Christopher Ross, l’Envoyé spécial des
Nations-Unies au Sahara, a adopté une nouvelle approche pour sauver les
négociations d’une crise cardiaque assurée, après qu’elles aient été
admises en salle de soins intensifs sans espoir de trouver une issue
concertée entre le Maroc, l’Algérie et le Front Polisario pour mettre un
terme au plus ancien litige international après celui de la Palestine
occupée. Nouvelle approche, nouveaux fondements.
1/ Ouverture d’un dialogue indirect
entre les dirigeants des deux pays, à travers des messages portés de
l’un à l’autre par Ross, qui mettra ainsi en contact le roi Mohammed VI
et le président Bouteflika, dans une tentative de rebâtir des
passerelles rompues depuis des années entre les deux chefs d’Etat. Cela
signifie que le diplomate américain a finalement compris que la clé du
problème ne se trouve guère à Tindouf mais au palais de la Mouradia – où
réside Abdelaziz Bouteflika – et que si l’Algérie décide de convaincre
le Polisario du bienfondé d’une solution concertée, cela ne devrait
poser aucun problème, surtout après que Ross ait pu constater de visu
l’ampleur de la colère et du désespoir qui règnent au sein de la
jeunesse sahraouie dans les camps de Tindouf, pas seulement en raison de
cette solution qui tarde à venir, mais aussi du fait de la pauvreté et
de chômage qui sévissent dans ces camps. Cette situation incite les
jeunes à entrevoir d’autres solutions, radicales, destructrices, comme
l’idée de reprendre les armes contre le Maroc, ou celle de se livrer à
la contrebande de produits illicites, ou encore rejoindre les rangs
d’al-Qaïda au Sahel, pour basculerainsi de la situation de jeunes qui
luttent pour ce qu’ils pensent être un combat de libération à celle où
ils deviennent des jihadistes en action dans une entreprise terroriste.
Ce sont là des projets qui menacent non seulement la stabilité de la
région, mais aussi la nature même du Polisario, à la lumière des
transformations qui touchent aujourd’hui cette région du monde sous les
yeux d’une génération née après le cessez-le-feu de 1991, et qui ne
dispose pas de la formation idéologique et politique des anciens.
2/ Christopher Ross, avec son sens consommé de la diplomatie et son pragmatisme bien connu, propose aux parties en conflit une nouvelle méthodologie de négociations, fondée sur des idées inédites, abandonnant les anciennes approches qui ont toutes conduit vers l’impasse actuelle ; le diplomate a privilégié la technique consistant à mettre en avant les points de rapprochement, et de différer les sujets de mésentente.
2/ Christopher Ross, avec son sens consommé de la diplomatie et son pragmatisme bien connu, propose aux parties en conflit une nouvelle méthodologie de négociations, fondée sur des idées inédites, abandonnant les anciennes approches qui ont toutes conduit vers l’impasse actuelle ; le diplomate a privilégié la technique consistant à mettre en avant les points de rapprochement, et de différer les sujets de mésentente.
3/ Report de toute discussion sur la nature juridique finale des territoires objet du litige.
Ce sont là des techniques éprouvées en
termes de diplomatie internationale, qui ont été utilisées dans d’autres
conflits de par le monde, plus ou moins complexes que celui du Sahara,
et dont la raison principale tient dans la vision ultrasensible qu’ont
les dirigeants algériens du Maroc et qui reste très liée au passé, à
l’histoire et à des évènements douloureux.
Les relations entre voisins ont de tous
temps et en tous lieux été difficiles, surtout quand l’histoire de ces
voisins est émaillée de guerre et de conflits, entachée du sang des
victimes des deux parties… mais ces relations peuvent toujours être
améliorées, gérées de façon à ce qu’elles ne soient plus productrices de
destructions et de ravages mais génératrices de bienfaits mutuels. Le
meilleur exemple de cela est apporté par la France et l’Allemagne, leurs
guerres atroces, les occupations humiliantes et les centaines de
milliers de morts et d’handicapés ; et malgré cela, nous pouvons voir
aujourd’hui comment Angela Merkel et François Hollande marchent main dans
la main pour sortir l’Europe de la crise dans laquelle elle se débat,
et comment la France accepte les conditions allemandes de maintenir le
déficit budgétaire à des niveaux mutuellement convenus. Ils ont compris
qu’ils sont embarqués sur la même galère, et que si cette galère sombre,
elle entraîne avec elle tous ses occupants, mais que si elle arrive à
bon port, tout le monde en profite.
La diplomatie marocaine ne doit plus se
mettre martel en tête pour la recherche d’une solution à ce conflit qui
s’éternise, qui a occasionné tant de dégâts et de malheurs aux
Marocains, aux Algériens et au Sahraouis qui commencent à perdre espoir.
Une situation non maîtrisable, qui hypothèque les opportunités de
développement dans la région, qui fait gaspiller aux deux parties des
milliards en armements… des armements qu’ils savent pourtant fort bien
ne jamais devoir utiliser un jour car le monde ne le tolérerait pas.
Aujourd’hui, les périls ont changé, la
notion de souveraineté s’est transformée et la valeur de la terre a
évolué. Maroc et Algérie perdent deux points de croissance annuellement à
cause de leurs frontières terrestres fermées. Existe-t-il une plus
grande perte que celle-ci ? Des opportunités d’emploi qui se perdent par
centaines de milliers, un désespoir producteur de colère qui naît dans
les cœurs et les esprits des peuples, une stabilité en danger du fait
d’un risque de soulèvement général ou de basculement de certains dans
des activités terroristes.
Osons la question : quelle est la chose
la plus dangereuse pour les pays de la région maghrébine, trouver une
solution au problème de 200.000 Sahraouis ou maintenir 80 millions de
personnes à la merci d’un conflit suicidaire ?
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