Chers amis lecteurs de solidmar,

Solidmar est fatigué ! Trop nourri ! En 8 ans d’existence il s’est goinfré de près de 14 000 articles et n’arrive plus à publier correctement les actualités. RDV sur son jumeau solidmar !

Pages

samedi 13 avril 2013

Ross tente sa chance… donnons-la lui

Christopher Ross, l’Envoyé spécial des Nations-Unies au Sahara, a adopté une nouvelle approche pour sauver les négociations d’une crise cardiaque assurée, après qu’elles aient été admises en salle de soins intensifs sans espoir de trouver une issue concertée entre le Maroc, l’Algérie et le Front Polisario pour mettre un terme au plus ancien litige international après celui de la Palestine occupée. Nouvelle approche, nouveaux fondements.
1/ Ouverture d’un dialogue indirect entre les dirigeants des deux pays, à travers des messages portés de l’un à l’autre par Ross, qui mettra ainsi en contact le roi Mohammed VI et le président Bouteflika, dans une tentative de rebâtir des passerelles rompues depuis des années entre les deux chefs d’Etat. Cela signifie que le diplomate américain a finalement compris que la clé du problème ne se trouve guère à Tindouf mais au palais de la Mouradia – où réside Abdelaziz Bouteflika – et que si l’Algérie décide de convaincre le Polisario du bienfondé d’une solution concertée, cela ne devrait poser aucun problème, surtout après que Ross ait pu constater de visu l’ampleur de la colère et du désespoir qui règnent au sein de la jeunesse sahraouie dans les camps de Tindouf, pas seulement en raison de cette solution qui tarde à venir, mais aussi du fait de la pauvreté et de chômage qui sévissent dans ces camps. Cette situation incite les jeunes à entrevoir d’autres solutions, radicales, destructrices, comme l’idée de reprendre les armes contre le Maroc, ou celle de se livrer à la contrebande de produits illicites, ou encore rejoindre les rangs d’al-Qaïda au Sahel, pour basculerainsi de la situation de jeunes qui luttent pour ce qu’ils pensent être un combat de libération à celle où ils deviennent des jihadistes en action dans une entreprise terroriste. Ce sont là des projets qui menacent non seulement la stabilité de la région, mais aussi la nature même du Polisario, à la lumière des transformations qui touchent aujourd’hui cette région du monde sous les yeux d’une génération née après le cessez-le-feu de 1991, et qui ne dispose pas de la formation idéologique et politique des anciens.
 2/ Christopher Ross, avec son sens consommé de la diplomatie et son pragmatisme bien connu, propose aux parties en conflit une nouvelle méthodologie de négociations, fondée sur des idées inédites, abandonnant les anciennes approches qui ont toutes conduit vers l’impasse actuelle ; le diplomate a privilégié la technique consistant à mettre en avant les points de rapprochement, et de différer les sujets de mésentente.
 3/ Report de toute discussion sur la nature juridique finale des territoires objet du litige.
Ce sont là des techniques éprouvées en termes de diplomatie internationale, qui ont été utilisées dans d’autres conflits de par le monde, plus ou moins complexes que celui du Sahara, et dont la raison principale tient dans la vision ultrasensible qu’ont les dirigeants algériens du Maroc et qui reste très liée au passé, à l’histoire et à des évènements douloureux.
Les relations entre voisins ont de tous temps et en tous lieux été difficiles, surtout quand l’histoire de ces voisins est émaillée de guerre et de conflits, entachée du sang des victimes des deux parties… mais ces relations peuvent toujours être améliorées, gérées de façon à ce qu’elles ne soient plus productrices de destructions et de ravages mais génératrices de bienfaits mutuels. Le meilleur exemple de cela est apporté par la France et l’Allemagne, leurs guerres atroces, les occupations humiliantes et les centaines de milliers de morts et d’handicapés ; et malgré cela, nous pouvons voir aujourd’hui comment Angela Merkel et François Hollande marchent main dans la main pour sortir l’Europe de la crise dans laquelle elle se débat, et comment la France accepte les conditions allemandes de maintenir le déficit budgétaire à des niveaux mutuellement convenus. Ils ont compris qu’ils sont embarqués sur la même galère, et que si cette galère sombre, elle entraîne avec elle tous ses occupants, mais que si elle arrive à bon port, tout le monde en profite.
La diplomatie marocaine ne doit plus se mettre martel en tête pour la recherche d’une solution à ce conflit qui s’éternise, qui a occasionné tant de dégâts et de malheurs aux Marocains, aux Algériens et au Sahraouis qui commencent à perdre espoir. Une situation non maîtrisable, qui hypothèque les opportunités de développement dans la région, qui fait gaspiller aux deux parties des milliards en armements… des armements qu’ils savent pourtant fort bien ne jamais devoir utiliser un jour car le monde ne le tolérerait pas.
Aujourd’hui, les périls ont changé, la notion de souveraineté s’est transformée et la valeur de la terre a évolué. Maroc et Algérie perdent deux points de croissance annuellement à cause de leurs frontières terrestres fermées. Existe-t-il une plus grande perte que celle-ci ? Des opportunités d’emploi qui se perdent par centaines de milliers, un désespoir producteur de colère qui naît dans les cœurs et les esprits des peuples, une stabilité en danger du fait d’un risque de soulèvement général ou de basculement de certains dans des activités terroristes.
Osons la question : quelle est la chose la plus dangereuse pour les pays de la région maghrébine, trouver une solution au problème de 200.000 Sahraouis ou maintenir 80 millions de personnes à la merci d’un conflit suicidaire ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire