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lundi 22 juillet 2013

Benkirane a-t-il échoué ?





Abdelilah Benkirane
Abdelilah Benkirane



Ali Anouzla
Dix-neuf mois après sa nomination, on est en droit de faire bilan de l'action d'Abdelilah Benkirane, à la tête du gouvernement marocain et de s'interroger, à l'aune des derniers développements, si l'expérience n'aurait pas atteint ses limites et si par son acharnement, l'intéressé ne serait pas en train de signer son propre suicide politique et, à terme, la perte de son parti. Un scénario qui pourrait s'avérer coûteux pour le Maroc et les marocains.
  Benkirane, alias le "Punching-ball"
A l'heure où j'écris ces lignes, je reste parfaitement conscient que la vie du patron du PJD ressemble, en tous points, à celle du punching-ball sur lequel, à tour de rôle, chacun vient affûter ses poings. Pourfendre Benkirane est devenu un sport national, à telle enseigne que le Chef du gouvernement s'en est ouvert à la Chambre des Conseillers, reconnaissant qu'il est devenu la cible privilégiée de toutes les attaques.
N'ai-je pas hésité dans un précédent papier, à dénoncer les pourfendeurs de l'homme qui n'avaient pas le courage de s'en prendre au véritable détenteur du pouvoir dans ce pays ? Je me contenterai donc de poser cette simple question: Benkirane aurait-il échoué dans la conduite du gouvernement ?
La réponse pourrait sembler facile, à tout un chacun, au premier abord. Un partisan de Benkirane vous soutiendrait mordicus, que l'homme vole de victoire en victoire, même si celles-ci relèvent du symbole. Il citerait, en appui, ses joutes oratoires et ses envolées lyriques au parlement, qui font ressembler le Chef du gouvernement au maître de classe, réprimandant des élèves paresseux. A contrario, un opposant dresserait le constat impitoyable de son échec dans la gestion de la chose publique et ajouterait que cet échec est si flagrant qu'il n'a nul besoin d'être prouvé.
Rendons tout de même justice l'homme, en rappelant quelques un de ses succès.

Plusieurs décennies et quelques succès
Benkirane restera celui qui aura convaincu le pouvoir d'ouvrir aux islamistes la participation à la vie politique, après avoir convaincu ses troupes de la légitimité d'une action politique pacifique. Il a également bâti le plus grand parti islamiste et remporté les dernières élections, s'imposant du même coup comme un interlocuteur crédible du Pouvoir. Premier leader islamiste à mener son parti vers une victoire électorale et à arracher, les circonstances aidant, le poste de Chef de gouvernement du Maroc, il a su imposer un style qui lui a valu la sympathie de larges franges de la population marocaine et l'a aidé à faire passer la pilule amère des augmentations du prix des carburants et du gel d'une grande partie des investissements publics.

Echecs en rafale
Mais s'il a fallu à Benkirane plusieurs décennies pour ces accomplissements, quelques mois seulement lui auront suffi, pour cumuler tant d'échecs et générer tant de désillusions. Il a échoué à faire rentrer la Jamaa Adl Wa Al Ihssane dans la légalité politique. D'autres mouvements islamistes tels que « Al Badil Al Hadarie» et «Al Oumma» n'ont toujours pas le droit de se constituer en partis politiques, malgré la volonté de leurs dirigeants d'accepter les conditions du jeu politique tel qu'il est aujourd'hui. L'homme a échoué à rallier les élites du salafisme à son parti plutôt qu'à d'autres. Il a raté l'ouverture de son parti aux démocrates de gauche. Il n'a gagné ni la confiance du Pouvoir ni la bénédiction du Palais malgré toutes les concessions qu'il a consenties et qu'il se dit prêt à consentir. Il n'a jamais réussi à imposer ses arguments, lors des négociations avec le pouvoir, qu'il s'agisse du jeu politique, des élections ou de la formation du gouvernement. Du coup, il n'a pas réussi à former un gouvernement stable, ni à s'assurer une majorité cohérente et loyale, ni à mener ses projets de réformes et encore moins exercer ses prérogatives de chef du gouvernement.
Enfin, il n'a pas réussi à concrétiser ce qui fut son fameux slogan de campagne : «Ton vote est ta chance pour lutter contre la corruption et la tyrannie». En adoptant la soumission et la docilité comme stratégie, Benkirane a vite capitulé face à ces deux fléaux dont il est même devenu le plus précieux des alliés. On peut même affirmer que cette soumission à la machine de corruption est le trait saillant de ses 19 premiers mois à la tête du gouvernement.
Mais le plus grave échec à mettre au passif de Benkirane, aura été son pari de réformer le « système » de l'intérieur. Une vieille chimère sur laquelle s'étaient cassés les dents les socialistes et qui valut à l'USFP de sortir laminée au bout de dix ans au gouvernement.

