C'est
une peine lourde. Une condamnation que Claude Mangin n'avait pas voulu
imaginer. Lundi 17 février, son mari Naama Asfari a été condamné à 30
ans de prison devant le tribunal militaire de Rabat. Il y a quelques
semaines, nous avions raconté dans La Vie le parcours de cette
française dont le mari, militant sahraoui, était emprisonné depuis deux
ans au Maroc, accusé avec 23 autres militants (dont un par contumace) de
meurtres de policiers et de militaires lors du démantèlement d'un camp
de protestation sahraoui en 2010. Les autres accusés ont pris deux ans
d'emprisonnement à la perpétuité.
Le 10 octobre 2010, 20 000 Sahraouis
se rassemblent ainsi à Gdeim Izik, à 16 km de El-Aiun, la capitale du
Sahara occidental, dans un campement de « khaïma », les tentes
traditionnelles de ce peuple nomade. Ils protestent contre les
discriminations dont ils sont victimes et réaffirment le droit des
Sahraouis à l’autodétermination. Naama Asfari en est l’un des leaders.
Mais le 8 novembre 2010, le campement est violemment démantelé par
l’armée et la police marocaines. Les Sahraouis se défendent. Difficile
de savoir ce qui s’est réellement passé. Il y aurait eu 11 ou 12 morts,
selon les sources, chez les militaires et les policiers marocains. Naama
Asfari a été arrêté la veille, le 7 novembre. Qu’importe, il est accusé
des meurtres.
Le sujet est extrêmement sensible pour la monarchie chérifienne.
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental fut l’enjeu d’une guerre entre le Maroc et le Front Polisario, qui s’est terminée par un cessez-le-feu en 1991 et la promesse d’un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui, qui n’a toujours pas eu lieu. Mais le royaume s’obstine à considérer comme sien ce territoire grand comme la moitié de la France, bande de désert qui plonge dans l’océan Atlantique. Les militants sahraouis sont harcelés, leurs manifestations sont réprimées violemment. Dans les prisons, ils sont torturés, comme les 24 de Gdeim Izik.
Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental fut l’enjeu d’une guerre entre le Maroc et le Front Polisario, qui s’est terminée par un cessez-le-feu en 1991 et la promesse d’un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui, qui n’a toujours pas eu lieu. Mais le royaume s’obstine à considérer comme sien ce territoire grand comme la moitié de la France, bande de désert qui plonge dans l’océan Atlantique. Les militants sahraouis sont harcelés, leurs manifestations sont réprimées violemment. Dans les prisons, ils sont torturés, comme les 24 de Gdeim Izik.
Amnesty International a dénoncé un « jugement inique »
et demandé qu’une enquête indépendante soit menée sur les allégations
de torture. « Plus de deux ans après, et malgré les appels répétés
d’Amnesty International et d’autres, les autorités marocaines doivent
encore diligenter une enquête indépendante et impartiale sur les
atteintes aux droits humains commises en lien avec les événements du 8
novembre 2010. »
L'acteur espagnol Javier Bardem, qui a produit un documentaire sur le Sahara occidental intitulé Les enfants des nuages, la dernière colonie,
récompensé par un Goya d'or, a profité de la remise du prix à Madrid
dimanche 17 février pour dénoncer le jugement. Et demander à l'Etat
espagnol de s'opposer à « des peines injustes et disproportionnées.» http://youtu.be/0na-lWXupGE
* Retrouvez notre reportage "La Française, le Sahara et le Roi" dans La Vie n°3516 du 17 janvier (page 11), disponible à l'achat en version numérique.
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