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vendredi 26 juillet 2013

Tunisie : manifestations et accusations après l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi

par Le Monde.fr avec AFP et Reuters |



Capture d'écran de Mohamed Brahmi lors d'une interview avec Radio CAP FM en Tunisie.

Mohamed Brahmi, député de gauche et opposant, a été assassiné par balles, jeudi 25 juillet, devant son domicile dans le secteur d'Ariana à Tunis. D'après des témoins, M. Brahmi a été tué par deux hommes à moto devant chez lui alors qu'il descendait de sa voiture.

La chaîne de télévision Watanya a précisé qu'il avait reçu onze balles, tirées à bout portant. Des voisins évoquent plutôt 5 coups de feu. "Son corps a été criblé de balles devant son épouse et ses enfants", a déclaré, en pleurs, Mohsen Nabti, membre du bureau politique du Mouvement populaire, petit parti de gauche dont Brahmi était le fondateur.
Après l'annonce de sa mort, un cortège d'environ 500 personnes s'est spontanément constitué devant le siège de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) avant de rejoindre l'avenue Habib-Bourguiba, où se trouve le ministère de l'intérieur. Parmi eux, la veuve de Chokri Belaïd, autre opposant de gauche tué par balle en début d'année. Devant le ministère, la foule a scandé "Ministère de l'intérieur, ministère terroriste", selon le site d'information Nawaat.
Le correspondant de France 24, David Thomson, rapporte que de nombreuses personnes se sont également réunies devant l'hôpital où a été conduit le corps de Brahmi.
Selon Nawaat plusieurs personnalités étaient notamment présentes : Mohamed Jmour, du parti Watad, Mehdhi Ben Gharbia, de la coalition démocratique, le député Brahim Kassas, l'avocate Leila Ben Debba, l'avocate Saida Garrach et la syndicaliste Thouraya Krichen.
Le corps de l'homme politique a été sorti de l'hôpital, juché sur les épaules de manifestants et suivi par un long cortège jusqu'à la cité El-Ghazala, le quartier de la banlieue nord de Tunis où vivait M. Brahmi, au 10 rue de la réconciliation, selon Nawaat.

COLÈRE CONTRE LE PARTI ENNAHDA
Dans le même temps, les partis démocratiques se sont réunis à 17 heures au siège du Front populaire, qui a appelé à la désobéissance civile, à la chute du gouvernement, à la dissolution de l'Assemblée constituante, à la création d'un gouvernement de salut public et à la grève générale le jour de l'enterrement de M. Brahmi. L'UGTT a appelé à la grève générale pour la journée de vendredi 26 juillet.
Des manifestations ont également éclaté à Sidi Bouzid, ville natale de Brahmi, où des centaines de personnes ont laissé éclaté leur colère, avant de mettre le feu au siège local du parti islamiste Ennahda, selon un habitant cité par Reuters.
La famille de Mohamed Brahmi a accusé Ennahda d'être responsable du meurtre. "Notre famille avait le sentiment que Mohamed allait connaître le même sort que Chokri Belaïd", a déclaré en pleurs Chhiba Brahmi, la sœur du défunt.


L'avocate tunisienne Leila Ben Debba crie sa colère devant un hôpital de Tunis après l'annonce de la mort de Mohamed Brahmi, tué de onze balles devant son domicile, jeudi 25 juillet.
 
CHOKRI BELAÏD, ÉGALEMENT TUÉ DEVANT CHEZ LUI
Sous la dictature, Mohamed Brahmi militait dans le Mouvement des étudiants arabes progressistes et unionistes. En 2005, il crée, dans la clandestinité, le Mouvement unioniste nassériste. C'est après la chute du président Ben Ali qu'il crée le Mouvement du peuple, dont il a été écarté le 7 juillet en raison de son adhésion au Front populaire. Le député avait récemment créé le Mouvement populaire (Attayar Echaab), dont il était le coordinateur général.
Elu à l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mohamed Brahmi, âgé de 58 ans, n'avait pas ménagé ses critiques envers le parti islamiste Ennahda au pouvoir. Le président de l'ANC, Mustapha Ben Djaafar, a déclaré que vendredi serait "un jour de deuil national".
L'assassinat de Mohamed Brahmi est le deuxième du genre en Tunisie depuis la chute de Ben Ali. En février,  Chokri Belaïd, critique virulent du parti islamiste Ennahda, avait également été tué par balle devant son domicile. Cet assassinat avait alors choqué et provoqué une profonde crise politique dans le pays, qui avait mené à la démission, à la fin de février, du gouvernement du premier ministre Hamadi Jebali.

LES ISLAMISTES DÉNONCENT "UN MEURTRE CONTRE L'ETAT TUNISIEN"
Le président de la République tunisienne a condamné cet assassinat, appelant les Tunisiens à "ne pas tomber dans le piège de la violence". Il souligne le fait que ce "crime [a été] réalisé le jour de l'anniversaire de la République", cinquante-six ans après la proclamation de la République tunisienne, le 25 juillet 1957.
François Hollande a condamné cet assassinat dans un communiqué "avec la plus grande fermeté", demandant que "la lumière soit faite au plus vite sur ce meurtre". Rached Ghannouchi, leader d'Ennahda appelé à la démission par les manifestants, a demandé publiquement "la mise en place d'une coalition nationale contre la violence".
"C'est un meurtre contre l'Etat tunisien et la démocratie. On cherche à travers ça à mettre la Tunisie dans l'instabilité et pousser les Tunisiens à s'accuser les uns et les autres. La révolution tunisienne était pacifique, on cherche à la rendre sanguinaire alors que nous sommes en train de finir la Constitution et de mettre en place les institutions qui vont mener le pays vers des élections libres."
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Déclaration du Conseil d'administration d'Attac-France

Mohamed Brahmi, militant Tunisien, élu député à l'Assemblée Constituante et membre dirigeant du Front Populaire a été assassiné ce jour.

Cet acte lâche, 5 mois après le meurtre d'un autre dirigeant du Front Populaire, Chokri Belaïd, s'attaque directement à celles et ceux qui oeuvrent pour la défense des libertés et des droits fondamentaux des Tunisien.ne.s, et ne peut avoir qu'un seul objectif : remettre en cause le processus de transition politique, en faisant le pari d'un durcissement du régime.

Attac France affirme son soutien à l'ensemble des forces démocratiques tunisiennes, qui luttent pour que la démocratie l'emporte contre la violence politique et les tentations autoritaires. 

Attac, le 25 juillet 2013

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