La logique du changement de l'intérieur
L'entêtement de Benkirane à s'extirper de cette logique, ne peut que lui faire mordre la poussière, comme ce fut le cas d'Abderrahman Yousfi et son parti, réduits au statut d'un organe de presse enchaînant communiqués et déclarations d'opposition au gouvernement, dans l'espoir de gagner tout au plus quelques strapontins dans ce même gouvernement. Une pure escroquerie intellectuelle qui a déjà montré ses limites. Comment peut-on, en effet, décemment lutter contre la corruption en s'alliant aux corrompus ? Ou encore lutter contre la dictature en s'aplatissant face aux tyrans ?
Benkirane et les membres de son parti serinent à qui veut les entendre, qu'ils n'ont que deux options. La première serait une nouvelle majorité à composer avec le «Rassemblement National des Indépendants». La seconde serait le recours à des élections anticipées.
La première reviendrait à reconduire l'expérience des derniers mois, en pire et se révélerait du pain bénit pour le chef du RNI qui se remettrait en selle, alors que les membres du PJD n'ont cessé de l'agonir de leurs critiques au Parlement. Le PJD y perdrait le reliefs de crédibilité qui lui restent, la "valeur ajoutée" du RNI étant, par ailleurs nulle, le parti ayant depuis toujours, été associé aux gouvernements successifs qui ont orchestré le pillage systématique du pays et la répression du peuple.
La deuxième option n'est pas véritablement du ressort du PJD et ne ferait que reproduire la même carte politique balkanisée avec en prime, le risque de voir un autre parti remporter les élections et la perpétuation du vaudeville politique que vit le pays depuis le fameux « processus démocratique » jusqu'à cette prétendue « révolution des urnes », tout droit sortie de la farce nommée « nouvelle Constitution ».

Au croisement, était un autre chemin
Cependant, en plus de ces deux options dans lesquelles Benkirane et son parti voudraient s'enfermer, il y aurait une troisième solution qu'ils aimeraient éviter, c'est celle de la rue. La seule qui puisse rebattre convenablement les cartes et imposer de nouvelles règles au jeu politique, avec en perspective la révision de la constitution, de la loi électorale, du mode de scrutin et du découpage électoral. Au final, le seul espoir de bâtir un jour, des institutions crédibles qui représenteraient véritablement la population.
Une option qui ferait appel au courage et à l'audace. Benkirane présenterait ses excuses au peuple et procéderait à une sévère autocritique, pour recouvrer la confiance perdue. Persister à affirmer que le parti met la stabilité du pays au-dessus de toutes considérations politiques ou calculs partisans, revient à cacher derrière un mensonge grossier, sa propre lâcheté et sa complicité objective avec la tyrannie.
Le parti de Benkirane se trouve à un carrefour stratégique de son histoire: soit il retourne à ses objectifs initiaux d'éradication de la corruption et de lutte contre la tyrannie, soit il continue de les couvrir et les justifier. Dans ce cas c'est l'Histoire impitoyable qui se chargera de le juger!
C'est le même Benkirane noyant aujourd'hui le poisson, en évoquant les crocodiles et les démons, qui n'avait, pourtant pas hésité, un jour d'avril 2011, en plein meeting, à citer nommément des corrompus: « Majesté, ils puisent leur pouvoir de la proximité avec toi, ils ne font aucun bien et ne font que semer le Fassad et tout cela n'est plus acceptable ! ».
Ne pourrait-il retrouver le même courage de dire ouvertement au peuple:
-« Oui, les mêmes corrompus continuent de sévir et je ne me tairais plus d'avantage. Je suis résolu à les dénoncer et à rompre toutes relations avec eux, afin de cesser d'être perçu comme leur complice ! ».
L'avenir prochain le dira.
Traduction de l'arabe par Ahmed Benseddik
 http://fr.lakome.com/index.php/chroniques/1111-benkirane-a-t-il-echoue
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AFP, 
Le nouveau chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. / DR
Abdemlillah Benkirane

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Selon l'Agence France-Presse (AFP), le Mouvement du 20 février s'est dit prêt mardi à dialoguer avec le nouveau chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, tout en posant des conditions.
“Nos conditions sont la libération des prisonniers politiques, l'ouverture des dossiers liés à la corruption, la liberté de la presse et le renforcement des libertés individuelles. Si ces conditions sont réunies, le dialogue avec M. Benkirane sera ouvert et public.”
Najib Chaouki, un des responsables du M20.

