers son témoignage, publié ce jeudi 8 août par le site web de France 24, ce jeune homme revient sur son « calvaire » quotidien au Maroc, entre discriminations et violences de la part des policer marocains. Son homosexualité ne lui facilite pas non plus les choses.
« Je me prostitue pour vivre »
« J’ai quitté le Cameroun il y a un peu plus d’un an, car ma vie là-bas n’était plus supportable. L’homosexualité est très sévèrement réprimée et je risquais ma vie ou d’être mis en prison pour plusieurs années si je me faisais remarquer. J’ai donc migré vers le Maroc dans l’espoir d’accéder à l’Europe depuis Tanger », raconte-t-il. Au Cameroun, comme au Maroc et dans de nombreux pays africains, l’homosexualité est, en effet, considérée comme un délit, punissable de prison.
« Depuis que je suis ici, ma vie n’est pas plus simple : comme tous les Subsahariens, je suis victime de racisme en permanence. Par exemple, c’est quasiment impossible de trouver du boulot : j’ai une formation de pâtissier, mais personne n’a voulu m’embaucher parce que je suis Noir. Presque tous les migrants sont au chômage », poursuit-il. Pour subvenir alors à ses besoins, le jeune homme est obligé de se prostituer de temps à autre. « Pour vivre, ils (Ndlr : les migrants subsahariens) comptent sur l’aide de leur famille, ou alors mendient. Pour ma part, je me prostitue de temps en temps, ça me permet d’avoir un peu de sous mais j’ai du mal à joindre les deux bouts », confie-t-il.
Dépouillés
Hervé Obiang assure également que la police marocaine peut parfois être très violente. Il raconte qu’il y a une semaine, une intervention policière dans le quartier Boukhalef a mal tourné. Selon lui, les migrants subsahariens qui y résidaient se sont faits tabasser « comme des chiens » par les agents polices. Certains se seraient même faits dépouiller de leur argent.
« La police ne cesse pas de nous harceler. La semaine passée, ils sont venus à 5h30 du matin dans notre quartier de Boukhalef où résident beaucoup de Subsahariens, ont tambouriné aux portes et les ont défoncées lorsque les gens ne voulaient pas ouvrir. Ils nous ont dépouillés du peu d’argent que nous avions, de nos portables, puis nous ont mis violement dans des bus, femmes et enfants compris. Ceux qui résistent se font tabasser comme des chiens. Les bus ont roulé plusieurs dizaines de kilomètres et nous ont lâchés entre Rabat et Oujda. Nous avons alors dû rentrer chez nous soit en stop soit à pied. C’est la cinquième fois que cette opération se produit depuis que je suis ici. Certains ont fini par se décourager et rentrer dans leur pays d’origine, mais la plupart restent, car ce n’est pas bien vu de revenir sans avoir réussi à partir en Europe », explique-t-il.
Et de poursuivre : « À force de nous faire déloger, nous avons construit nos propres abris à quelques centaines de mètres de Boukhalef, où nous vivons désormais. Ce sont des petits bungalows comme ceux-ci. C’est petit, nous sommes à cinq ou six par habitation, ça permet d’avoir moins froid en hiver. Nous les construisons avec ce qu’on trouve : pierres, cartons, et bâches ».
« Sales noirs »
Depuis qu’il est au Maroc, Hervé Obiang a, d’ores et déjà, tenté de rejoindre l’Espagne à quatre reprises, en vain. « Lors de mes quatre tentatives pour rejoindre l’Espagne en bateau, qui m'ont coûté entre 150 et 300 euros selon les passeurs, je me suis aussi fait tabasser par la police : à chaque fois, leur bateau rattrape le nôtre, tourne autour pour provoquer de grosses vagues qui renversent notre zodiac. Puis ils nous embarquent sur leur bateau et nous ramènent à Tanger. Au commissariat, ils nous frappent à coups de matraque, nous disent qu’on a rien à faire là, qu’on doit rentrer chez nous et nous traitent de "sales noirs" », déplore-t-il.
Le jeune homme assure que « ces insultes sont aussi courantes au quotidien de la part des Marocains ». « Très souvent dans la rue, des gens nous traitent de "sales noirs", nous crachent dessus, nous disent qu’on salit leur ville... Plusieurs de mes amis se sont déjà fait bastonner juste à cause de leur couleur de peau. C’est terrible d’être traité comme des chiens sur notre propre continent ».
Attrapé par les cheveux
Mis à part la couleur de peau, Hervé raconte avoir été agressé, une fois au marché, à cause de son homosexualité. « Pour ma part, le fait que je sois homosexuel ne fait que compliquer ma situation. Nous sommes une trentaine à Tanger, venus du Cameroun, de Guinée, du Congo… Nous sommes régulièrement la cible d’insultes, on s’entend dire qu’on ne devrait pas exister, qu’on va nous couper la tête… Un jour, je revenais du marché, et un groupe d’une quinzaine de Marocains m’a lancé "zédé" (homosexuel, en arabe marocain). J’ai eu le malheur de les regarder, et l’un d’eux m’a alors foncé dessus, m’a attrapé par les cheveux et m’a frappé, aidé par les autres. Plusieurs semaines après, je porte encore les traces de cette agression, cicatrices et hématomes », se souvient-il.
Hervé Obiang espère à présent trouver de l’aide auprès du haut commissariat aux réfugiés des Nations unis. « Je viens de déposer mon dossier au Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU. J’espère qu’il sera accepté, et que cela facilitera mes démarches pour aller en Europe, où j’espère, je pourrais mener une vie plus apaisée ».
Selon un récent rapport de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), publié mercredi 31 juillet, 6406 migrants clandestins, dont la majorité d’origine subsaharienne, ont été expulsés du territoire marocain, entre début 2013 et le 1er juillet dernier. « Les mauvais traitements et les brutalités contre les migrants n'ont pas cessé depuis le début de l'année en cours », a alors déclaré Hassan Aammari, responsable de la commission de l'immigration de l'AMDH. Des violences et brutalités » de la part de la police marocaine sont également signalés dans le rapport.
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Par Aziz Enhaili, fb
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