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samedi 30 novembre 2013

Risque de conflit armé ? Le Maroc va augmenter substantiellement le budget de l’armée


Par Badr Soundouss, 29/11/2013
  Mohamed VI recevant le général Abdelaziz Bennani (Photo Le Matin)
Mohamed VI recevant le général Abdelaziz Bennani (Photo Le Matin)
Sur sa lancée bienfaitrice, le gouvernement marocain de l’islamiste Abdelilah Benkirane n’a pas augmenté seulement les prix des carburants, des produits de première nécessité et le budget royal, mais pour faire plaisir à tout le monde il s’apprête à augmenter le budget de la défense, autrefois appelé budget de guerre.
C’est ce qui ressort d’un rapport confidentiel publié par le site spécialisé Strategic Defence Intelligence (SDI), et qui est repris par un autre site, DefenceWeb
Selon ce rapport, à partir de l’année prochaine la somme allouée aux armées marocaines passera de 3,8 milliards de dollars en 2014, à 4,5 milliards de dollars en 2018.
Cet argent ne servira évidemment pas pour faire du social et améliorer un petit chouia le sort des pauvres militaires retraités qui ont défendu leur pays durant la guerre du Sahara, mais pour acquérir des avions militaires, des véhicules blindés, des systèmes de radar, des sous-marins à propulsion Diesel-électrique et des navires de guerre.
Dans une phrase mi-figue mi raisin, SDI explique que « le futur de la défense marocaine est un marché attractif », avec une augmentation annuelle des flouss alloués à la défense de 4,4%.
En ce temps de vaches maigres, c’est plutôt Byzance !
Mais bon, si on peut comprendre que le pays a le droit de moderniser ses forces armées pour se défendre contre ses ennemis extérieurs, ce rapport intrigue quand il évoque une menace intérieure. Une phrase interpelle le lecteur attentif. C’est que cette « modernisation » des armées ne va pas servir uniquement pour défendre les frontières du territoire national, lutter contre la contrebande des armes, le trafic de drogue (!), la menace terroriste,  et se prémunir contre un probable retour aux armes du Front Polisario, mais aussi, comme le souligne SDI, pour des « exigences de la sécurité intérieure ».
Mais que veut dire donc « exigences de la sécurité intérieure » ? Qui menace la stabilité intérieure du Maroc pour que ce soit l’armée et non les forces conventionnelles du ministère de l’intérieur ou de la gendarmerie qui soit chargée du maintien de l’ordre royal ?
Car ces derniers temps, nous avons plutôt entendu les responsables marocains vanter à Washington la « stabilité » intérieure du Maroc.
L’autre point fort du rapport concerne la corruption. Le Maroc étant classifié par des organisations internationales, souligne le SDI, « comme un pays hautement corrompu ». « Le manque de transparence » dans les affaires liées à la défense nationale, lit-on, la « politique sécuritaire » et « l’absence d’audit interne » du département chargé de l’administration de la défense nationale a « aggravé le niveau de corruption dans ce secteur ».
Ce qui veut dire que ceux qui sont chargés de négocier les contrats d’achat d’armement avec les Etats-Unis et certains pays d’Europe occidentale, pays alliés traditionnels du Maroc, s’en mettent plein les poches.
Qui sont ces honnêtes gens, civils et militaires, hommes de la plus haute confiance du sultan, qui se servent des intérêts supérieurs de la nation pour s’enrichir ? Apparemment, le Maroc ne va pas seulement doper ses forces armées, mais il va également fortifier les comptes bancaires à l’étranger de certains « patriotes ».
Et quand on sait que la justice marocaine n’a absolument rien entrepris pour enquêter sur l’achat de deux appartements parisiens par l’ancienne ministre de la santé, Yasmina Baddou, une civile, imaginez enquêter sur un militaire…. Surtout si c’est un gradé.
Garde à vous !

Post-Scriptum : Pour les nuls, le Maroc n’a plus de ministère de la défense depuis le « suicide » par Hassan II du général Mohamed Oufkir en 1972. Ce département s’appelle aujourd’hui « Administration de la défense nationale » et il est dirigé par un ministre délégué auprès du chef du gouvernement. Son titulaire actuel est Abdellatif Loudiyi, un civil. Mais comme c’est le roi, de par sa condition de chef suprême des armées, qui mène la danse, ce département, squelettique en comparaison des centaines de milliers de personnes sous les drapeaux et de l’exorbitant budget qui lui est alloué, fait seulement de la petite intendance. 
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