“Nous avons perdu confiance dans le régime politique marocain, mais nous sommes prêts à dialoguer avec le nouveau chef du gouvernement sous conditions”, a poursuivi Chaouki, cité par l'AFP.
Lors d'une rencontre avec la presse au lendemain de la victoire de son parti (PJD) aux législatives du 25 novembre, Abdelilah Benkirane, depuis désigné chef du gouvernement par le Roi, s'est dit disposé à discuter immédiatement avec les jeunes du Mouvement.
“S'ils disent des choses sérieuses, il faut les écouter. Si un seul Marocain a des choses sérieuses à dire, il faut l'écouter. Eux (dans le Mouvement du 20 février), ils sont des milliers”.
aufait
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  Le temps passe vite et les réformes prennent de plus en plus de retard 

 
     C’est bientôt la fin de juillet et beaucoup de chantiers, qui auraient dû être déjà mis en route, sont reportés à des dates indéterminées.
Après beaucoup de critiques sur la lenteur de la production des textes législatifs, le gouvernement du PJD avait présenté un programme de lois à faire voter par le Parlement pour mettre la Constitution en application. Mais, nous ne voyons toujours rien de concret aujourd’hui et aucun indicateur n’annonce à quel moment tout cela sera mis en œuvre.
Or, nous l'avons maintes fois constaté, il ne faut pas s’attendre à ce que l’opposition, ou les oppositions, applaudissent à une quelconque décision venant du gouvernement, quelle que soit cette opposition et quel que soit ce gouvernement.
Or, la réforme de la caisse de compensation n’est toujours pas finalisée, et il semble difficile d’obtenir un consensus sur les mesures qui doivent être adoptées.
Idem pour l’élaboration de la loi de Finances 2014 qui part avec un lourd handicap. Ses grandes lignes auraient déjà dû être rédigées et distribuées aux différents départements ministériels. Le départ de l’Istiqlal et la nécessité de reconstituer une nouvelle majorité gouvernementale vont certainement reporter son élaboration aux calendes grecques.
Pourtant, des arbitrages difficiles doivent être faits d’urgence dans le budget de fonctionnement de l’État, car les perspectives 2014 ne sont vraiment pas bonnes, avec une prévision de croissance de seulement 2,5%, selon la dernière étude du HCP.
Les derniers chiffres de la balance commerciale, à fin juin, montrent aussi que nos difficultés sont toujours là. Car si la couverture de nos importations par nos exportations est passée de 47,5% à 48,6%, il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir. Le plus important n'est pas dans la variation de ces chiffres mais plutôt dans le niveau total du taux de couverture, qui reste trop bas, entre 45 à 50%.
Un état de faits qui détruit irrémédiablement nos réserves de change, jour après jour, et ce malgré les transferts des MRE, les recettes du tourisme, les investissements étrangers et les dons de nos frères.
Le temps passe très vite, et très vite, nous allons arriver au terme de cette première législature de l’ “ère démocratique” du Maroc, sans aucune réforme et sans mise en application des lois organiques prévues dans la Constitution.

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Par Siham Ali à Rabat et Hassan Benmehdi à Casablanca pour Magharebia – 21/07/13

