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samedi 15 juin 2013

90.000 enfants dont 80 000 "petites bonnes" travaillent au Maroc

Par Bladi.net, 13 juin 2013

Plus de 90.000 enfants travaillent au MarocQuelque 92.000 enfants âgés de 7 à 15 ans travaillaient au Maroc en 2012. 92,4% d’entre eux résident en milieu rural, 21,7% travaillent en parallèle à leurs études, 59,2% ne fréquentent plus l’école et 19,1% n’y ont jamais mis les pieds.

Ces chiffres, publiés par le Haut Commissariat au Plan à l’occasion de la journée mondiale contre le travail des enfants célébrée le 12 juin, nous apprennent également que l’écrasante majorité, soit 9 enfants sur 10 en milieu rural, travaille pour aider sa famille.
En milieu urbain, 51,5% des enfants sont des apprentis, notamment dans les secteurs des services et de l’industrie, 25,3% sont des aides familiales, 22,1% sont salariés. En milieu rural, 95,5% des enfants travaillent dans l’agriculture, la forêt et la pêche.
Le travail des enfants est majoritairement masculin avec 54,1%, dont 51,1% en milieu rural et 90,3% en ville, et concernait 517.000 enfants en 1999. En 2011 ils étaient 123.000 à travailler avant l’âge légal.
Quelque 76.533 ménages, soit 1,1% des ménages marocains, font travailler leurs enfants, conclut le HCP dans son rapport.
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 Omar El Kindi, président de l'Association Insaf :

“Le travail des petites bonnes résulte des programmes socio-économiques qui ont failli”

Dernière mise à jour :

/DR80.000 filles de moins de 15 ans sont exploitées comme “petites bonnes” au Maroc et 60% des familles employeuses sont au fait de l’illégalité découlant du travail des enfants. Ces données filtrent de l’étude du Collectif “Pour l’éradication de l’exploitation des filles mineures dans le travail domestique”, publiée jeudi, à l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants. Éclairages avec Omar El Kindi, président de l’association INSAF.


Omar El Kindi (c), président de l'Association Insaf. /DR


Omar El Kindi (c), président de l'Association Insaf. /DR Propos recueillis par Kisito Ndour Agrandir





Comment avez-vous réalisé votre étude ?
Notre étude a été réalisée par un cabinet de conseil et pilotée par un expert expérimenté. Par contre, tout comme d’autres ONG (Human Right Watch), nous divergeons avec les données communiquées par le Haut commissariat au plan (HCP), qui parle de 92.000 enfants travaillant encore au Maroc en 2012. Un chiffre élevé mais en diminution. Cependant, nous considérons que notre mission ne doit pas être “polluée” par une quelconque polémique. Il suffit qu’il y ait 100 “petites bonnes” dans notre pays pour que notre combat mérite d’être mené.

D'après vous, qui est responsable de l'emploi illégal des enfants comme “petites bonnes” ? Leurs parents ou les familles employeuses ?
Nous ne raisonnons pas en termes de responsabilités directes dans la prolifération du marché des “petites bonnes”. Nous considérons que les causes relèvent de choix et de programmes socio-économiques qui ont failli.
La responsabilité des familles employeuses est grande car près de deux tiers d'entre elles savent que le travail des enfants est illégal. Les intermédiaires qui assurent l’approvisionnement de ce marché qui relève de l’esclavage, ont également une grande responsabilité. Quant aux familles “émettrices”, plus de la moitié ignorent la législation sur la scolarisation obligatoire et l’interdiction du travail des enfants. Ce qui n'exclut pas qu'elles soient responsables de l’abandon de leurs filles et de leur privation de droits fondamentaux.
Le problème est très complexe et doit être abordé en amont, par la résolution des aspects socio-économiques, en particulier dans le milieu rural; et en aval par des actions intégrées et cohérentes de lutte contre le travail des “petites bonnes” là où elles sont exploitées.

Vous demandez une loi spécifique qui sanctionnerait l'emploi des filles mineures. Qu'en est-il de la législation actuelle ?
La législation actuelle contient des éléments qui permettent d’agir: la loi sur la scolarisation obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans et le Code du travail, qui interdit le travail des moins de 15 ans. Cependant, nous demandons une loi comprenant les modalités juridiques et pratiques de protection, de prise en charge et de réparation. Le processus de prise en charge d’une fillette qui travaille comprend l’identification et l’information, le retrait du lieu d’exploitation, la prise en charge et la réinsertion. C’est un processus difficile et long. Il peut durer 4 à 7 ans.

Vous demandez à l'État de “définir le rôle des acteurs associatifs et le mode de leur intervention dans le processus de prévention contre l’exploitation des petites bonnes, la protection et la réinsertion des filles retirées du travail”. En quoi votre marge de manœuvre est-elle limitée ?
Nous posons, tout d’abord, des questions de principe. Pourquoi l’État déserte-t-il le terrain de la lutte contre ce type de dérives sociales, pourtant au cœur de sa mission? Pourquoi des organes de l’État traitent-ils les associations comme des subalternes ou des concurrents? Des associations qui agissent là où ils ont failli pour répondre à des demandes sociales réelles et urgentes. Pourquoi tant d’atermoiements pour donner aux associations la place de partenaire confirmée par la Constitution, avec toutes les prérogatives qu’elle impose?
Dans la lutte contre le travail des “petites bonnes”, le principal obstacle est d’ordre juridique. Personne n’est habilité aujourd’hui à intervenir dans le domicile d’une famille qui emploie une “petite bonne”. Par ailleurs, la prise en charge de la fillette retirée du lieu de son exploitation doit être assurée suivant une procédure réglementée.
L’autre obstacle majeur est d’ordre matériel. Les moyens des associations sont limités et nous avons de plus en plus de mal à convaincre les bailleurs de fonds de financer des activités qui relèvent de la mission de l’État. Dans le même temps, les départements ministériels, à l’exception de deux ou trois, ne semblent pas disposés à mettre la main à la poche.

Vous avez entrepris des programmes de retrait des “petites bonnes” et leur réinsertion. Comment cela se fait-il concrètement ? Avez-vous des chiffres ?
Depuis 2007, nous avons parrainé plus de 300 filles, dont 250 dans la province de Chichaoua, 50 à El Kelaâ et trois dans la province d’El Jadida. Deux de ces filles ont obtenu le baccalauréat. Deux autres poursuivent leurs études à l’université. 33 filles sont inscrites, cette année, au collège et au lycée.
Nous sommes conscients d’être loin du compte, mais nous considérons que ce que nous avons réalisé devrait servir de cadre pour élaborer des programmes (pilotes). C’est la proposition que nous avons faite plusieurs fois au ministère de la Solidarité, de la famille, de la femme et du développement social.
Nous attendons la réponse.

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