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samedi 15 juin 2013

Point hebdomadaire n°27 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc



Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc

ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre




Point hebdomadaire n°27 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc, 13/6/2013



Gilles Perrault, parrain de notre campagne de parrainage de prisonniers politiques au Maroc, disait à son lancement que « Parrainer un ou une prisonnière politique représente un geste de solidarité élémentaire auquel nul ne doit se dérober. C’est briser la solitude que peut ressentir celui ou celle qu’on parraine. C’est réconforter les familles. C’est aussi et surtout démontrer au pouvoir que ses victimes ne sont pas à sa merci, ignorées du monde extérieur, livrées à sa vindicte. »

Et si aujourd’hui l’ASDHOM reprend cet appel  avec insistance c’est parce qu’il devient urgent d’agir en faveur de tous les détenus politiques et syndicaux au Maroc et parmi eux les grévistes de la faim. Les rapports et les témoignages qui nous parviennent des cinq grévistes de la faim de Meknès sont plus qu’alarmants. Hassan Koukou, Soufiane Sghéri, Mounir Aït Khafou, Hassan Ahmouch et Mohamed Eloualki sont en grève de la faim ouverte depuis le 11 mars 2013. Ils entament leur troisième mois dans des conditions de santé déplorables. Perte de poids, vomissements, évanouissements, tension anormale, hémorragies, etc. sont le lot quotidien de ces militants de l’Union Nationale des Étudiants du Maroc (UNEM), arrêtés en décembre 2012 et incarcérés depuis, sans jugement, à la prison locale Toulal 2 de Meknès.

Après avoir arraché quelques acquis suite au dialogue qu’ils ont eu avec l’administration pénitentiaire et des représentants du CNDH, les cinq grévistes de la faim ont constaté le recul sur les promesses faites et notamment celles qui concernent leur libération et la tenue de leur procès dans les meilleurs délais. Cette situation les a conduits à poursuivre leur grève de la faim tout en refusant de s’alimenter en eau et en sucre. Trois d’entre eux vont gravement souffrir ce qui va nécessiter plusieurs hospitalisations. Transférés d’urgence le 2 juin à l’hôpital Mohamed V de Meknès, Hassan Koukou et Soufiane Sghéri, vont subir mauvais traitement pendant 5 jours : Menottés et attachés au lit de l’hôpital, ils étaient sous surveillance accrue. Les médecins ont tenté de les alimenter de force, ce qu’ils ont refusé. Leurs familles ont, elles aussi, goûté à ce traitement inhumain. Pour rendre visite à leurs fils, elles devaient demander à chaque fois l’autorisation d’un quart d’heure au procureur du roi près le tribunal d’appel de Meknès.        

L’ASDHOM qui ne les oublie pas, demande aux autorités marocaines de satisfaire en urgence leurs revendications. Elles porteront toute la responsabilité de l’éventuel drame qui guète ces grévistes de la faim.  Elle demande également à toutes les ONG des droits humains et à tous les épris de justice d’intervenir auprès des autorités marocaines pour leur sauver la vie.

Nous apprenons que des militants des droits humains au Maroc et notamment à El-Jadida, initient une occupation ouverte accompagnée d’une grève de la faim à partir du 12 juin 2013 en soutien aux cinq grévistes de Meknès. Ils en appellent à tous les démocrates et à leurs structures de faire pareil à travers tout le Maroc.



Les autres informations qui nous parviennent ne sont pas moins inquiétantes. La série des procès à Fès continue contre les militant-e-s de l’UNEM.



Groupe UNEM-Fès : Cinq militants (Mohamed Ghalout, Mohamed Zaghdidi, Mohamed Fattal, Brahim Saïdi et Mohamed Kachkachi) ont été traduits le 11 juin 2013 devant la cour d’appel de Fès en compagnie de leur camarade, la militante Fatima-Zahra Maklaoui, poursuivie en liberté provisoire et qui avait écopé de 3 mois de prison avec sursis. Nous rappelons que ces cinq militants avaient écopé le 18 avril 2012 d’une peine de 3 mois de prison ferme.

