Par Djamel Boukrine, 9/3/2013
Le Maroc refoule quatre eurodéputés
Le Maroc continue à imposer son black-out sur ses crimes au Sahara
occidental. Après l’expulsion des observateurs indépendants, des
représentants d’ONG et des journalistes, il est passé mercredi à celle
des parlementaires européens.
Le Maroc a refoulé brutalement quatre eurodéputés représentant chacun un
groupe parlementaire (les Socialistes, la Gauche unie, les Libéraux et
les Verts), cinq assistants des autres groupes et un représentant de
l’ONG Oxfam, dès leur arrivée à l’aéroport de Casablanca. Leur tort ?
Vouloir se rendre à El Ayoune, la capitale du Sahara occidental occupée,
pour une mission d’observation et s’enquérir sur place de la situation
des droits de l’Homme. Et ce, conformément aux accords d’association
avec l’Union européenne, qui imposent au Maroc le respect des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales, et à la résolution du Parlement
européen de janvier 2013 qui exige la libération des 24 prisonniers de
Gdeim Izik. Et le respect des droits de l’Homme au Sahara occidental,
suite « aux graves violations » des droits de l’Homme, signalées par le
rapporteur spécial des Nations unies pour le Sahara occidental et aux
rapports d’Amnesty internationale et des organisations de défenses des
droits de l’Homme.
De retour à Bruxelles, les députés de l’Union européenne, qui ont «
dénoncé » cette « humiliante » et « inacceptable » décision, ont
interpellé le président du PE et la chargée des relations extérieures de
la Commission « où plusieurs résolutions ont été votées pour dénoncer
la violation des droits de l’Homme au Sahara occidental et au Maroc ». «
Dans ma carrière de diplomate et, actuellement, d’Eurodéputé, je n’ai
jamais vu un tel comportement », déclare Ivo Vajgl, le député slovène du
groupe ALDE (Centre droite), qualifiant dans la foulée la lettre de
l’ambassadeur du Maroc à Bruxelles, justifiant cette grave décision, de «
chef-d’œuvre de mauvais comportement diplomatique ».
Comme mesure de rétorsion, il demande, avec ses collègues,
l’interdiction d’accès du diplomate marocain au Parlement. Vincent Ramon
Gorles (Espagne) du groupe socialiste européen, relève l’« extrême
gravité de l’acte » de refoulement. Les agents chargés de les refouler
leur auraient signifié que « les ordres viennent d’en haut », dit-il.
Isabella Lavin, une Suédoise du groupe des Verts européens, a qualifié
l’attitude des autorités marocaines de « choquante, inadmissible et
inacceptable ». Selon elle, le groupe des Verts au PE « continuera de
réagir ».
Brahim Ghali, l’ambassadeur sahraoui à Alger, demande au Parlement
européen et l’ONU de réagir « fermement ». « Je condamne cet acte et
j’espère que le Parlement européen, l’Union européenne et les Nations
unies, y compris le Conseil de sécurité, réagissent d’une façon ferme
quant à cette attitude », dit-il. Pour Mohamed Sidati, le ministre
sahraoui délégué pour l’Europe, ce « très inquiétant » refoulement
montre clairement que le Maroc « a quelque chose à cacher dans le
territoire qu’il occupe en toute impunité ». L’Union européenne
pourra-t-elle rester indifférente après l’expulsion de ses députés ?
A New York, au siège de l’ONU, la situation des droits de l’Homme au
Sahara occidental qui semble intéresser le Vieux continent a été, mardi,
au centre d’une conférence qui a suscité un intérêt particulier. Parmi
les présents, Christopher Ross, l’envoyé personnel du Secrétaire général
de l’ONU pour le Sahara occidental, les ambassadeurs des membres du
Conseil de sécurité, dont Susan Rice, Mme Aminetou Haidar, Santiago
Canton, directeur du Centre Robert F. Kennedy et Javier Bardem, l’acteur
espagnol de renommée mondiale qui a projeté son film-documentaire,
intitulé « Enfants des nuages : la dernière colonie », en signe de
soutien à la cause sahraouie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire