Lettre Ouverte à François Hollande

par Mohammed Belmaïzi (Articles), 6/4/2013

Monsieur le Président
de la République Française,

Les meilleurs de nos citoyens vous ont déjà fait part de leurs lectures judicieuses de l’Histoire. Ils vous ont prévenu des ravages de la terrible abstraction de la Raison d’Etat. Je n’aurai donc rien à ajouter à ces articles et à ces lettres ouvertes sur les réseaux sociaux ou ailleurs, destinées à votre haute intelligente magnanimité.

C’est pourquoi je serai très concis, si vous me permettez de placer un mot. Et je ne parlerai pas de la honte qu’a déversée l’ancienne ministre des Affaires étrangères Michelle Alliot-Marie sur les consciences vives, quand elle proposait aux représentants de la nation française d’envoyer des renforts au tyran Ben Ali. Car elle était convaincue que « le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type ». Et ceci trois jours seulement avant la chute de son bienfaiteur Zine el-Abidine Ben Ali. Alors que nous, la plèbe, Monsieur le Président, savions déjà sa chute fatale.

Oserais-je, Monsieur le Président, vous assurer que l’élite dirigeante de la France officielle, ne peut plus prétendre à la saisie réelle de l’Histoire ? Je vous le dis ainsi, parce que vous semblez ne pas tirer les leçons de ces soutiens douteux et surtout fugaces.

Monsieur le Président, vous êtes au Maroc pour soutenir un régime voué à l’écroulement, car sans éthique et sans respect du « contrat social » qui est, malgré tout, le régulateur de la vraie citoyenneté en France. N’avez-vous pas, vous basant sur ce principe d’équité et d’éthique, jugé le comportement délictueux de votre ministre Jérôme Cahuzac de « faute impardonnable » ? N’étiez-vous pas indigné au point où vous qualifiez son mensonge comme un « outrage fait à la République » ? Un « grave manquement à la morale républicaine », dites-vous avec émotion. Et ce principe fondamental de la morale vous laisse dire, dans un lyrisme touchant, que « la République est fondée sur la vertu, l’honnêteté, l’honneur » !

Oui, Monsieur le Président, c’est ce langage de la douce France que nous aimons qui nous fait chavirer d’espoir. La douce France que nous aimons, c’est celle qui nous parle de « Notre ami le roi ». La douce France que nous aimons, c’est celle qui indexe « Le roi prédateur ». La douce France que nous aimons, c’est celle qui sait profondément que tous les accords signés et l’ensemble des rapports bilatéraux ne sont rien d’autres qu’une juteuse aubaine pour les Cahuzac marocains en pires pirates.

Monsieur le Président, je ne peux, en tant que citoyen intègre et lucide, supporter le double discours : on dénonce la prédation et le mensonge ici, et on les tolère là-bas !?


Mohammed Belmaïzi
6/04/2013