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mardi 23 juillet 2013

Trappes, les musulmans et le racisme d’Etat

 Par Noël Mamère, Député de Gironde, 22/07/2013


Trappes, la ville de Jamel Debbouze et d’Omar Sy, ne rigole plus avec ses humoristes. Des centaines d’habitants ont attaqué le commissariat, à coups de pierres, symbole pour ces jeunes Français issus de la colonisation de l’atteinte à leur dignité.

Des policiers à Trappes le 20 juillet 2013 (DESSONS/JDD/SIPA)


Le motif de cette poussée de violence ? L’exigence de libérer un homme qui avait osé protester contre l’interpellation de sa femme par des policiers ; elle portait le voile intégral, les policiers voulaient contrôler son identité.
Ces faits posent d’emblée trois questions :
  • Où est passée la police de proximité promise par la gauche qui devait remplacer les BAC et autres compagnies de CRS dans les quartiers dits sensibles ?
  • Pourquoi interpeller en plein ramadan une jeune femme voilée, sachant que durant cette période, un tel geste peut être interprété comme une provocation à l’égard des populations musulmanes ?
  • Enfin, la loi sur le voile intégral est-elle pertinente ?

Des lois productrices de discriminations

J’ai fait partie des rares députés qui ont toujours considéré les différentes lois sur le voile comme productrices de discriminations et de violences potentielles. Nous y sommes.
Si l’on ajoute à cela le refus de Manuel Valls d’appliquer la promesse de François Hollande d’en finir avec le contrôle au faciès, une telle conjonction ne pouvait que produire le type d’émeute à laquelle nous venons d’assister.
Les déclarations martiales du ministre de l’Intérieur, les vociférations de Christian Estrosi, Hortefeux et Le Pen n’y changeront rien.
La révolte de Trappes nous oblige aussi à réfléchir sur la vague d’islamophobie qui s’est emparée de notre pays. Le ministre de l’Intérieur, cette dernière semaine, dénonçait la multiplication des faits anti-musulmans dans plusieurs villes de la périphérie parisienne, à Chanteloup-les-Vignes et à Argenteuil.
A Marseille, la question du voile revient au centre de l’actualité et avec elle, celle de la place des musulmans dans la société.

Le boomerang du racisme d’Etat

Au nom de l’universalisme, on a trop longtemps eu tendance à nier le rôle de la religion dans la société française. L’Etat a fait de l’Islam – deuxième religion de France – un culte discriminé sans que le législateur tente de résoudre les problèmes vécus au quotidien par les fidèles (comme les carrés musulmans au sein des cimetières, la régulation du marché de la viande hallal ou la construction des mosquées).
Sous prétexte de combattre les signes religieux ostentatoires, on a privilégié la seule lutte contre le voile et inventé de nouvelles discriminations pour des femmes qui se voient doublement mises à l’index : en tant qu’arabe et musulmane, ne pouvant plus travailler dans certains établissements, et stigmatisées dans tous leurs actes quotidiens.
De fait, un racisme d’Etat, utilisant l’amalgame entre musulmans, islamistes, terroristes et immigrés, s’est lentement insinué dans la société française, préparant le terrain à des conflits de civilisations à l’échelle des territoires.
Le moment est venu pour la France de prendre cette question à bras-le-corps. Si on ne lui donne pas de réponse autre que répressive, elle va nous revenir au visage comme un boomerang.

