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mercredi 18 septembre 2013

Le cauchemar de Cédric, 22 ans, dans les griffes de la justice marocaine


France 24, 16/09/2013 


Le cauchemar de Cédric, 22 ans, dans les griffes de la justice marocaine
© AFP

Un Français de 22 ans, expatrié à Casablanca, au Maroc, croupit depuis trois mois en prison pour attentat à la pudeur et défloraison. Également poursuivi dans une affaire de port d'armes, il dénonce un "complot". Récit.

Par Ségolène ALLEMANDOU (texte)
Cédric, 22 ans, vit un calvaire depuis trois mois. Ce Français originaire du Tarn, parti en février 2012 à Casablanca, au Maroc, pour créer son entreprise d'informatique, est aujourd'hui poursuivi pour deux affaires judiciaires, attentat à la pudeur et port d'armes. Incarcéré depuis le 7 juin 2013, il se trouve aujourd'hui à la prison de Salé, dans la banlieue de Rabat. 
"Il a le sentiment d'être victime d'un complot", plaide une de ses avocates françaises, Me Emmanuelle Franck, contactée par FRANCE 24. Tombé amoureux d'une Marocaine d'origine tunisienne, Cédric encourt aujourd'hui plus de dix ans de prison. Son cauchemar débute en avril dernier, quand Syrène, sa petite amie sèche les cours pour rester avec lui. "Les parents de la jeune fille, âgée de 17 ans et demi, ont fini par l'apprendre et ont porté plainte pour viol", relate la magistrate.
Rapidement, les enquêteurs s'aperçoivent que la plainte pour viol n’est pas recevable. "Ils ont vite compris que la jeune femme était consentante, précise Me Franck. Surtout que le jeune couple a dormi chez les parents de la jeune fille". Mais la justice marocaine retient comme chefs d'inculpation l'attentat à la pudeur et la défloraison, une circonstance aggravante pour le code de procédure pénale marocain. "Mon client ne savait pas qu’elle était mineure, rapporte l'avocate. Elle lui a certifié qu'elle était majeure." 

"Chantage"
Le 7 juin 2013, une quarantaine de policiers fait irruption au domicile du père de Cédric, où il vit depuis son arrivée, pour l'interpeller et le conduire dans son premier lieu de détention : la prison de Casablanca. La partie civile propose alors un accord dont les termes sont posés par la famille de Syrène : une Audi TT, 500 000 dirhams (50 000 €) et un mariage à l’ambassade de France. "Pour Cédric, l’affaire judiciaire prend alors la forme d’un racket, indique l’avocate. Déterminé, le jeune français refuse de céder à ce qu’il appelle un "chantage".
L’échec d'un accord entre les deux parties implique un procès. Mais à deux reprises, l'audience est suspendue en raison de l'absence de la partie civile. "Pendant ce temps, Cédric croupit en prison dans des conditions difficiles, relate Me Franck. Il partage sa cellule avec cinq autres détenus, n’a qu’un plateau repas par jour avec un œuf dur, du pain et de l’eau".

Deuxième interpellation
Les semaines de détention passent et Cédric perd huit kilos. Ses avocats craignent que leur client, affaibli, craque et "cède au chantage". Le 28 août dernier, ils finissent par obtenir sa libération provisoire devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca moyennant une caution de 5000 dirhams (500 euros) - que les magistrats paient de leurs poches. Le Français, dont le casier est vierge, est placé sous contrôle judiciaire. Il n’est pas autorisé à quitter le territoire marocain et doit répondre aux diverses convocations d’ici son procès prévu le 9 octobre. Il risque 10 ans de prison. 
Sauf que, dès sa sortie de la maison d'arrêt, Cédric "n'a pas fait trois pas qu'il est de nouveau arrêté par des policiers qui le conduisent à la prison de Salé, une prison de  Rabat où les conditions de détention sont réputées particulièrement dures. "Cette fois-ci, il a été interpellé pour port d'arme car lors de son interpellation en juin, les policiers ont saisi un pistolet à grenaille, ajoute Me Franck. Cette arme a été achetée en France en toute légalité par son père qui en revendique la propriété". Le père est alors arrêté pour la détention d’arme, formellement interdite au Maroc. Il doit être jugé en novembre par la justice militaire.
Les avocats de Cédric s'interrogent. "Il n’a jamais été question que le fils soit impliqué dans cette procédure, s’étonne Me Franck. Est-ce un moyen de contrer sa remise en liberté ?", s'enquiert la magistrate. De son côté, au Quai d'Orsay, on affirme que la procédure suit son cours. "La justice marocaine fait son travail", indique-t-on. Actuellement, quelque 220 ressortissants français sont détenus dans les prison marocaines.

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