J'aurais préféré n'avoir jamais lu ce papier d' « Al Ittihad Al Ichtiraki », à propos de certains militants du 20 février. Une chronique pour rien. Un papier au-dessous de la ceinture et qui n'honore ni son auteur, ni le quotidien qui a, de surcroît, cru bon de le publier, dans ses colonnes géostratégiques.
A ceux qui tentent de nous faire oublier l'histoire, faut-il rappeler que le journal en question, est né des cendres d'«Al Mouharrir » ? Ce confrère porté disparu. Passé à la trappe, pour avoir eu la témérité de couvrir les événements tragiques qui secouèrent la ville de Casablanca en 1981. Pas moins de mille cinq cents de nos compatriotes, payèrent de leur vie, l'outrecuidance d'être descendu dans la rue crier à la face du dictateur, tout le bien qu'ils pensaient de la cherté de la vie.
Ironie du sort, le journal censé prêter ses colonnes aux sans-voix, se mue, aujourd'hui, par la grâce de l'exception marocaine, en porte-voix de l'anathème.
J'aurais préféré n'avoir jamais lu cet article disais-je ! Non pas pas parce que j'y suis « ad hominem » pris à parti, mais parce que l'USFP, était, à l'origine, une certaine idée de la liberté et de la démocratie, tout autant qu'un phénomène sociétal. Il était tout simplement l'émanation du peuple, loin de ce qu' « ils » en ont fait : une vulgaire arrière-boutique, où se négocient portefeuilles ministériels, postes d'ambassadeurs ou siège de gouverneurs, contre l'honneur et la dignité des marocains. Tu me donnes, je me tais !
Il fut un temps où l'USFP se posait en réelle alternative au Makhzen de Hassan II. Des dizaines de milliers de marocains ont donné leur vie, ou leur liberté pour cette seule idée. D'autres ont purement et simplement disparu dans la nuit et le brouillard de la dictature. 
Enfin, des populations entières ont subi les affres de la déportation, de la répression ou de l'ostracisme, parce que leurs fils s'étaient pris à rêver de cette idée qu'on leur avait vendue, d'un Maroc où la liberté et l'égalité des chances, ne seraient pas de vains mots. Elles n'ont pas encore fini d'en payer le prix.
J'ai peine à croire que le même quotidien qui a enfanté un penseur de la qualité de Mohamed Abed Jabri, se soit fourvoyé à s'en prendre à la vie privée de simples activistes. Une infamie sans nom, pour un journal dont l'un des chroniqueurs, Younes Moujahid, est membre du Bureau politique de l'USFP et le président du Syndicat national de la presse marocaine. Une preuve, s'il en était, que la pensée politique marocaine et ses organes de presse pataugent dans une fange innommable.
Adieu Jabri, la sagesse de tes chroniques et l'acuité de ta vision. Et bonjour les rapports, tout juste dignes d'un verbiage de Mokaddem, rendant compte à sa hiérarchie, des activités de quelques syndicalistes ou de quelques militants dans un patelin perdu, au fin fond du Maroc inutile.
Moujahid qui ne rate, pourtant, jamais une occasion de s'ériger en donneur de leçons, a misérablement échoué à s'appliquer ou faire appliquer dans sa propre maison, les principes qui font l'honneur du journaliste. Sans doute, est-il plus aisé de diffamer, d'insulter et de s'en prendre à la vie intime du petit peuple, plutôt que dénoncer les crimes de ceux qui gouvernent ce pays et le mènent inexorablement à sa perte.
Alors une question s'impose : que compte faire notre Cher Président de Syndicat, face à la sortie indigne de son journal ? Se désolidariser avec le papier, battre sa coulpe, se confondre en excuses, au risque de compromettre ses chances d'accéder, un jour, au maroquin qu'on lui aurait promis ? Ou bien ravaler sa salive et la couleuvre qui va avec et se taire une fois de plus, comme à chaque fois que des procès sont intentés aux confrères qui ont l'heur de déplaire au Makhzen ?
Quel triste parcours que celui accompli par l'USFP, qui tirait sa légitimité d'une adhésion massive du petit peuple et des travailleurs, à ses idées de progrès. Le temps d'un retournement de veste, le voilà passé de l'autre côté du miroir à défendre les intérêts privés et se gausser des malheurs de quelques jeunes activistes, en proie aux difficultés matérielles.
La leçon de ce misérable papier s'adresse essentiellement à ces élites qui se livrent à une pitoyable surenchère, histoire de plaire au Makhzen, pour en tirer quelques substantiels avantages, prébendes ou soins médicaux dans un hôpital en Europe.
Pour solde de tout compte, si la chronique se caractérise par une absence totale de scrupules, c'est surtout de la lâcheté du chroniqueur, dont il faudra se souvenir. Il a soigneusement évité de signer son forfait.
Alors, si d'aventure, il se confirmait que certains militants du « Vingt Février » éprouvaient quelques difficultés à joindre les deux bouts, c'est précisément parce qu'ils ont eu le courage, de signer, au péril de leur carrière et de leur propre existence, quelques unes des plus belles pages de la lutte contre la dictature marocaine, pendant que le chroniqueur en question, se terrait, à coup sûr, misérablement, chez lui.
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