Union
Marocaine du Travail
Syndicat
National des Petits Paysans et Employés Forestiers
Région du Souss Massat Drâa
Lotissement Monir Taflagt Taroudant
GSN 0668584636
Bureau Syndical Régional
A Monsieur le Consul allemand au Maroc
Rabat
Objet : Revendication contre le projet GR d’Aoulouz
soutenu par
l’Etat allemand.
Nous avons l'honneur
de vous écrire, Monsieur le Consul, à propos du projet GR (irrigation
par goutte à goutte) d’Aoulouz
qui est un projet de votre Etat. Ce
projet n'est pas adapté à la situation des terres et des cultures des
petit(e)s paysan(ne)s pauvres. L'irrigation par canaux bien modernes est la
seule façon de développer les récoltes dans des terres couvertes d'oliveraies.
Les grands propriétaires féodaux qui ont des terres (bour) sont les seuls qui
vont bénéficier de ce projet, contre les intérêts des petit(e)s paysan(ne)s
pauvres qui ne peuvent pas payer l'eau d'irrigation. L'objectif des féodaux est
d’exploiter l'eau dans un premier temps et d'arriver à l'avenir à chasser les
paysan(ne)s pauvres de leurs terres pour les transformer en ouvriers agricoles
exploitables dans les domaines des grands propriétaires.
Les paysan(ne)s pauvres d’Aoulouz souffrent des survivances du féodalisme
qui continue d’exploiter les terres, l'eau et les hommes en l'absence
quasi-totale de réaction des autorités, depuis la construction du barrage
d’Aoulouz à la fin des années 80. De nombreuses sources au pied du barrage sont
épuisées, seules subsistent trois fuites du barrage. La source Tafarzazat
alimente douze douars, dont les plus importants sont Zaouiat Si Korchi,
Targant, Timelt et Tazmourt, le plus proche du centre d’Aoulouz.
La souffrance des paysans pauvres a commencé après la construction du barrage,
qui a provoqué l’assèchement de la Saguia de Taboumahaout, la plus proche de la
Saguia de Tafarzazat.
Afin de sortir de ce pétrin, le Bureau régional du développement agricole a
créé en 2001 une association d’usagers d'eau spécifique aux agriculteurs du
secteur d’Aoulouz pour gérer la crise, dans un climat de terreur à l’encontre
des paysans pauvres de la Saguia de Tafarzazat, qui ont refusé de rejoindre
cette association.
À ce moment les Forces auxiliaires ont encerclé le siège de la commune pour
interdire toute manifestation de refus, réprimer toute dissidence et prévenir
un soulèvement.
Cette association n’était pas destinée à tout le monde : les nouveaux
féodaux lui ont mis le grappin dessus, empêchant les pauvres d’utiliser cette
eau pour l’irrigation. Cela a poussé certains paysans à se tourner vers la
justice pour obtenir réparation. La masse des paysans pauvres a attendu les
résultats de la procédure judiciaire.
Dans les premières années d’existence de l’association, on trouvait normal
l'usage de l'eau malgré la somme demandée, soit 15 Dirhams de l’heure, sachant
qu'il y a 8 débits des trois sources toutes les 24 heures, et cela toute
l’année. Soit 2500 dirhams par jour, environ 100 millions de centimes chaque
année .
Depuis 5 ans, les paysans de la Saguia de Tafarzazat souffrent de
l’injustice à leur encontre, à cause de leurs opinions politiques. Le maire les
a punis pour leurs positions lors des élections de 2003, les privant de l'eau
de la saguia, la détournant vers la Saguia de Taboumahaout, soutenu par ses alliés. Un sommet a été atteint au cours de la
saison agricole 2007/2008, lorsque le ce refus a provoqué l’assèchement des
récoltes. Ne pouvant plus récolter un seul grain de blé ni une seule olive – et
leurs oliviers menacés de mourir – il ne restait plus aux paysans qu’à se
soulever. C’est alors, en mars 2008, qu’ils ont rejoint le syndicat agricole
d’Aoulouz, après avoir épuisé les tentatives de dialogue avec le maire, les
autorités se montrant incapables de trouver une solution équitable, face au
poids du féodalisme.
L’UMT a ouvert un dialogue avec les autorités de Taroudant en présence de
représentants du Ministère de l'Agriculture et de l’Équipement et de l’Agence
de l’Eau du Sous Massa-Drâa. 8 mois de discussions n’ont abouti à rien.
Un jugement a condamné l’Association d’usagers à verser 1,17 millions de
dirhams aux paysans victimes de privations d’eau et à la saisie de ses biens,
dont son compte bancaire, sur lequel se trouvaient seulement 40 mille dirhams.
Face à la faillite de l’association, son président – le maire-adjoint et
frère du maire – a convoqué une assemblée générale le 22 Juin 2008 pour
renouveler la direction, afin de donner une légitimité aux violations subies
par l’association.
