Réunis à l’occasion d’une conférence tenue à
Paris le 11 juin, des militants de l’association Survie, de Sortir du
Colonialisme et un activiste tchadien ont dénoncé l’organisation par la
France le 14 juillet d’un défilé sur les Champs-Élysées mettant à
l’honneur des troupes françaises et tchadiennes mobilisées dans la
guerre au Mali.
« Ce défilé donne un parfum de victoire à
une opération militaire qui est loin de pouvoir être présentée ainsi
étant donné les nombreuses zones d’ombre qui l’entourent et les
incertitudes qui demeurent sur son issue » a déclaré Fabrice Tarrit,
Président de l’association Survie, rappelant que la France était
probablement le pays le moins légitime pour intervenir au Mali, du fait
de son passif historique dans la sous-région et de la succession
d’interventions militaires qu’elle y a mené depuis 50 ans, contribuant à
sa déstabilisation ».
Une publication de l’association, intitulée « La France en guerre au Mali : enjeux et zones d’ombre » [1] apporte de nombreux éclairages sur ces aspects qui ont été jusque-là peu développés dans les médias.
Pour le Président de Survie, « sous couvert de mobilisation en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme, cette intervention sert clairement les intérêts politiques, économiques et militaires de la France au Mali. Un parallèle peut être dressé avec le défilé organisé par Nicolas Sarkozy en 2010, année de commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines, en présence de 10 chefs d’État africains. François Hollande perpétue cette politique, en prenant l’initiative sur des dossiers qui concernent avant tout les africains, en s’entourant d’un aréopage de chefs d’État et dictateurs alliés et en vantant l’ingérence militaire française sur le continent. »
« Cette intervention marque un échec », a renchéri David Mauger, lui aussi membre de Survie, « l’échec du multilatéralisme, tant il est flagrant que la France, concernant le Mali, a tenu le stylo pour toutes les initiatives, toutes les résolutions de l’ONU, qu’elle a dû constater l’incapacité opérationnelle des forces africaines de la Cedeao qu’elle est supposée renforcer depuis des décennies, et que par ailleurs elle n’a trouvé aucun partenaire pour intervenir au niveau de l’OTAN, peinant même à obtenir des soutiens européens à la mission de formation EUTM ». « Nous assistons à un retour du bilatéral entre la France et l’Afrique », a-t-il ajouté.
Ce retour du bilatéralisme est visible concernant la mobilisation des troupes tchadiennes au Mali, qui a fait l’objet de tractations diplomatiques entre la France et le Tchad, pays dirigé par le dictateur Idriss Déby et dont les forces armées sont réputées pour leurs violations des droits de l’homme et le recrutement d’enfants soldats. « La société civile tchadienne, est la victime principale de cette intervention militaire française appuyée par le Tchad » a relevé Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, soulignant la vague de répression qui a suivi ce début de retour en grâce de Déby sur le plan diplomatique, donnant lieu à de très faibles réprobations, de la France en particulier. « Je suis choqué et déçu que les troupes tchadiennes soient mobilisées pour défendre la liberté et la démocratie dans un pays étranger alors qu’elles les refusent à leur propre peuple », Le militant tchadien en a profité pour lancer un appel de soutien à Makaila Nguebla, blogueur poursuivi par le régime tchadien jusqu’au Sénégal, dont il a été récemment expulsé, actuellement en attente d’un visa pour la France.
Le porte-parole de Sortir du Colonialisme, Patrick Farbiaz a appuyé cette demande et exprimé sa préoccupation à propos du refus de visa subi récemment par l’écrivaine malienne Aminata Traoré, jusque-là considérée en France comme une interlocutrice de poids, mais victime de son discours discordant sur l’intervention militaire française.
Le mouvement Sortir du Colonialisme, qui a émis en février un appel intitulé « Mali : la politique de la canonnière n’est pas une solution » voit dans ce défilé du 14 juillet une relégitimation de l’ordre colonial, à travers la mise en scène d’une armée française intervenant en Afrique, de troupes africaines lavées de tout soupçon d’exactions, et plus globalement d’une Françafrique qui a adopté un nouveau look tout en restant dans le giron de l’Élysée, de l’Etat-major et des entreprises françaises. Le nouveau Livre Blanc de la Défense, redonne une légitimité d’intervention militaire française en Afrique, cautionnant cette « stratégie du gendarme ».
