- Écrit par Lakome, 13/3/2013
Médecins sans frontières condamne le rôle de gendarme de
l'Europe joué par les autorités marocaines. Selon l'organisation,
l'action du Maroc a causé la recrudescence de la vulnérabilité des
migrants subsahariens qui transitent par le Maroc.
La lutte contre l'immigration clandestine opérée par le Maroc cause
beaucoup de dégâts selon Médecins sans frontières. L'approche totalement
sécuritaire menée par le ministère de l'Intérieur, en charge du
dossier, se fait « en contradiction avec le respect des droits de
l'homme et a des conséquences sur la santé de la population migrante,
dont les groupes les plus vulnérables – telles que les victimes de
violences sexuelles ou de la traite d'êtres humains- ne bénéficient
d'aucune assistance ou de protection spécialisée de la part des
administrations. »
Dans son dernier rapport, bloquée aux portes de l'Europe,
l'organisation humanitaire qui siégeait à Oujda avant l'annonce de son
départ du Maroc, décrit « la recrudescence des rafles policières au
cours desquelles les effets personnels des migrants sont détruits, ainsi
que d'une augmentation des expulsions vers l'Algérie des personnes
détenues, parmi lesquelles se trouvent des groupes vulnérables tels que
des femmes enceintes, des blessés et des mineurs »
Du côté de la frontière de Melilla, les migrants qui cherchent à
sauter la clôture sont dissuadés par une violence excessive, selon David
Cantero, le coordinateur général de MSF au Maroc rapporte « depuis le
mois d'avril de l'année dernière notamment, nous avons vu, entre autres,
des fractures aux bras, aux jambes, aux mains, à la mâchoire, des dents
cassées et des commotions cérébrales. Ce sont des blessures cohérentes
avec les témoignages des migrants et qui sont le résultat des agressions
exercées par les forces de sécurité ».
MSF conclut son rapport par l'action menée par la société civile
et le ministère de la santé, qu'il considère comme un progrès dans la
gestion du dossier de l'immigration, contrairement à l'action menée par
le département de l'immigration au ministère de l'Intérieur, dirigé par
Khalid Zerouali.
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Médecins Sans Frontières se retire définitivement du Maroc
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Médecins Sans Frontières se retire définitivement du Maroc
Par Rachid Loudghiri AufaitMaroc,
Médecins sans frontières (MSF) s'est alarmée, mercredi, d'une hausse des violences contre les migrants clandestins, dans un rapport publié au moment où l'ONG annonce quitter le Maroc après avoir jugé sa mission d'assistance médicale inadaptée à la situation sur le terrain.
Médecins sans frontières dénonce les multiplications des violences contres les migrants subsahariens. /DR
Médecins Sans Frontières (MSF), présent au Maroc
depuis 1997, s'est tourné depuis 2003 vers une mission visant à garantir
l’accès médical à la population migrante. Lors d’un point presse, tenu
mercredi à Rabat, MSF a annoncé sa décision irrévocable de se retirer du
Maroc.
David Cantero, coordinateur général de MSF, s’est employé dans son intervention à dégager les autorités marocaines de toute responsabilité, en ce qui concerne ce retrait. “La raison de notre départ n’a rien à voir avec aucune action ou omission du gouvernement marocain”, a-t-il assuré. Il a évoqué d’autres raisons, notamment la diminution des activités d’assistance médicale au Maroc ces dernières années.
David Cantero a aussi critiqué la position de l'UNICEF. “Pour obtenir plus de changements, on a besoin d’investissements importants à moyen et long terme. Malheureusement l’UNICEF n’est pas prête à faire ces investissements, estimant que cela ne correspond pas aux objectifs de MSF”. Le coordinateur a jugé que le Maroc a besoin de plus d’organisations de défense des droits de l’Homme. Il estime que le Maroc connaît une carence et des défaillances importantes dans ce domaine. C’est pour cela que MSF aurait décidé de laisser la place aux organisations nationales et internationales œuvrant dans ce domaine.
