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dimanche 7 avril 2013

Torture : El Mostafa Naïm écrit à François Hollande

Torture : El Mostafa Naïm écrit à François Hollande

Mostafa Naïm (Photo DR)
Mostafa Naïm (Photo DR)
LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Salé (près de Rabat ), le 1 Avril 2013
Monsieur le Président de la République,
Je me permets de vous écrire pour attirer votre attention sur l’insupportable injustice que je subis sur le sol marocain, après m’être fait enlever en Espagne (port d’Algésiras) par des agents marocains en civils. Depuis 30 mois, je suis incarcéré au Maroc, alors qu’officiellement, je ne me trouve même pas dans le pays.
Après avoir passé des vacances en famille au Maroc, je l’ai quitté par voie terrestre en direction de la France où je réside. Une fois la Méditerranée traversée, sur le sol espagnol, j’ai été interpellé par des hommes marocains en civil, qui m’ont violenté et m’ont traîné de force dans la cale du ferry qui retournait vers le Maroc. Sur mon passeport français, il y a un tampon de sortie du Maroc, et pas de tampon d’entrée. De nombreux articles de presse se sont penchés sur mon affaire et relatent en détail les violations de mes droits et de la législation internationale qui entachent mon dossier.
Après avoir disparu 10 jours, durant lesquels je me trouvais dans une zone de non droit où j’ai subi les pires tortures, j’ai été condamné à une peine d’emprisonnement de 5 années pour association de malfaiteurs. Je clame mon innocence et dénonce un dossier monté de toutes pièces, avec fausse date d’arrestation, contradictions flagrante des policiers…
Comment peut-on enlever un citoyen français sans que la France n’intervienne? Je précise que cet enlèvement est intervenu sur le sol européen, et non pas au Maroc, avec lequel la France se montre manifestement peu regardante sur les dossiers des Droits humains, y compris lorsqu’ils concernent ses ressortissants.
Monsieur le Président j’ai été torturé, notamment avec de l’électricité durant 13 jours dont 10 au fameux centre de Témara par la DST. J’ai été sauvagement battu, insulté, humilié, bafoué, alors même que je n’ai commis aucun crime.
L’association l’ACAT (Action Chrétienne contre l’Abolition de la Torture) a dénoncé à plusieurs reprise les traitements que j’ai subis, sans que cela ne suscite la moindre réaction de la part des autorités de mon pays, la France, qui ont le devoir de veiller à ma sécurité et de préserver mon intégrité.
J’ai dénoncé mon enlèvement et les sévices qui m’ont été infligés dès que j’ai pu le faire, c’est à dire dès que j’ai été mis dans une prison « civile », aux différentes autorités françaises. A ce jour, je n’ai jamais reçu de réponse.
Mon avocat Maître François Heyraud a déposé une plainte auprès du parquet de Lyon (cf. copie en annexe). Pour toute suite, le procureur de la République de Lyon a dénoncé les faits « d’enlèvement et usage de faux en écriture publique » au profit des autorités espagnoles. Il s’est ainsi purement et simplement dessaisi du dossier alors même que je suis plaignant français.
Vous trouverez ci-dessous les coordonnées de mon avocat.
(François HEYRAUD Avocat à la Cour)
10, rue du Président Carnot
69002 LYON
Mais là où le bât blesse, Monsieur le Président, c’est que j’ai même eu droit à un phrase, plus qu’éloquente sur l’immobilisme, voire la gêne manifeste qui entoure mon dossier :
« ON NE PEUT PAS INTERVENIR DE CRAINTE DE CRÉER UN CONFLIT DIPLOMATIQUE »
En m’enlevant sur le sol espagnol, on se demande bien qui se joue bien de provoquer un conflit?
Je vis une véritable injustice, plusieurs violations graves du droit international ont été commises, mais je vois là que d’inavouables intérêts complaisants passent avant ma dignité, et même avant la légalité internationale.
À l’heure même ou je vous écris, je suis incertain de ce qui va m’arriver en publiant cette lettre, je sais que je vais devoir en assumer les conséquences. Lors de la médiatisation de mon affaire, j’ai dû faire face aux pressions les plus sournoises, aux menaces, mais aussi à un transfert abusif.
Je vous informe par la présente, non sans désespoir, que j’entamerai une grève de la faim le lundi 1 Avril 2013. Il ne me reste plus que cet ultime moyen pour dire mon refus de l’injustice et faire enfin réagir une France devenue sourde-muette à la souffrance de l’un de ses enfants.
Monsieur le Président, je souhaite par la présente vous saisir afin que vous vous penchiez sur mon dossier lors de votre visite au Maroc.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, veuillez agréer, Monsieur le président, l’expression de mes salutations distinguées.
El Mostafa Naïm (Numéro d’écrou 561 )
Prison de Salé 2

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