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jeudi 14 mars 2013

Pour Odon Vallet, le nouveau pape ressemble à Hollande et De Gaulle



www.francetvinfo.fr
Invité de France 2, l'historien des religions brosse le portrait du nouveau pape.

http://www.francetvinfo.fr/video-pour-odon-vallet-le-nouveau-pape-ressemble-a-hollande-et-de-gaulle_280975.html
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Bergoglio/François : pape des pauvres ou ami de la dictature ?

Claude Mary | Journaliste, 14/3/2013


Le pape François, à Rome le 13 mars 2013 (Gregorio Borgia/AP/SIPA)


(De Buenos Aires) A Buenos Aires, ni mouvement de foule, ni manifestation de liesse après l’élection du cardinal Bergoglio, premier pape latino-américain, premier jésuite... Tout juste une messe dans la cathédrale métropolitaine, à deux pas de la Casa Rosada, le palais du gouvernement, dans un pays où les trois quarts des habitants se considèrent catholiques, et seulement 23% pratiquants.
Né le 17 décembre 1936, issu d’une famille d’immigrants italiens, Jorge Mario fait des études techniques de chimie puis, à 22 ans, entre dans l’Ordre des jésuites. Prêtre, professeur de théologie, il est promu évêque en 1992, puis grimpe un à un tous les échelons de la hiérarchie catholique.
Dans la presse, l’accent est mis sur sa personnalité austère et son profil bas. A Buenos Aires, il vit dans un petit appartement près de la cathédrale, prend le métro et se déplace personnellement dans les paroisses des quartiers pauvres.
Mais son exemplarité, dont une partie de la presse fait l’éloge, est loin de faire l’unanimité. La facette obscure de sa vie a fait l’objet d’une enquête-fleuve – trois livres et des dizaines d’articles – par le journaliste Horacio Verbitsky, président du Centre d’études légales et sociales (CELS), une ONG qui bataille pour la défense des droits de l’homme.
éd. Sudamericana, 2005 

« Il a fourni une liste avec nos noms »

L’affaire, racontée par Verbitsky dans « El Silencio » (éd. Sudamericana, 2005), remonte aux Années de plomb de la dictature argentine (1976-1983). Peu après le coup d’Etat du 24 mars, les enlèvements se multiplient dans les lycées, centres universitaires, syndicats. Les prêtres ouvriers, tiers-mondistes, très impliqués socialement dans les bidonvilles de Buenos Aires, sont aussi persécutés par les commandos de la Junte militaire.

Le 23 mai, des forces de la Marine enlèvent dans le quartier pauvre de Bajo Flores deux jésuites, Orlando Yorio et Francisco Jalics, alors sous l’autorité de Bergoglio.
Conduits d’abord à l’Ecole de mécanique de l’armée (Esma), ils seront ensuite torturés et maintenus en détention-disparition pendant cinq mois. L’enquête montre qu’une semaine auparavant, leur charge de prêtre leur avait été retirée. A l’époque, c’était pour les militaires un « signal » donné par l’Eglise, que les religieux étaient des subversifs, assimilés à la guérilla.
« Nous étions diabolisés, questionnés par nos propres institutions et accusés de subvertir l’ordre social », a ainsi témoigné Orlando Yorio (aujourd’hui décédé). Libérés puis en exil, les deux prêtres ont dit qu’ils estiment avoir été « livrés » par leurs supérieurs : « Je suis sûr qu’il a lui-même [Jorge Mario Bergoglio, ndlr] fourni une liste avec nos noms à la Marine », a assuré Yorio, lors du procès de la Junte en 1985.

Une fiche pas très bienveillante de Bergoglio

Parmi les documents de l’enquête, Verbitsky publie une « fiche » sur l’un des deux prêtres, Francisco Jalics, rédigée d’après des données envoyées en 1979 par Bergoglio au directeur du Culte catholique du Ministère des Affaires Étrangères, avec une demande de renouvellement de passeport argentin pour Jalics.
Document Jalics
La lettre est datée de 1979, bien après la libération de Francisco Jalics. Il est indiqué dans cette fiche jointe :
« Père Francisco Jalics :
  • Activité provocatrice dans les Congrégations religieuses féminines (conflits d’obéissance)
  • Emprisonné à l’Ecole Mécanique de la Marine du 24.5.1976 à septembre 1976 (6 mois) accusé avec le Père Yorio
  • Soupçonné contacts guerilleros
  • Ils habitaient en petite communauté que le supérieur jésuite a dissous, en février 1976, et ont refusé d’obéir en demandant à sortir de la Compagnie, ont reçu 2 l’expulsion et pas le Père Jalics, car il est tenu à des vœux solennels. Aucun évêque du Grand Buenos Aires n’a accepté de les recevoir.
NB : ces informations ont été fournies à M. Orcoyen par le Père Borgoglio lui-même, signataire de la lettre, avec recommandation spéciale de ne pas donner suite à cette demande.
Et d’ailleurs, il ne sera pas donné suite à cette demande.

Un chapitre entier dans son autobiographe

Boosté par sa quasi-élection lors du conclave de 2005 – il arrive deuxième après Ratzinger –, Bergoglio publie alors son autobiographie, et tente de se disculper. Dans l’ouvrage intitulé “ Le Jésuite ”, il dédie un chapitre entier à expliquer qu’il aurait, au contraire, fait tout son possible pour protéger les deux prêtres alors sous son autorité.
En réaction, de nouveaux témoins ont affirmé que c’était en réalité l’évêque Miguel Raspanti qui tenta de protéger les deux jeunes prêtres et que Bergoglio s’y était opposé, sachant pourtant les dangers qu’ils encouraient.

Relations difficiles avec Kirchner

Lors du mandat de Nestor Kirchner, caractérisé par la réactivation des procès contre les responsables de la dictature, ses prises de position critiques, lui ont valu d’être qualifié de “ chef de l’opposition ”.
Les tensions s’accentuent en juillet 2010, tandis que le Parlement débat et vote la loi du “ mariage égalitaire ” qui donne les mêmes droits aux couples hétéros et homosexuels. Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires, déclare qu’il s’agit “ d’une prétention destructrice du plan de Dieu ”. Tout aussi intransigeant en matière de droit à l’avortement, encore hors-la-loi en Argentine, il s’est déclaré radicalement opposé, quels que soient les cas, y compris ceux de viol.
Pour l’heure, la présidente Cristina Fernandez de Kirchner a annoncé qu’elle se déplacerait à Rome pour la cérémonie d’assomption. Suivant sa Constitution, l’Etat argentin soutient financièrement l’Eglise romaine catholique, le catholicisme n’étant toutefois pas religion officielle.

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