Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°27 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au
Maroc, 13/6/2013
Gilles
Perrault, parrain de notre campagne de
parrainage de prisonniers politiques au Maroc, disait à son lancement que
« Parrainer un ou une prisonnière politique représente
un geste de solidarité élémentaire auquel nul ne doit se dérober. C’est briser
la solitude que peut ressentir celui ou celle qu’on parraine. C’est réconforter
les familles. C’est aussi et surtout démontrer au pouvoir que ses victimes ne
sont pas à sa merci, ignorées du monde extérieur, livrées à sa
vindicte. »
Et si
aujourd’hui l’ASDHOM reprend cet appel avec insistance c’est parce qu’il devient urgent d’agir en faveur de tous les
détenus politiques et syndicaux au Maroc et parmi eux les grévistes de la
faim. Les rapports et les témoignages qui nous parviennent des cinq
grévistes de la faim de Meknès sont plus qu’alarmants. Hassan Koukou, Soufiane Sghéri, Mounir Aït Khafou,
Hassan Ahmouch et Mohamed Eloualki sont en grève de la faim ouverte depuis le 11
mars 2013. Ils entament leur troisième mois dans des conditions de santé
déplorables. Perte de poids, vomissements, évanouissements, tension anormale,
hémorragies, etc. sont le lot quotidien de ces militants de l’Union Nationale
des Étudiants du Maroc (UNEM), arrêtés en décembre 2012 et incarcérés depuis,
sans jugement, à la prison locale Toulal 2 de
Meknès.
Après
avoir arraché quelques acquis suite au dialogue qu’ils ont eu avec
l’administration pénitentiaire et des représentants du CNDH, les cinq grévistes de la faim ont
constaté le recul sur les promesses faites et notamment celles qui concernent
leur libération et la tenue de leur procès dans les meilleurs délais. Cette
situation les a conduits à poursuivre leur
grève de la faim tout en refusant de s’alimenter en eau et en sucre.
Trois d’entre eux vont gravement souffrir ce qui va nécessiter plusieurs
hospitalisations. Transférés d’urgence le 2
juin à l’hôpital Mohamed V de Meknès, Hassan Koukou et Soufiane Sghéri, vont
subir mauvais traitement pendant 5 jours : Menottés et attachés au lit de
l’hôpital, ils étaient sous surveillance accrue. Les médecins ont tenté de les
alimenter de force, ce qu’ils ont refusé. Leurs familles ont, elles aussi, goûté
à ce traitement inhumain. Pour rendre visite à leurs fils, elles devaient
demander à chaque fois l’autorisation d’un quart d’heure au procureur du roi
près le tribunal d’appel de Meknès.
L’ASDHOM qui ne les oublie pas, demande aux autorités marocaines de satisfaire en
urgence leurs revendications. Elles porteront toute la responsabilité
de l’éventuel drame qui guète ces grévistes de la faim. Elle demande également à toutes les ONG des droits
humains et à tous les épris de justice d’intervenir auprès des autorités
marocaines pour leur sauver la
vie.
Nous
apprenons que des militants des droits
humains au Maroc et notamment à El-Jadida, initient une occupation ouverte accompagnée d’une grève de la faim
à partir du 12 juin 2013 en soutien aux cinq grévistes de Meknès. Ils
en appellent à tous les démocrates et à leurs structures de faire pareil à
travers tout le Maroc.
Les
autres informations qui nous parviennent ne sont pas moins inquiétantes. La
série des procès à Fès continue contre les militant-e-s de
l’UNEM.
Groupe
UNEM-Fès : Cinq
militants (Mohamed Ghalout, Mohamed Zaghdidi,
Mohamed Fattal, Brahim Saïdi et Mohamed Kachkachi) ont été traduits le 11 juin 2013 devant la cour
d’appel de Fès en compagnie de leur camarade, la militante Fatima-Zahra Maklaoui,
poursuivie en liberté provisoire et qui avait écopé de 3 mois de prison avec
sursis. Nous rappelons que ces cinq militants avaient écopé le 18 avril 2012 d’une peine de 3 mois
de prison ferme.
D’autres militants du groupe des 22
arrêtés après les protestations estudiantines du 15 avril 2013 ont,
heureusement, recouvré leur liberté. C’est le cas de Mohamed Harras qui a rejoint les siens le 5 juin après
avoir purgé sa peine d’emprisonnement.
Plusieurs témoignages sur les
conditions d’arrestation et de détention de ce groupe nous sont parvenus.
L’ASDHOM les publiera après traduction sur la rubrique de son site www.asdhom.org, consacrée à cette
campagne.
Groupe
Ifni : Après les deux frères Lambidae, arrêtés et condamnés à 8 mois de prison ferme et 1000 DH d’amende
chacun, deux autres militants
viennent d’être arrêtés le 6 juin 2013 pour le même motif :
Participation aux événements qui avaient éclaté à Ifni le 29 avril dernier pour
réclamer des emplois.
Rachid Bouhafra
et Mohamed Amzouz ont été présentés le 11 juin au tribunal de première instance
de Tiznit. Leur procès a été reporté au 18 juin
2013. Les familles, soutenues par
l’AMDH, l’ANDCM et ATTAC-Maroc,
ont observé un sit-in de solidarité pour réclamer leur libération. La liberté
provisoire leur a été refusée par le tribunal. Pour rappel, Mohamed Amzouz est
un ancien détenu des événements de samedi 7 juin 2008, connu sous le nom de
« samedi noir d’Ifni ». Il est poursuivi actuellement sur la base d’un dossier
de 2010. Décidemment, tous les prétextes sont bons pour faire tomber les
militants.
Groupe
Sahraouis: La
demande en révision du procès de quatre prisonniers sahraouis (Mahjoub Oulad Cheikh, Kamal Treh, Mohamed Manolo et
Abdelaziz Baray), incarcérés à la prison de Laâyoune au Sahara,
a enfin été transmise le 6 juin à la cour de
cassation de Rabat. Condamnés à 3 ans de prison ferme depuis
septembre 2011 après les événements de Dakhla, ils espèrent, sans illusion, que
la cour de cassation accepte la révision de leur
procès.
À
Smara, quatre autres Sahraouis
viennent d’être arrêtés les 27 et 28 mai
2013 suite aux manifestations qui ont suivi la décision du Conseil de
Sécurité sur le mandat de la MUNIRSO. Il s’agit de Sidi Mohamed Mellah, Mohamed Sallouh, Mahmoud Hanoun
et d’Ajouad Farrah. Un autre jeune de 19 ans (Hamza Jmaï), arrêté à Smara le 4
juin, a été traduit le 7 juin devant le juge d’instruction près la cour d’appel
de Laâyoune. Ils s’ajoutent aux cinq déjà arrêtés à Laâyoune le 9 mai
(Yacine Sidati, Mohamed Gharnit, Aziz
Hrimich, Youssef Bouzid et le mineur Hussein Abah). Les dix manifestants sahraouis sont en détention
provisoire à la prison de Laâyoune en attendant leur
procès.
Groupe Kalaât
Sraghna :
Aujourd’hui, jeudi 13 juin 2013,
Safi-Eddine El-Boudali, Abdennaji Koumri et
Azzedine Louzi, trois militants et responsables politiques du
PADS, de l’AMDH, de l’ANDCM et du mouvement 20-Février de Kalaât Sraghna,
vont comparaitre pour la nième
fois (voir nos points précédents)
devant le tribunal de la ville pour avoir
distribué des tracts appelant au boycott des élections législatives de novembre
2011. L’ASDHOM se joint à leur défense et à leurs soutiens pour
dénoncer un procès politique.
Pour
clore ce point hebdomadaire, nous signalons que le militant, responsable syndicaliste, Hamid
Majdi, qui avait été innocenté par le tribunal de Marrakech dans
l’affaire « de possession de drogue », n’a
pas encore fini avec les ennuis de la justice marocaine. Celle-ci
compte le poursuivre dans plusieurs d’autres affaires. Décidément, sa dernière
relaxe et le mouvement de soutien qu’a suscité son procès restent au travers de
la gorge des autorités marocaines. Elles sont décidées à lui pourrir la
vie.
L’ASDHOM qui reste vigilante,
condamne toutes ces intimidations et n’hésite pas à dénoncer toute répression
s’abatant sur les militant-e-s pour un État de droit au
Maroc.
Pour le
bureau exécutif
Ayad
Ahram
Président de
l’ASDHOM
Paris,
le 13 juin 2013
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