Trente ans après la marche pour l’égalité

Le problème que nous rencontrons se joue dans le cadre franco-français, dans un pays qui a érigé la laïcité en dogme. Mais – et c’est là toute la difficulté – il est marqué par un contexte international où l’islam politique a pris le pouvoir dans plusieurs sociétés musulmanes, à la faveur des printemps arabes.
Dans ces sociétés, comme la Tunisie ou l’Egypte, les classes moyennes refusent à juste titre ce qu’elles considèrent comme un dévoiement théocratique de leur révolution. Elles ont raison et nous les soutenons.
Mais cette solidarité ne doit pas nous faire oublier qu’en France, ce sont des populations discriminées qui se revendiquent de l’Islam. Il faut donc refuser tout amalgame entre les deux situations et tracer les chemins d’un dialogue pour parvenir à apaiser les tensions.
Malheureusement, en temps de crise morale, économique et sociale, il est tellement plus facile pour de nombreux responsables politiques d’utiliser les musulmans comme des boucs émissaires, que de trouver les mots d’apaisement et de prendre le temps de comprendre pourquoi on en est arrivés là.
Mais Trappes, trente ans après la marche pour l’égalité et contre le racisme, nous oblige aussi à reconsidérer la politique de la ville menée par les gouvernements de droite et de gauche. Depuis novembre 2005 et les révoltes urbaines généralisées, rien n’a été fait pour répondre aux préoccupations des habitants des quartiers populaires.

L’américanisation des banlieues françaises

L’Etat a démontré son incapacité à apporter des réponses à la lutte contre le chômage des jeunes, aux questions d’éducation et de formation, à l’enclavement des quartiers et à la relégation des habitants.
Cette inertie a favorisé la fuite d’une partie de ses habitants a créé, malgré le discours ambiant sur la mixité sociale, des ghettos où sont concentrées des populations en fonction de leur appartenance ethnique et religieuse.
Or, de nouveaux conflits urbains dessinent le portrait d’une France séparée. Cette américanisation des banlieues françaises est en contradiction absolue avec le rappel intangible des principes républicains, rabâchés par ceux qui croient encore vivre sous la Troisième République.
La vulgate anticommunautariste n’est qu’un prêt-à-penser inutile pour comprendre notre société multiculturelle. Il faudra un jour dépasser cette contradiction :
  • ou accepter une certaine logique communautaire, en s’appuyant sur les forces vives de « l’empowerment », c’est à dire la capacité des populations à faire surgir en leur sein de nouvelles élites urbaines, comme aux Etats-Unis ou en Afrique du Sud ;

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Trappes – Esther Benbassa (EELV) : « Personne n’osera jamais contrôler une Juive ultra-orthodoxe »

La sénatrice écologiste Esther Benbassa met en exergue le deux poids mesures qui règne  en France à l’encontre des musulmans.
Le véritable problème est enfin posé sur la table à savoir la loi inique contre les femmes en voile intégral.
Cette loi, qui touche très peu de femmes, provoque chez beaucoup de musulmans un sentiment de rejet et de “hagra” envers leurs soeurs.
Cette loi doit être abrogée ou modifiée au plus vite !
Esther Benbassa a déclaré lundi après les violences de Trappes (Yvelines) que “les émeutes ne sont que des signaux d’alarme, pour dire: ça suffit!”.
Esther-Benbassa

“Avouons-le. Nous sommes encore, pour les quartiers, sous le régime Sarkozy”, assure-t-elle estimant que l’incident de Trappes a un “double aspect” avec “d’un côté une certaine pratique du contrôle d’identité” et “de l’autre, l’interdiction du port du voile intégral”.
Pour l’élue écologiste, cette loi “n’a servi qu’à une chose, à stigmatiser un peu plus les musulmans”.
“Finalement ce sont toujours les mêmes qui sont contrôlés: les Arabos-musulmans” car “personne n’osera jamais contrôler une Juive ultra-orthodoxe en robe longue, perruque et/ou foulard”, poursuit-elle.
“Ou est donc la différence ? pourquoi, dans l’espace publique, un vêtement gênerait plus que l’autre”, insiste-t-elle.
En plein cœur de Trappes, nous tentons de vous délivrer un témoignage au plus près du terrain, Samba du Collectif des Habitants de Trappes et Elias d’Imzalène nous livrent une version qui contredit celle des médias dit “main stream” et des syndicats de police, cette vidéo explique avec détail comment s’est déroulée cette interpellation policière musclée …
Jusqu’à la mise en liberté du mari accusé d’avoir agressé un policier.
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