Le syndicat des paysans d'Aoulouz a organisé plusieurs manifestations
contre le maire d’Aoulouz et son frère le président de l'association, la
première devant la sous-préfecture le 9 avril 2008, puis une journée de solidarité
avec les paysans de Tafarzazat le 18 Mai 2008, à laquelle ont participé
plusieurs journalistes, l'Association marocaine des droits de l'homme et des
partis politiques, qui ont pu voir de leurs propres yeux la souffrance des
paysans de Tafarzazat. La manifestation suivante a eu lieu le 22 Juin devant la
mairie, durant l’assemblée générale fantoche convoquée par le président, où les
paysans se sont retirés de l’association.
L’association a encaissé en 8 ans environ 700 millions de centimes, dont
seuls 40 ont été investis dans un pressoir à olives. Le reste s’est envolé. Dans
les attributions d’eau des utilisateurs, le président a favorisé ses amis, qui
ne sont même pas des paysans. Malgré tout cela, il a été reconduit dans ses
fonctions par les autorités.
Les paysans pauvres de Tafarzazat ont alors créé leur propre association
pour l’eau et l’irrigation. Ils en ont informé les autorités, le bureau
régional du développement agricole, les services de l’Équipement et l’Agence de
l’eau régionale. Mais ils n’ont pas obtenu de reçu de dépôt de leur
association. L’UMT a alors engagé des discussions avec les autorités pendant
deux mois. Conclusion : la faillite de l’association d’usagers a été constatée,
il faut la dissoudre et créer trois associations, une par saguia. Le mois de
septembre 2008 a
été choisi pour mettre en œuvre cette décision. Les autorités d’Aoulouz et les
responsables des trois services gouvernementaux n’ont rien pu faire face aux
féodaux. Le syndicat a donc engagé un dialogue direct avec la province de
Taroudant, tandis qu’à l’extérieur, 36 paysans faisaient un sit-in le 11 septembre.
Leurs délégués syndicaux ont été reçus à plusieurs reprises par le chef de
cabinet du gouverneur, demandant que celui-ci prenne un arrêté de dissolution
de l’association fantoche.
Lors de la dernière réunion le 23 octobre 2008, la province a promis une
date de rencontre pour la semaine suivante. Puis plus rien. Comme on était au
début de la nouvelle année agricole, les paysans, déjà stressés, éprouvaient
une grande angoisse, entretenue par les menaces de la milice à la solde du
président, qui a dressé une liste de paysans contre lesquels engager des
poursuites judiciaires. En tête de cette liste, Mohamed Zorrit, injustement
accusé de voler de l'eau de la Saguia Taboumahaout. Il a été arrêté à Taroudant
le 14 Juillet 2008, il a passé 10 jours en prison puis il a été relaxé, après
que son innocence a été prouvée.
Cet acte répressif a semé la terreur chez les paysans de Tafarzazat, ce qui
a enflammé la situation. Il ne leur restait plus qu’à exprimer leur colère. Ils
ont donc tenu un sit-in devant la province de Taroudant le 4 novembre 2008,
soutenus par l'Association marocaine des droits de l'homme, les syndicats, les
partis politiques et les militants. 60 paysans ont passé une nuit glaciale
devant la province, demandant à être reçus par le gouverneur, qui les a enfin
reçus le 5 novembre à 13 heures. Ils ont exposé leurs problèmes et leurs
revendications. La date du 20 novembre été convenue pour régler le différend
entre les paysans de Tafarzazat et le président de l’association d’usagers de
l’eau.
Leur seule revendication était de
pouvoir être indépendants de cette association en faillite et de pouvoir gérer
leurs affaires eux-mêmes à travers leur propre association.
En janvier 2009 ils ont constitué leur propre association qui gère jusqu'à
maintenant l'irrigation de leurs terres. Les autorités refusent jusqu'à
maintenant d’accorder le reçu de dépôt de son dossier, ce qui est contraire aux
droits humains.
En décembre 2011 les autorités provinciales de Taroudannt et le Bureau
régional du développement agricole ont dissout l'association d'Aoulouz d'une
façon illégale sans compte rendu moral et financier ni prise en considération de l'avis des paysan(ne)s, en
plus ; ils ont décidé de constituer une autre association à la Sagua de
Taferzazte d'une façon bureaucratique le 16 avril 2013 sachant que les
paysan(ne)s de Taferzazte ont déjà leur propre association, tout cela pour
soutenir les féodaux d'Aoulouz contre les paysan(ne)s.
Pour cela nous déclarons nos revendications :
-
Nous sommes contre
le projet GR qui n'est pas adapté à la situation des terres des petit(e)s
paysan(ne)s pauvres d'Aoulouz et leurs cultures basées sur les récoltes de l’olivier.
-
Nous dénonçons
la violation du droit des petit(e)s paysan(ne)s pauvres a utiliser leur propre
association constituée depuis 2009 et qui a géré l'irrigation
à Taferzazte depuis sa création jusqu'à maintenant.
-
Nous appelons
l'Etat allemand à ne pas
être inclus dans ce conflit contre les droits des petit(e)s paysan(ne)s
pauvres.
-
Nous appelons
l'état allemand à
soutenir les revendications des petit(e)s paysan(ne)s pauvres
Taroudant
le : 05 avril 2013
Bureau Syndical Régional
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