D’autres militants du groupe des 22 arrêtés après les protestations estudiantines du 15 avril 2013 ont, heureusement, recouvré leur liberté. C’est le cas de Mohamed Harras qui a rejoint les siens le 5 juin après avoir purgé sa peine d’emprisonnement.  

Plusieurs témoignages sur les conditions d’arrestation et de détention de ce groupe nous sont parvenus. L’ASDHOM les publiera après traduction sur la rubrique de son site www.asdhom.org, consacrée à cette campagne.



Groupe Ifni : Après les deux frères Lambidae, arrêtés et condamnés à 8 mois de prison ferme et 1000 DH d’amende chacun, deux autres militants viennent d’être arrêtés le 6 juin 2013 pour le même motif : Participation aux événements qui avaient éclaté à Ifni le 29 avril dernier pour réclamer des emplois.

Rachid Bouhafra et Mohamed Amzouz ont été présentés le 11 juin au tribunal de première instance de Tiznit. Leur procès a été reporté au 18 juin 2013. Les familles, soutenues par l’AMDH, l’ANDCM et ATTAC-Maroc, ont observé un sit-in de solidarité pour réclamer leur libération. La liberté provisoire leur a été refusée par le tribunal. Pour rappel, Mohamed Amzouz est un ancien détenu des événements de samedi 7 juin 2008, connu sous le nom de « samedi noir d’Ifni ». Il est poursuivi actuellement sur la base d’un dossier de 2010. Décidemment, tous les prétextes sont bons pour faire tomber les militants.



Groupe Sahraouis: La demande en révision du procès de quatre prisonniers sahraouis (Mahjoub Oulad Cheikh, Kamal Treh, Mohamed Manolo et Abdelaziz Baray), incarcérés à la prison de Laâyoune au Sahara, a enfin été transmise le 6 juin à la cour de cassation de Rabat. Condamnés à 3 ans de prison ferme depuis septembre 2011 après les événements de Dakhla, ils espèrent, sans illusion, que la cour de cassation accepte la révision de leur procès.

À Smara, quatre autres Sahraouis viennent d’être arrêtés les 27 et 28 mai 2013 suite aux manifestations qui ont suivi la décision du Conseil de Sécurité sur le mandat de la MUNIRSO. Il s’agit de Sidi Mohamed Mellah, Mohamed Sallouh, Mahmoud Hanoun et d’Ajouad Farrah. Un autre jeune de 19 ans (Hamza Jmaï), arrêté à Smara le 4 juin, a été traduit le 7 juin devant le juge d’instruction près la cour d’appel de Laâyoune. Ils s’ajoutent aux cinq déjà arrêtés à Laâyoune le 9 mai (Yacine Sidati, Mohamed Gharnit, Aziz Hrimich, Youssef Bouzid et le mineur Hussein Abah). Les dix manifestants sahraouis sont en détention provisoire à la prison de Laâyoune en attendant leur procès.



Groupe Kalaât Sraghna : Aujourd’hui, jeudi 13 juin 2013, Safi-Eddine El-Boudali, Abdennaji Koumri et Azzedine Louzi, trois militants et responsables politiques du PADS, de l’AMDH, de l’ANDCM et du mouvement 20-Février de Kalaât Sraghna, vont comparaitre pour la nième fois (voir nos points précédents) devant le tribunal de la ville pour avoir distribué des tracts appelant au boycott des élections législatives de novembre 2011. L’ASDHOM se joint à leur défense et à leurs soutiens pour dénoncer un procès politique.



Pour clore ce point hebdomadaire, nous signalons que le militant, responsable syndicaliste, Hamid Majdi, qui avait été innocenté par le tribunal de Marrakech dans l’affaire « de possession de drogue », n’a pas encore fini avec les ennuis de la justice marocaine. Celle-ci compte le poursuivre dans plusieurs d’autres affaires. Décidément, sa dernière relaxe et le mouvement de soutien qu’a suscité son procès restent au travers de la gorge des autorités marocaines. Elles sont décidées à lui pourrir la vie.

L’ASDHOM qui reste vigilante, condamne toutes ces intimidations et n’hésite pas à dénoncer toute répression s’abatant sur les militant-e-s pour un État de droit au Maroc.



Pour le bureau exécutif

Ayad Ahram

Président de l’ASDHOM

Paris, le 13 juin 2013


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