Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°14 sur la campagne de
parrainage
"Je
ne pense pas qu'il y ait un prisonnier politique du mouvement du 20 février au
Maroc" et le chef du gouvernement
marocain, M. Benkirane, de continuer lors de son entretien télévisé du 24
février dernier avec TV5Monde, RFI et le journal le Monde, "La torture existait au Maroc, et
ça date de 30 à 40 ans. Maintenant c'est fini (...) Nos services et notre
ministre de la Justice disent que c'est
fini."
Les associations de défense des
droits de l’Homme dont l’ASDHOM veulent bien le croire, mais la réalité est
toute autre. Elle est amère. Nous vous laissons juger vous-même. Voici pour
commencer le cri d’un de ces dizaines de détenus du 20-Février après l’annonce
du chef du gouvernement marocain. Extrait :
"
Depuis les geôles de la résistance et du défi, derrière les barreaux rouillés,
je lance mon cri en réaction à la déclaration du premier ministre du
gouvernement et à celle du ministre de l’injustice et de l’esclavagisme sur
l’absence de prisonniers des mouvements de protestation au Maroc. Je déclare
ceci :
«
Si vous n’avez aucune honte, dites et faites ce que bon vous semble". Vous
massacrez les manifestations pacifistes, vous menacez les militants, vous
arrêtez, vous fabriquez de toutes pièces des accusations, vous emprisonnez le
socle de la jeunesse qui aime son pays et, avec arrogance, vous niez l’existence
des détenus d’opinions dans cette patrie violée.
(...)
Ô
premier ministre du gouvernement quasi inexistant, ô ministre de l’injustice et
de l’esclavagisme, sachez que nous connaissons ces pratiques indignes et
haineuses, notre lutte continue, ni la mort ni la prison ne nous feront y
renoncer.
Notre
culture populaire marocaine dit « l’homme meurt pour sa terre ou pour ses
enfants ».
Réprimez,
enlevez, torturez, tuez, fabriquez des dossiers d’inculpations selon ce que
votre conscience vous suggère.
Tant
qu’existent l’exploitation de l’homme et l’injustice sur cette terre résistante,
il y aura toujours des voix qui se soulèveront pour réclamer la
liberté…
Et
si le désespoir et l’anéantissement peuvent nous atteindre, les souffrances des
opprimés et le sang des martyres nous aiguillonnent pour nous réveiller,
allument en nous le feu éternel de la libération et nous forcent à soulever ce
flambeau tout haut pour illuminer le chemin des opprimés et nous libérer des
chaines de l’esclavagisme. »
C’est le cri du fond
de la prison Oukacha de Casablanca du poète du 20-Février, Youness Belkhdim, incarcéré avec le jeune
rappeur Mouad Belghouat (alias
El-Haqed).
Ce texte a été
traduit au français par sa marraine, Hayat
Berrada Bousta, membre de l’ASDHOM et du Forum Marocain Vérité et Justice. Sa
marraine Hayat a tenté, lors d’un séjour à Casablanca, de lui rendre visite.
Elle n’a malheureusement pas pu, mais elle a rencontré le 22 février l’avocat de
son filleul, Me Said Benhammani,
et voici le compte-rendu qu’elle a fait à l’ASDHOM sur cette
rencontre :
1-
MA
DEMANDE POUR VISITER YOUNES EN PRISON.
-
Me Benhammani m’a informée que le
comité régional de surveillance des prisons, composé du directeur de prison, du
procureur du roi, du gouverneur de région et de membres de la société civile
dont des membres de l’AMDH, a suspendu la possibilité de demander l’autorisation
du ministère de la justice d’une visite aux
prisonniers.
-
Proposition : demander un courrier
de l’ASDHOM, spécifiant mon nom…pour que Me Benhammani puisse présenter cette
demande de visite au procureur du roi.
2-
RAPPEL DE L’HISTORIQUE DE LA
DETENTION DE YOUNES :
·
Arrestation et
inculpation :
-
Arrêté le 29 mars 2012 dans une
manifestation de soutien à El-haqued, il a été torturé à l’extérieur et à
l’intérieur du commissariat. Il a été présenté devant le procureur du roi le
1er avril 2012. Une demande d’expertise médicale a été faite à
l’hôpital Hay hassani d’Aïn Sebbaa. Celle –ci a conclu : « traumatismes de la
main droite avec douleurs et œdèmes ».
-
Le jugement en première instance a
eu lieu le 18 mai 2013 sous 3 actes d’inculpation :
1-
Participation à un attroupement
armé, dispersé par la police.
