Par Mohcine Achhab, romancier, SOS VILLAGES OUBLIÉS, 3/3/2013
Situation :
Ce sont là, les trois possibilités proposées par les villageois, concernant l’activité masculine, quand à l’activité féminine, ils ont évoqué le besoin d’apprendre le tissage des tapis, ceux fabriqués actuellement sont de qualité médiocre et ne peuvent être commercialisés, aussi un atelier de tricotage pour mieux affronter l’hiver.
MISSION
TASSAMERT
Situation :
Le village de Tassamert se situe au fin fond du Grand Atlas, au bas de
la montagne Assamer qui frôle Jbel El Ayachi.
Il fait partie de la circonscription
d’Amougar, région d’Imilchil, province de Midelt.
Tassamert est le féminin de Assamer qui
veut dire « l’endroit le plus longtemps ensoleillé », d’où le nom de
cette montagne.
Il y a deux villages avoisinants, Afraskou
et Ait Yaecoub qui est un peu plus grand et qu’on peut considérer le chef lieu
local après Amougar où il y a le collège, le médecin et la caïdat…le chef lieu
régional!
Nous sommes partis à trois, Mohcine, Meryem
et Med Talbi du village Ait Yaecoub, nous étions arrivés à la tombée de la nuit
et nous avons été reçus par Mbarek, le président de l’association « Nafia
pour le développement économique et social » qui nous a présentés aux
hommes du village. Nous avons tenu une réunion avec les villageois et qui a
duré trois heures à peu près.
Deux points essentiels ont été traités au
cours de cette réunion : la connaissance du village : statistique, maladies,
scolarisation… et le potentiel développement du village.
Concernant la population du village elle se
compose de :
Hommes
|
87
|
Hommes chargés de famille
|
38
|
Femmes
|
71
|
||
Enfants de moins de 12 ans
|
106
|
||
Garçons
|
41
|
Scolarisés
|
16
|
Filles
|
49
|
Scolarisées
|
21
|
Bébés
De 0 à 24 mois
|
16
|
Soit une population
totale de 264 personnes.
A l’école, deux instituteurs prennent en
charge les 6 différents niveaux du primaire comme suit, les élèves de 1ére et 2
éme en une classe et les quatre autres niveaux dans une autre classe. Les cours
n’ont pu débuter qu’en octobre 2012 après maintes revendications des
villageois. A part les deux classes, l’école ne dispose d’aucune autre
infrastructure, ni sanitaires, ni mur de clôture, ni électricité. Un petit
réservoir d’eau y a été installé récemment
Les vitres des salles de classes cassées ne
sont point réparées. La scolarisation des filles est écourtée à l’âge de 10 ans
– après le 3éme ou le 4éme niveau scolaire ; les garçons à la 6éme année,
du primaire bien sur ! Le seul
élève ayant pu atteindre le niveau du bac, suit ses études actuellement à
Imilchil.
Aussi, le dispensaire le plus proche est
Ait Yaecoub, dans lequel juste un infirmier assure le service. Quant au médecin
–disponible uniquement les jeudis- et la sage femme les plus proches sont à l’hôpital
d’Amougar qui est à 20 km
de Tassamert.
Lors d’un accouchement difficile qui nécessite
l’intervention de la sage femme, les gens font appel à l’ambulance d’Amougar
qui leur revient à 250 DH pour l’hôpital d’Amougar et 500 DH s’ils doivent se
rendre à Rich qui se trouve à quelques 84 km de Tassamert.
Les maladies les plus fréquentes chez les
habitants sont urologiques, intestinales
provoquées essentiellement par la consommation d’une eau non traitée puisque le
village ne dispose toujours pas d’un réseau d’eau potable.
Par ailleurs, les habitants du village ont
invoqué les différents problèmes de santé connus d’eux. Ainsi, ils ont fait cas
de deux femmes paralysées, une autre qui boîte et qui a besoin de béquilles, 5
personnes non-voyantes, une naine et un simple d’esprit. Il est certain qu’une
caravane médicale serait plus à même de donner un diagnostique plus exact.
Côté électricité, en plus de l’école, le local
de l’association Nafia, 8 autres
foyers n’ont pu accéder à l’électricité vu le coût élevé de l’opération qui est
de 2700 DH pour le branchement seulement, plus les frais de poser
l’installation interne qui s’élève à 2500 DH environ, soit un total de plus de
5000 DH.
Après la réunion, les villageois ont tenu à
nous faire visiter la mosquée qui est dans un état de délabrement total, et qui
peut à tout moment s’écrouler (voir photos).
N’oublions pas que dans ce genre de coin la vie
sociale se passe en grande partie autour de la mosquée qui est aussi un lieu de
réunion des villageois.
Outre la mosquée, nous avons visité
la maison du président de l’association, qui à l’instar de la plupart des
maisons du village est complètement dénudée, c.a.d, il n y a ni matelas ni autre
espèce de commodités ; le sol est fait de terre battue.
La deuxième partie de la réunion a été axée
sur les possibilités de développement durable du village.
Très conscients que la caravane qu’ils
attendent avec impatience, ne peut résoudre leurs réels problèmes, les
villageois ont manifesté clairement leur volonté de pouvoir pratiquer des
activités génératrices de revenus.
Dans ce sens, ils préconisent l’élevage car
c’est une peuplade à fort penchant pour les troupeaux et l’aspect montagnard de
la région offre la possibilité d’un bon développement de cette activité ;
quant à l’agriculture, le pommier peut y être introduit vu que le climat et la
nature du sol permettent d’avoir d’excellentes pommes.
Ils ont aussi exprimé l’envie de faire de
l’apiculture.
Ce sont là, les trois possibilités proposées par les villageois, concernant l’activité masculine, quand à l’activité féminine, ils ont évoqué le besoin d’apprendre le tissage des tapis, ceux fabriqués actuellement sont de qualité médiocre et ne peuvent être commercialisés, aussi un atelier de tricotage pour mieux affronter l’hiver.
Ces femmes en question se consacrent aux
travaux les plus durs du village, allant des champs, à la forêt pour bûcher, ramener
les fagots de bois sur leurs dos à travers des chemins très escarpés et bien
sûr les travaux domestiques. Choses qu’elles commencent à l’âge de 14 ans au
maximum, l’âge adulte pour une femme dans ces régions.
Le dernier point soulevé lors de la réunion
est l’alphabétisation qui a été unanimement souhaitée par tous les villageois
et les hommes ont exprimé le souhait que leurs femmes puissent apprendre à lire
et à écrire aussi.
Rappelons que l’unique langue parlée dans
le village est l’Amazigh ; rares sont ceux qui parlent le dialecte arabe.
Les villageois ont beaucoup insisté pour
que nous soyons leur porte-parole,
et rapporter leur situation, telle qu’elle est, afin qu’ils sortent de leur enclavement.
Ils tiennent d’ailleurs à remercier toutes
les personnes qui se solidarisent avec eux dans leur misère !
Alors,
mes amies et amis, vous êtes toujours partants dans cette aventure avec
nous ?
Fait par MerYem
BELARBI ALAOUI
& MohCine ACHHAB Roma
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