Par Hasna Daoudi, atlasinfo, 9/3/2013- 10/3/2013
Des centaines de manifestants ont crié vendredi à Fès (centre du Maroc) leur colère en réclamant que "toute la lumière soit faite" sur l'assassinat en 1993 de l'étudiant gauchiste Benaissa Aït El Jid, dont le crime n'a pas encore été totalement élucidé. Malgré les appels incessants de sa famille et de ses amis pour que justice leur soit rendue, cette affaire "traîne sans aucune raison", selon sa famille.
La famille de la victime accuse nommément le Pjdiste Abdelali Hamiddine
Sous une pluie battante, les manifestants ont scandé des slogans
appelant "à la fin de l'impunité, à la réouverture de ce dossier et à la
fin de l'extrémisme religieux dans les facultés". "Les agresseurs
courent toujours", ont-ils déploré avant de se recueillir sur le lieu où
avait été mortellement agressée Benaissa Aït Jdid.
Ce dernier Aït El Jid a été lâchement assassiné par des étudiants
appartenant à la mouvance islamiste de Fès. Le drame était survenu après
des débats houleux survenus au sein de la faculté de droit entre
étudiants de gauche et ceux de l'islamisme radical,.
Ce 25 février 1993, un groupe d'étudiants, affiliés à deux
factions islamistes alliées, Al AdlWa Al Ihsan (Justice et Bienfaisance)
et Al Wahda wa Ttawasoul (Unité et Communication), affiliée à L'islah
wa Ttaouhid, futur Parti de Justice et Développement (PJD), interceptent
un taxi à proximité du campus universitaire de Dhar Lmahraz à Fès dans
lequel se trouvaient deux étudiants, AÏt El Jid et Haddioui El Khemmar,
tous deux appartenant à une faction gauchiste. Les deux étudiants ont
été extirpés du taxi et sauvagement agressés. L'étudiant Aït El Jid
succombera, le 1er mars 1993, à ses blessures et à un sévère traumatisme
crânien.
Le Pjdiste Abdelali Hamiddine, accusé par la famille
De son vivant, Benaissa AÏt El Jid, connu pour ses convictions
politiques de gauche, était responsable au sein de la commission
transitoire universitaire où étaient représentées toutes les factions
historiques de l'Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM).
Vingt ans après son assassinat, la famille crie sa colère, dénonce
le silence entourant ce crime et exige du ministre de la Justice toute
la vérité sur cet assassinat. Un premier procès avait alors condamné un
prévenu, Omar Mouhib, membre de la mouvance Al Adl wal Ihsane, à deux
années de prison, un verdict jugé "trop clément" par la famille de la
victime.
Hamiddine (à gauche) et la victime
Très affectée, celle-ci réclame 20 ans après les faits la
réouverture de ce dossier afin que "d'autres responsables de ce crime
soient jugés", notamment Abdelali Hamiddine, membre du secrétariat
général du PJD, dont le chef est le Premier ministre Abdalilah
Benkirane. A l'époque des faits, Hamiddine était un militant actif au
sein de la faction estudiantine islamiste «Islah wa Tajdid», branche du
parti «Tawhid wal islah», actuel PJD.
Une plainte adressée au ministre de la Justice et des Libertés
Publiques, l'islamiste Mustapha Ramid (PJD), comportait plusieurs noms
accusés par la famille d’Aït El Jid, dont celui d'Abdelali Hamiddine.
Or, M. Ramid n'a toujours pas ordonné une nouvelle enquête sur cette
affaire, visant notamment l'un des dirigeants de son parti.
"Nul n’est au-dessus de la loi"
Pour la famille de la victime, l'impunité dont jouissent certains
assaillants n'est plus acceptable. "Nul n'est au-dessus de la loi", ont
crié les manifestants réclamant que justice soit faite. La famille
pointe du doigt Abdelali Hamiddine, lequel avait purgé deux ans dans la
prison de Ain Kadouss de Fès, avant d’être relâché.
Haddioui El Khemma, le témoin oculaire, qui partageait le taxi
avec la victime au moment de leur agression, avait déclaré avoir reconnu
Hamiddine en tant que participant à l'agression de Benaissa Ait El Jid.
"Nul n'est au-dessus de la loi", clame la famille qui espère que
le dossier sera rouvert malgré les éventuelles conséquences politiques,
eu égard aux lourdes responsabilités qu'assume le parti de Hamiddine
dans le présent gouvernement.
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