Rappel : Sur
le site historique de la bataille
d’Anoual où le 21 juillet 1921, les combattants rifains menés par Abdelkrim Khattabi, avaient infligé
une lourde défaite à l’armée espagnole menée par le Général Silvestre, une
défaite historique de l’une des armées
les plus puissantes de la période coloniale contre le peuple rifain aux mains
nues. La bataille d’Anoual, devient alors le symbole de la résistance
anticoloniale. Elle a révélé au monde la victoire des combattants rifains menée
par Abdelkrim Khattabi, héros de la lutte anticoloniale.
Dimanche 21 juillet 2013 : Le matin tôt, un important
dispositif sécuritaire à été déployé autour du site historique de la bataille
d’Anoual, dans la commune de Driouch.
Une commémoration officielle a été prévue à l’occasion l’anniversaire de la bataille d’Anoual. Des
tentes officielles, discours et médailles pour décorer des anciens combattants,
portrait géant de M6, mais rien sur le héros du Rif, Mohamed Ben Abdelkrim Khattabi.
Les manifestants sont venus de Nador, Tamassint, Imzouren,
Bni Bouayach, Al Hoceima. Ils brandissent une banderole « S’ils pouvaient
parler, ils vous diraient : dégagez ! ». Ils brandissent le
drapeau de la République du Rif et protestent contre la falsification de
l’histoire, contre la réécriture de l’histoire du Rif par le makhzen, ils
protestent contre le pillage de leurs richesses, contre le chômage, l’exclusion
et la répression.
Ils ont crié : « Anoual, terre libre, Mekhzen
dehors ! » « Tu n’as pas encore compris, makhzen dégage !»
Une importante manifestation devant des officiels, des
galonnés, des autorités du makhzen, étonnés et impuissants, avant de donner l’assaut.
Plusieurs corps de répression se lancent sur les manifestants, tentent
d’arracher drapeaux et banderoles, les pourchassent dans la montagne à coup de
jets de pierres, faisant un blessé grave touché à la tête. Jamais inauguration officielle n’aura été aussi bousculée et
contestée.
Les diplômés chômeurs, nombreux dans la région, des jeunes,
exclus de l’emploi sans aucun débouché, luttent pour exiger du travail et ne
voient comme réponse que répression, bastonnade, arrestations, condamnations.
Cependant que la région du Rif est devenue source d’accaparement de terre, de
spoliation de ses richesses, au profit d’une mafia pour réaliser de grandioses
projets touristiques, immobiliers qui ne profitent pas aux habitants de la
région. Les habitants du Rif assistent impuissants aux inaugurations
officielles de projets tapageurs : développement d’une « agriculture
verte », agrobusiness mercantile et ravageur, au détriment des cultures
ancestrales et de la souveraineté alimentaire de la région.
Longtemps enclavée et isolée sous le régime de Hassan 2 qui
avait mené une politique de terre brulée pour se venger de cette région fière de
son histoire héroïque de la République du Rif, des enfants d’Abdelkrim. Malgré
les terribles années de marginalité, de pauvreté, de répression, d’exil, la
mémoire se réveille comme un long fleuve tranquille.
Avec le début du règne de Mohamed 6, puis après le
tremblement de terre d’Al Hoceima en 2004, qui avait fait des milliers de
victimes, ce dernier s’est intéressé à la région du Rif. Il avait dépêché sur
place délégations, personnalités de la « société civile », hommes
d’affaires, pour une éventuelle réconciliation avec le Rif.
En guise de réconciliation, depuis quelques années, des
études et colloques sont organisés pour se pencher sur l’histoire du Rif, une
route financée par l’UE a permis de désenclaver la région restée longtemps
inaccessible. Des chercheurs, historiens, ethnologues sont invités, avec
l’association du Conseiller du roi, Azoulay, comme fer de lance de cette grande
initiative qui voudrait développer un pôle de business touristique à l’image d’
Essaouira.
Parallèlement, le pouvoir lance des initiatives pour
remettre à l’ordre du jour le
rapatriement de la dépouille d’Abdelkrim Khattabi du Caire. Un débat esquivé
qui divise militants et les proches cependant que la vérité tarde à révéler les
crimes, enlèvements, disparitions, les fosses communes des sombres années de
plomb dans le Rif. Et comme le dénoncent les militants, aucune Vérité, aucune
Réconciliation, ne se fait à coups de
bâton et de slogans creux.
La région du Rif a
connu des luttes ininterrompues et qui se sont intensifiées avec le M20f. Les
luttes et soulèvements de Bni Bouayach, Tamassint, Sidi Bouafif, jusqu’àTaza,
pour la dignité, la justice sociale, se poursuivent dans cette région malgré la
répression féroce qui ne s’est pas atténuée. Les nombreuses grèves et
manifestations touchent tous les secteurs de la population pour réclamer
des services publics, des routes, l’eau, électricité, des équipements de Santé,
des écoles, publics et de qualité. Le
mouvement des diplômés chômeurs est très important. Les jeunes diplômés
manifestent sans relâche pour le droit au travail. Mais en guise de travail, la
seule réponse reste la répression, les procès fabriqués de toute pièce, les
manifestations interdites, l’avenir sombre et bouché, la corruption , le passe
droit, le clientélisme érigés en système de gouvernance. Les petits enfants
d’Abdelkrim ne sont pas prêts à baisser les bras, ils continuent à réclamer
dignité, liberté, justice sociale et brandissent avec fierté leur histoire.
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