Ce défilé intervient en effet à mi-chemin entre deux dates importantes. Le lancement le 1er juillet de la MINUSMA, la mission onusienne censée prendre le relais de Serval pour « pacifier » le pays, au sein de laquelle la France conserve un rôle de commandement, disposant par ailleurs de sa propres force « parallèle » d’intervention. D’autre part la date prévue du premier tour de la Présidentielle malienne, le 28 juillet, date imposée par la France, qui avait menacé d’être « intraitable » selon les propres mots de François Hollande, alors que les conditions d’organisation de l’élection sont bien loin d’être réunies. A la veille de ce scrutin, alors que la France est très investie dans la course aux marchés pour la reconstruction du Mali, qu’elle engrange peu à peu, il y a fort à redouter que le régime qui sera issu de ce processus peine à conquérir une vraie légitimité, continuant ainsi à laisser la part belle à ceux qui, comme la France, ont décidé de maintenir le pays sous tutelle.
Les représentants de l’association Survie, en conclusion de la conférence de presse ont tenu à dénoncer le rôle autoproclamé de gendarme de l’Afrique que la France s’est octroyé au Mali et condamné l’ingérence politique, diplomatique et militaire dont elle a fait preuve depuis le déclenchement de la crise malienne, appelant à un départ des troupes françaises du pays et plus globalement du continent africain.
Un appel à la vigilance et à la mobilisation citoyenne a également été lancé en prévision de l’organisation à Paris les 5 et 6 décembre d’une conférence internationale consacrée à la sécurité en Afrique, initiative pilotée par la France et qui s’apparente à une nouvelle version des Sommets France-Afrique dont les prédécesseurs de François Hollande ont tous usé pour rassembler la « famille françafricaine ».
Conférence Survie : La France en guerre au Mali... par survie-media
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Une publication de l’association, intitulée « La France en guerre au Mali : enjeux et zones d’ombre » [1] apporte de nombreux éclairages sur ces aspects qui ont été jusque-là peu développés dans les médias.
Pour le Président de Survie, « sous couvert de mobilisation en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme, cette intervention sert clairement les intérêts politiques, économiques et militaires de la France au Mali. Un parallèle peut être dressé avec le défilé organisé par Nicolas Sarkozy en 2010, année de commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines, en présence de 10 chefs d’État africains. François Hollande perpétue cette politique, en prenant l’initiative sur des dossiers qui concernent avant tout les africains, en s’entourant d’un aréopage de chefs d’État et dictateurs alliés et en vantant l’ingérence militaire française sur le continent. »
« Cette intervention marque un échec », a renchéri David Mauger, lui aussi membre de Survie, « l’échec du multilatéralisme, tant il est flagrant que la France, concernant le Mali, a tenu le stylo pour toutes les initiatives, toutes les résolutions de l’ONU, qu’elle a dû constater l’incapacité opérationnelle des forces africaines de la Cedeao qu’elle est supposée renforcer depuis des décennies, et que par ailleurs elle n’a trouvé aucun partenaire pour intervenir au niveau de l’OTAN, peinant même à obtenir des soutiens européens à la mission de formation EUTM ». « Nous assistons à un retour du bilatéral entre la France et l’Afrique », a-t-il ajouté.
Ce retour du bilatéralisme est visible concernant la mobilisation des troupes tchadiennes au Mali, qui a fait l’objet de tractations diplomatiques entre la France et le Tchad, pays dirigé par le dictateur Idriss Déby et dont les forces armées sont réputées pour leurs violations des droits de l’homme et le recrutement d’enfants soldats. « La société civile tchadienne, est la victime principale de cette intervention militaire française appuyée par le Tchad » a relevé Abdelkerim Yacoub Koundougoumi, soulignant la vague de répression qui a suivi ce début de retour en grâce de Déby sur le plan diplomatique, donnant lieu à de très faibles réprobations, de la France en particulier. « Je suis choqué et déçu que les troupes tchadiennes soient mobilisées pour défendre la liberté et la démocratie dans un pays étranger alors qu’elles les refusent à leur propre peuple », Le militant tchadien en a profité pour lancer un appel de soutien à Makaila Nguebla, blogueur poursuivi par le régime tchadien jusqu’au Sénégal, dont il a été récemment expulsé, actuellement en attente d’un visa pour la France.
Le porte-parole de Sortir du Colonialisme, Patrick Farbiaz a appuyé cette demande et exprimé sa préoccupation à propos du refus de visa subi récemment par l’écrivaine malienne Aminata Traoré, jusque-là considérée en France comme une interlocutrice de poids, mais victime de son discours discordant sur l’intervention militaire française.
