15/3/ 2013
Le président de l'Union des juristes sahraouis, M. Abba Haisan, a
appelé la France à observer une position "neutre" et à respecter la
légalité internationale au sujet de la question sahraouie.
"La France se doit d'être neutre et de se conformer à la légalité
internationale au sujet de la question sahraouie, notamment après
l'arrivée au pouvoir des socialistes", a affirmé le responsable sahraoui
au cours d'une conférence de presse mercredi à Alger.
Après avoir rappelé les slogans que la France défend en matière de
protection des droits de l'homme, M. Haisan a indiqué qu'"une partie
importante de la société civile française soutenait le peuple sahraoui
dans la lutte qu'il mène pour recouvrer ses droits et décider de son
avenir".
Par ailleurs, le responsable sahraoui a évoqué dans sa conférence de
presse le verdict prononcé par un tribunal militaire marocain à
l'encontre des militants sahraouis de Gdeim Izik, estimant que ce procès
constituait une étape parmi tant d'autres dans le processus de
"violations gravissimes" perpétrées par les autorités d'occupation
marocaines au lendemain de l'occupation illégale du Sahara occidental
par le Maroc.
"Les lourdes peines prononcées par le tribunal à l'encontre de
militants sahraouis des droits de l'homme sont d'ordre politique et
arbitraires", a ajouté le responsable sahraoui, estimant que le "verdict
était entaché de dépassements, comme l'ont remarqué les observateurs
internationaux présents au moment du procès".
Il a relevé également l'absence de conditions à même d'assurer un
procès "équitable et indépendant" ainsi que "des irrégularités" durant
l'instruction avant que les militants ne soient traduits devant le
tribunal, citant notamment "les procédés policiers dont ils furent
l'objet, la violence corporelle dans les couloirs des postes de police
en présence même du juge d'instruction pour leur soutirer la signature
et l'empreinte digitale qui figureront au bas du procès verbal qui
servira d'aveu".
Tout en soulignant de manière exhaustive les souffrances qu'endure le
peuple sahraoui dans les territoires occupés dans sa lutte pour
arracher ses droits, le responsable sahraoui a souligné que "la
résistance, à l'ère de la domination et de la tyrannie, est la condition
pour vivre libre, et celle que mène pacifiquement le peuple sahraoui,
est une réaction tout à fait naturelle contre l'injustice et les
manœuvres viles visant à le priver de son droit à l'autodétermination".
"Le peuple sahraoui est exposé à l'injustice et l'exclusion malgré la
clarté de son droit et en dépit des résolutions adoptées par la
communauté internationale", a-t-il encore déploré.
A cette occasion le responsable sahraoui a rappelé que la 22ème
session du Conseil de l'ONU pour les droits de l'homme est devenue une
tribune pour dénoncer les crimes perpétrés par le régime marocain au
Sahara occidental, citant le rapport du rapporteur spécial de l'ONU qui
évoque la situation des défenseurs des droits de l'homme dans les
territoires sahraouies occupés où il est interdit de constituer des
associations ou de tenir des rassemblements.
Le rapport fait état également, poursuit le responsable sahraoui, de
l'utilisation de la force par les autorités marocaines contre les
manifestants dont la sécurité corporelle et morale se trouve menacée
ainsi que la torture et la maltraitance pratiquées par la police durant
la détention des militants.
La militante et écrivaine sahraouie Nana Rachid a évoqué, pour sa
part, la situation de la femme sahraouie dans les territoires occupés et
les pressions que lui font subir les autorités marocaines pour
l'empêcher d'exercer ses droits politiques et contribuer à la lutte en
faveur de la cause sahraouie.
Elle a évoqué les formes de répression et de torture que subit la
femme sahraouie à l'intérieur des prisons marocaines ainsi que sa lutte à
l'intérieur des territoires sahraouis occupés pour recouvrer ses droits
légitimes conformément aux résolutions internationales.
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12 mars 2013
Détenus de Gdeïm Izik: le Mrap dénonce "le silence assourdissant" des autorités françaises
Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples
(Mrap) a dénoncé lundi "le silence assourdissant" des autorités
françaises quant à la condamnation par le tribunal militaire de Rabat
des 24 militants sahraouis des droits de l’homme.
"Depuis le 17 février, date de promulgation de ce jugement inique, et
malgré la multiplication de déclarations vantant la volonté de la
France de défendre partout les droits de l’homme, c’est le silence
assourdissant des plus hautes autorités de l’Etat (présidence de la
République, ministère des Affaires étrangères…) qui se rendent ainsi
complices de cette mascarade judiciaire", déplore le Mrap dans un
communiqué parvenu à l’APS.
"La diplomatie française se félicite de ses bonnes relations avec les
autorités marocaines, considérant même que les droits de l’homme sont
respectés au Maroc puisqu’il existe un Conseil national des droits de
l’homme", observe par ailleurs le Mrap qui s’étonne que ce comité "ne se
soit toujours pas exprimé sur ce sujet".
Il demande aux plus hautes autorités politiques françaises de
s’exprimer "sans délais pour demander l’annulation de ce procès ainsi
que la libération des militants condamnés".
Il exhorte, par ailleurs, Paris à mettre en œuvre "très rapidement"
les résolutions de l’Onu pour que soit enfin organisé un référendum
d’autodétermination du peuple Sahraoui.
Le 17 février, le tribunal militaire de Rabat a condamné les 24
détenus politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik à de très lourdes
peines de prison: 9 à perpétuité, 4 à 30 ans (dont Ennâama Asfari
co-président du Comité pour le respect des libertés et des droits
humains au Sahara occidental, Corelso), 7 à 25 ans et 2 à 20 ans.
Ces militants sahraouis des droits de l’homme ont été accusés
d'"atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat",
"formation d'une bande criminelle" et "atteinte aux fonctionnaires
publics dans le cadre de l’exercice de leur fonction".
Ils étaient détenus depuis le 8 novembre 2010, après l’assaut donné
par les forces d’occupation marocaines contre le camp sahraoui de Gdeim
Izik, proche d’El –Ayoun occupé au Sahara occidental, où quelque 40.000
Sahraouis avaient dressé près de 3.000 tentes pour protester
pacifiquement contre l’occupation du Sahara occidental et la violation
des droits de l’homme.
Le Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975, est la
dernière colonie en Afrique. Il est inscrit depuis 1965 sur la liste des
16 territoires non autonomes tenue par le Comité de décolonisation et,
par conséquent, éligible à l’application de la résolution 1514 de
l’Assemblée générale de l’Onu portant sur l’octroi de l’indépendance aux
pays et peuples coloniaux.
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