Ce rapport met en exergue le fait que “le Maroc est devenu, suite au durcissement des contrôles frontaliers, non seulement, un pays de transit, mais aussi une destination forcée, accroissant la vulnérabilité des migrants”. MSF souligne dans ce rapport la précarité des conditions de logement des concernés, vivant dans des lieux surpeuplés des grandes villes du Royaume ou dans des abris de fortune (grottes, forets et squats de bâtiments abandonnés…). L'organisation dénonce la situation, précisant qu'aucune mesure d’hygiène n'est prise par les autorités, et que l'accès aux besoins essentiels pour une vie décente reste très limité.
Sur 10.550 consultations effectuées entre 2010 et 2012 par les équipes de MSF, la moitié des problèmes médicaux diagnostiqués (5.223) seraient étroitement liés aux conditions déplorables auxquelles sont confrontés les migrants. MSF dénonce l’impunité accordée par les autorités pour ceux qui utilisent la violence, physique ou sexuelle, contre les migrants. Ainsi ces déplacés subsahariens ne demandent pas d'assistance médicale et ne se tournent pas vers la justice, de peur de répercussions.
Des raisons peu convaincantes
Médecins
sans Frontières, qui a déjà transféré ailleurs ses activités de Rabat,
cherche actuellement à trouver une association pour la relever de ses
opérations d’Oujda et de Nador. Les raisons de ce retrait, évoquées par
les dirigeants de cette organisation humanitaire, sont loin d’être
convaincantes et ont laissé la plupart des journalistes présents sur
leur faim.David Cantero, coordinateur général de MSF, s’est employé dans son intervention à dégager les autorités marocaines de toute responsabilité, en ce qui concerne ce retrait. “La raison de notre départ n’a rien à voir avec aucune action ou omission du gouvernement marocain”, a-t-il assuré. Il a évoqué d’autres raisons, notamment la diminution des activités d’assistance médicale au Maroc ces dernières années.
David Cantero a aussi critiqué la position de l'UNICEF. “Pour obtenir plus de changements, on a besoin d’investissements importants à moyen et long terme. Malheureusement l’UNICEF n’est pas prête à faire ces investissements, estimant que cela ne correspond pas aux objectifs de MSF”. Le coordinateur a jugé que le Maroc a besoin de plus d’organisations de défense des droits de l’Homme. Il estime que le Maroc connaît une carence et des défaillances importantes dans ce domaine. C’est pour cela que MSF aurait décidé de laisser la place aux organisations nationales et internationales œuvrant dans ce domaine.
Recrudescence des violences contre les migrants
Cette
annonce intervient alors que l'organisation a publié un rapport
intitulé “Violences, vulnérabilité et migration : bloqués aux portes de
l’Europe”.Ce rapport met en exergue le fait que “le Maroc est devenu, suite au durcissement des contrôles frontaliers, non seulement, un pays de transit, mais aussi une destination forcée, accroissant la vulnérabilité des migrants”. MSF souligne dans ce rapport la précarité des conditions de logement des concernés, vivant dans des lieux surpeuplés des grandes villes du Royaume ou dans des abris de fortune (grottes, forets et squats de bâtiments abandonnés…). L'organisation dénonce la situation, précisant qu'aucune mesure d’hygiène n'est prise par les autorités, et que l'accès aux besoins essentiels pour une vie décente reste très limité.
Sur 10.550 consultations effectuées entre 2010 et 2012 par les équipes de MSF, la moitié des problèmes médicaux diagnostiqués (5.223) seraient étroitement liés aux conditions déplorables auxquelles sont confrontés les migrants. MSF dénonce l’impunité accordée par les autorités pour ceux qui utilisent la violence, physique ou sexuelle, contre les migrants. Ainsi ces déplacés subsahariens ne demandent pas d'assistance médicale et ne se tournent pas vers la justice, de peur de répercussions.
“92%
des personnes ayant subi des violences ont déclaré que cette violence
est institutionnelle. Les personnes expulsées courent le risque d’être
la proie de violences, d’abus, d’exploitation et de violences
sexuelles.”
David Cantero, coordinateur général de MSF
L'exemple
mis en avant, lors de la conférence d'hier, concerne les groupes de
migrants qui ont tenté dernièrement de franchir les clôtures qui
séparent Nador de Mellilia. “Les Forces de sécurité marocaines et la
Guardia civile espagnole ont répondu avec une violence disproportionnée
et sans aucune retenue”, a déclaré David Cantero.
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