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mercredi 18 septembre 2013

Sit in des anciens détenus devant le CNDH

Par Lucile Daumas, 16/9/2013
De larges banderoles barrent la place des Martyrs, devant le siège du CNDH (Conseil National des Droits de l’Homme). Une fois encore (le premier sit-in a eu lieu en 2006) les anciens prisonniers, victimes de la répression hassanienne, occupent les lieux pour tenter d’obtenir la mise en œuvre de décisions, qui pour un certain nombre d’entre eux, ont déjà été actées.
Ils sont une bonne quarantaine à camper sur le béton inconfortable de la place, représentant des centaines, voire des milliers de cas de victimes de la répression dont le dossier, ouvert par l’Instance Équité et Réconciliation, n’est toujours pas réglé. Ils ont amené leurs marmites et leurs bouteilles de gaz pour préparer leur repas et quelques minces matelas pour les protéger du froid émanant du sol.
Ils sont là depuis le 22 août, presque un mois déjà et aucun dialogue n’a pu être établi pour l’instant avec les hautes autorités du CNDH, Driss Yazami et Mohamed Sebbar, considérés encore il y a peu comme des militants actifs du mouvement des droits de l’homme.  Mais pour l’heure ils n’ont pas même un regard pour leurs anciens camarades venus réclamer leurs droits.
Il y a parmi eux des anciens lycéens du mouvement de Casablanca de mars 1965, des prisonniers des nombreux groupes qui se sont succédé dans les années 70 et 80.
Il y a parmi eux un groupe auquel on oppose le fait qu’ils auraient demandé réparation « hors délai », comme s’ils étaient au guichet des paquets recommandés. Les autres ont déjà eu gain de cause, indemnités, réintégration dans la fonction publique, affectation sur des postes du privé ou du public, tout cela a déjà été acté.... mais rien n’a été mis en place. Ils vieillissent et la plupart sont arrivés à l’âge de la retraite, mais il n’y a rien ou alors une misère.
Deux cas ont retenu particulièrement mon attention. Celui de Bikari, qui a passé onze ans en hôpital psychiatrique – la torture et l’enfermement cela laisse des traces- pour lequel les recommandations déjà décidées n’ont pas encore été appliquées.
Celui de Mustapha. Difficile de deviner sous ses cheveux blancs et son visage buriné le lycéen qu’il a été. C’est pourtant à 17 ans qu’il a été arrêté, lors des émeutes de Casablanca. Les violences ont laissé des traces : la police lui a crevé un œil, plaie toujours béante qu’il cache plus ou moins sous une casquette et derrière ses lunettes. Il attend toujours que les décisions déjà prises à son sujet soient suivies d’effet.
Ils ont donc repris une nouvelle fois leur campement devant le CNDH. Le froid et l’humidité des nuits rbaties n’arrangeront sans doute pas ces corps usés par les souffrances. Mais il y a encore une chose qui les a remis sur le sentier de la guerre. Une rumeur circule, on dit qu’il est question que ce dossier soit définitivement clos... sans l’avoir mené à son terme. Il n’en est pas question, affirment-ils avec fermeté.
Relire :Les anciens prisonniers politiques victimes de la répression estiment que la réponse du CNDH n'est pas satisfaisante

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