Le Maroc a peut-être su éviter le pire de la crise financière mondiale, a affirmé le Premier ministre Abdelilah Benkirane cette semaine, mais ses perspectives à long terme dépendront de la politique.
Dans ces temps de vaste incertitude économique, le Maroc a su préserver ses fondamentaux, même si les résultats ne répondent pas aux aspirations, a expliqué Benkirane mercredi 17 juillet lors de la session parlementaire mensuelle consacrée à l'investissement, à l'industrie et au commerce.
[Hassan Benmehdi] Le Premier ministre Benkirane exprime sa confiance dans l'économie marocaine."Il faut être patient", a-t-il déclaré. "La réforme ne se fait certes pas au rythme escompté, mais elle se fera progressivement."
 Hassan Benmehdi
Pour continuer de protéger le royaume contre la crise qu'ont connu la Grèce et d'autres pays, le gouvernement a cependant besoin d'un "soutien politique", a ajouté Benkirane.
Or, ce soutien est loin d'être acquis.
Les parlementaires ont en effet critiqué vertement la stratégie gouvernementale en matière économique et d’investissement.
"L'économie marocaine est fragile", a déclaré Abdelhamid Saadaoui, président du groupe parlementaire du Mouvement populaire à la Chambre des conseillers.
En témoignent selon lui les indicateurs économiques qui sont au rouge, notamment le taux de croissance, le déficit commercial et la pression de l’endettement.
"Le gouvernement est appelé à réviser ses choix stratégiques. Il faut créer des commissions locales pour examiner les dossiers d’investissement", a-t-il précisé.
Les parlementaires ont appelé le gouvernement à écouter toutes les propositions, notamment la lutte contre les lourdeurs administratives, l’amélioration du climat des affaires, la lutte contre la corruption et la transition à une économie ouverte aux marchés étrangers.
"Le gouvernement donne des assurances. Mais la réalité et le vécu des citoyens témoignent du marasme de l’économie. 2013 a été une année blanche", a déclaré Driss Radi, président du groupe de l’Union constitutionnelle.
Le Maroc traverse actuellement une crise de confiance, a-t-il ajouté.
Et le récent retrait du parti de l'Istiqlal de la coalition au pouvoir vient encore compliquer la tâche pour Benkirane.
Les tractations visant le remplacement de l'Istiqlal par une nouvelle formation en mesure d'assurer au gouvernement sa majorité se font dans la plus grande discrétion, mais les résultats tardent toujours à venir.
Le Rassemblement national des indépendants (RNI), favori pour remplacer le parti de l'Istiqlal, n'a toujours pas donné son accord de principe. Mardi dernier, il a réfuté les rumeurs selon lesquelles il serait disposé à entrer dans le gouvernement Benkirane.
"Compte-tenu des sensibilités différentes des deux partis, les tractations vont durer quelque temps", a expliqué l'éditorialiste Hassan El Mekoui à Magharebia.
''Il est important de rappeler que le RNI n'a jamais caché son opposition catégorique au projet islamiste du PJD", a-t-il ajouté.
Benkirane "devra marcher sur une corde raide, tiraillé entre la nécessité de reconstituer une majorité et la pression des islamistes au sein de son parti, pour lesquels le RNI est une formation qui s'oppose farouchement au projet de société islamiste", a expliqué la militante féministe Leila Attali.
Mercredi, Benkirane a souligné que la présidence du gouvernement n'était pas son but ultime.
Le PJD est prêt à tous les scénarios envisageables, y compris la dissolution du gouvernement et la tenue d'élections anticipées, a-t-il souligné.
 http://magharebia.com/fr/articles/awi/features/2013/07
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Fil d’actualité sur facebook

  • Le communiqué du cabinet royal relatif aux démissions des ministres dit "...et ainsi permettre au chef de gouvernement d'entamer ses consultations en vue de constituer une nouvelle majorité".
    Faut il comprendre de ce communiqué que le roi veut forcer Benkirane à ne pas envisager l’autre option, à savoir des élections anticipées ? C'est ça le respect de la Constitution ?

    •  Lisez bien la Constitution et surtout le projet de loi sur les commissions parlementaires et vous comprendrez que le PEUPLE ne détient aucun pouvoir (même représenté au Parlement). Alors que le Roi réponde rapidement à ces demandes de démissions ou ne le fasse pas, cela ne changera rien à la question DEMOCRATIQUE, qui, sans elle, nous demeurerons un peuple sous développé à la merci lobbies capitalistes prédateurs qui ne pensent qu'à se remplir les poches au détriment de l'édification d'une véritable société juste et équitable!...Arrêtez SVP de louer gratuitement la politique de Mohammed 6. Celle-ci ne méritera des éloges que lorsqu'elle conduira vers une Constitution à laquelle adhère l'ENSEMBLE des forces vives de ce pays, y compris les islamistes de Al Adl au lieu de rester comme aujourd'hui un document applaudi uniquement par une élite qui profite de l'ordre établi nonobstant les scores bréjnévien annoncé suite au référendum!

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