2-
Utilisation de la violence contre
les forces de l’ordre dans le cadre de leurs fonctions avec blessures des forces
de l’ordre
3-
Détérioration des établissements
publics.
Younes Belkhdim écopera de 2 ans de
prison ferme et le jugement en appel du 13 juillet 2012 réduira sa peine à 1 an
de prison ferme.
·
Conditions
d’emprisonnement :
-
Les détenus politiques étaient, au
début, entassés avec les prisonniers de droit commun. Actuellement, ces
conditions ont été améliorées mais Younes, étudiant en 1ère année de
littérature n’a pas pu suivre ses études car le délégué général des prisons, Mr
Benhachem ne lui a pas accordé cette
autorisation.
-
Younes s’impose auprès de ses
gardiens. Il a entamé plusieurs grèves de la faim : la première de 3 jours, la
seconde d’une semaine et la troisième de 30 jours avec 3 jours de grève de la
soif.
Younes Belkhdim connaît actuellement
une situation normale en attente de sa libération prévue entre le 27 et 29 mars
2013. »
Une deuxième marraine,
Marie-José Fressard, outrée par les
propos du chef du gouvernement marocain, a choisi, quant à elle, de s’adresser
directement à lui et lui dit : « Actuellement,
dans 21 geôles marocaines sont écroués 190 prisonniers politiques à parrainer,
en grande partie des jeunes du Mouvement du 20 février. Ce chiffre ne représente
pas la totalité des prisonniers politiques au Maroc. » La suite de la lettre est
sur le site de l’ASDHOM (cliquer
ici)
Nous rappelons à Monsieur
Benkirane, Chef du gouvernement marocain, que lorsque l’ASDHOM a lancée sa
campagne de parrainage en novembre dernier, elle avait établi une liste non
exhaustive de 172 victimes de violations de droit au Maroc. Cette liste comporte
des militants du 20-février, de l’UNEM, des Sahraouis, des syndicalistes, des
mineurs, des Islamistes, etc. Plusieurs d’entre eux ont déjà été parrainés par
des épris de justice et de démocratie. Nous avons constaté malheureusement que,
malgré quelques libérations pour fin de peine, la liste ne cesse de s’allonger.
Il y a eu entre temps ceux de Marrakech
(10), ceux de Meknès
(7), ceux de Zayou la semaine
dernière (7), ceux de Tanger
(21) présentés de nouveau devant le tribunal le 7 mars pour des faits
qui remontent à juillet 2012, ceux le Larache, les deux jeunes militants du 20-Février, de l’AMDH et
du PADS, Ayman El-Haddad et Rochdi Aoula, etc. Les chefs
d’accusations sont toujours les mêmes : Rassemblement non autorisé, violences et
outrage à l’encontre des agents de la force publique, destruction de biens
publics, trafic de drogue…..C’est sûr que ces chefs d’inculpation ne font pas
d’eux des prisonniers politiques, d’opinion ou
d’expression.
Pour finir ce point
hebdomadaire, nous signalons, n’en déplaise à M. Benkirane,
que :
-
Les familles des
prisonniers européens d’origine marocaine et leur comité de soutien organisent
tous les 1ers dimanches de chaque mois un rassemblement à Bruxelles
pour réclamer leur libération. Voici le témoignage de Farid Aarrass, sœur d’Ali Aarrass du groupe Belliraj, parrainé
par Me Alima Boumediene Thiery : http://youtu.be/w1In7Rw5apE
-
L’ACAT interpelle le chef d’Etat
marocain concernant les condamnations lourdes prononcées le 17 février par le
tribunal militaire de Rabat à l’encontre des 25 Sahraouis du groupe de Gdeim
Izik (cliquer ici pour télécharger la
lettre à adresser sur le sujet)
-
Monsieur
Juan E.Méndez, rapporteur spécial sur la
torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, a
présenté le 4 mars au Conseil des droits de l’Homme à Genève son rapport sur la
visite effectuée au Maroc du 15 et 22 septembre 2012. (Cliquer ici pour télécharger le
rapport)
Les victimes de violations
des droits de l’Homme au Maroc ont besoin de notre implication. Le parrainage
est un moyen d’exprimer sa solidarité avec elles.
Continuons à parrainer et à
faire parrainer par d’autres pour briser l’isolement et l’enfermement injustes
auxquels sont soumises ces victimes.
Pour le conseil
d’administration de l’ASDHOM
Ayad
Ahram
Paris, le 11 mars 2013
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