Le mouvement Sortir du Colonialisme, qui a émis en février un appel intitulé « Mali : la politique de la canonnière n’est pas une solution » voit dans ce défilé du 14 juillet une relégitimation de l’ordre colonial, à travers la mise en scène d’une armée française intervenant en Afrique, de troupes africaines lavées de tout soupçon d’exactions, et plus globalement d’une Françafrique qui a adopté un nouveau look tout en restant dans le giron de l’Élysée, de l’Etat-major et des entreprises françaises. Le nouveau Livre Blanc de la Défense, redonne une légitimité d’intervention militaire française en Afrique, cautionnant cette « stratégie du gendarme ».
Ce défilé intervient en effet à mi-chemin entre deux dates importantes. Le lancement le 1er juillet de la MINUSMA, la mission onusienne censée prendre le relais de Serval pour « pacifier » le pays, au sein de laquelle la France conserve un rôle de commandement, disposant par ailleurs de sa propres force « parallèle » d’intervention. D’autre part la date prévue du premier tour de la Présidentielle malienne, le 28 juillet, date imposée par la France, qui avait menacé d’être « intraitable » selon les propres mots de François Hollande, alors que les conditions d’organisation de l’élection sont bien loin d’être réunies. A la veille de ce scrutin, alors que la France est très investie dans la course aux marchés pour la reconstruction du Mali, qu’elle engrange peu à peu, il y a fort à redouter que le régime qui sera issu de ce processus peine à conquérir une vraie légitimité, continuant ainsi à laisser la part belle à ceux qui, comme la France, ont décidé de maintenir le pays sous tutelle.
Les représentants de l’association Survie, en conclusion de la conférence de presse ont tenu à dénoncer le rôle autoproclamé de gendarme de l’Afrique que la France s’est octroyé au Mali et condamné l’ingérence politique, diplomatique et militaire dont elle a fait preuve depuis le déclenchement de la crise malienne, appelant à un départ des troupes françaises du pays et plus globalement du continent africain.
Un appel à la vigilance et à la mobilisation citoyenne a également été lancé en prévision de l’organisation à Paris les 5 et 6 décembre d’une conférence internationale consacrée à la sécurité en Afrique, initiative pilotée par la France et qui s’apparente à une nouvelle version des Sommets France-Afrique dont les prédécesseurs de François Hollande ont tous usé pour rassembler la « famille françafricaine ».
Conférence Survie : La France en guerre au Mali... par survie-media
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Mali - Les enfants, premières victimes des explosifs de guerre
© Handicap International |
Au
Nord du Mali, les combats et les groupes armés ont laissé derrière eux
des armes et des restes explosifs de guerre. Pour limiter les accidents,
dont les enfants sont les premières victimes, Handicap International
sensibilise les populations aux risques liés à ces armes et mobilise des
démineurs pour nettoyer les champs de bataille.
Plus d'un an après avoir fui le Nord du Mali, les personnes déplacées ne peuvent toujours pas rentrer chez elles. Nombre d'entre elles vivent dans des conditions très difficiles, notamment à Mopti, où Handicap International concentre une part importante de ses opérations d'urgence, notamment la prévention des risques liés aux restes explosifs de guerre.
La sensibilisation au danger vise particulièrement les enfants qui sont spontanément attirés par les engins explosifs. Aujourd'hui, elle cible plus spécifiquement les personnes déplacées qui seront amenées à retourner sur des zones où des combats ont eu lieu et les personnes dont la profession implique un risque élevé, comme les agriculteurs.
Il est impératif de sécuriser au plus vite les zones contaminées. C'est pourquoi, l'association déploie des opérations de dépollution, en particulier des axes de circulation et des lieux de vie autour des localités de Diabali et de Tombouctou.
Plus d'un an après avoir fui le Nord du Mali, les personnes déplacées ne peuvent toujours pas rentrer chez elles. Nombre d'entre elles vivent dans des conditions très difficiles, notamment à Mopti, où Handicap International concentre une part importante de ses opérations d'urgence, notamment la prévention des risques liés aux restes explosifs de guerre.
La sensibilisation au danger vise particulièrement les enfants qui sont spontanément attirés par les engins explosifs. Aujourd'hui, elle cible plus spécifiquement les personnes déplacées qui seront amenées à retourner sur des zones où des combats ont eu lieu et les personnes dont la profession implique un risque élevé, comme les agriculteurs.
Il est impératif de sécuriser au plus vite les zones contaminées. C'est pourquoi, l'association déploie des opérations de dépollution, en particulier des axes de circulation et des lieux de vie autour des localités de Diabali et de Tombouctou.
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