France 24, 16/09/2013
© AFP
Un Français de 22 ans, expatrié à Casablanca, au Maroc, croupit depuis trois mois en prison pour attentat à la pudeur et défloraison. Également poursuivi dans une affaire de port d'armes, il dénonce un "complot". Récit.
Par Ségolène ALLEMANDOU (texte)
Cédric, 22 ans, vit un calvaire depuis trois mois. Ce Français
originaire du Tarn, parti en février 2012 à Casablanca, au Maroc, pour
créer son entreprise d'informatique, est aujourd'hui poursuivi pour deux
affaires judiciaires, attentat à la pudeur et port d'armes. Incarcéré
depuis le 7 juin 2013, il se trouve aujourd'hui à la prison de Salé,
dans la banlieue de Rabat.
"Il a le sentiment d'être victime d'un complot", plaide une de ses
avocates françaises, Me Emmanuelle Franck, contactée par FRANCE 24.
Tombé amoureux d'une Marocaine d'origine tunisienne, Cédric encourt
aujourd'hui plus de dix ans de prison. Son cauchemar débute en avril
dernier, quand Syrène, sa petite amie sèche les cours pour rester avec
lui. "Les parents de la jeune fille, âgée de 17 ans et demi, ont fini
par l'apprendre et ont porté plainte pour viol", relate la magistrate.
Rapidement, les enquêteurs s'aperçoivent que la plainte pour viol
n’est pas recevable. "Ils ont vite compris que la jeune femme était
consentante, précise Me Franck. Surtout que le jeune couple a dormi chez
les parents de la jeune fille". Mais la justice marocaine retient comme
chefs d'inculpation l'attentat à la pudeur et la défloraison, une
circonstance aggravante pour le code de procédure pénale marocain. "Mon
client ne savait pas qu’elle était mineure, rapporte l'avocate. Elle lui
a certifié qu'elle était majeure."
"Chantage"
Le 7 juin 2013, une quarantaine de policiers fait irruption au domicile du père de Cédric, où il vit depuis son arrivée, pour l'interpeller et le conduire dans son premier lieu de détention : la prison de Casablanca. La partie civile propose alors un accord dont les termes sont posés par la famille de Syrène : une Audi TT, 500 000 dirhams (50 000 €) et un mariage à l’ambassade de France. "Pour Cédric, l’affaire judiciaire prend alors la forme d’un racket, indique l’avocate. Déterminé, le jeune français refuse de céder à ce qu’il appelle un "chantage".
Le 7 juin 2013, une quarantaine de policiers fait irruption au domicile du père de Cédric, où il vit depuis son arrivée, pour l'interpeller et le conduire dans son premier lieu de détention : la prison de Casablanca. La partie civile propose alors un accord dont les termes sont posés par la famille de Syrène : une Audi TT, 500 000 dirhams (50 000 €) et un mariage à l’ambassade de France. "Pour Cédric, l’affaire judiciaire prend alors la forme d’un racket, indique l’avocate. Déterminé, le jeune français refuse de céder à ce qu’il appelle un "chantage".
L’échec d'un accord entre les deux parties implique un procès. Mais à
deux reprises, l'audience est suspendue en raison de l'absence de la
partie civile. "Pendant ce temps, Cédric croupit en prison dans des
conditions difficiles, relate Me Franck. Il partage sa cellule avec cinq
autres détenus, n’a qu’un plateau repas par jour avec un œuf dur, du
pain et de l’eau".
Deuxième interpellation
Les semaines de détention passent et Cédric perd huit kilos. Ses
avocats craignent que leur client, affaibli, craque et "cède au
chantage". Le 28 août dernier, ils finissent par obtenir sa libération
provisoire devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Casablanca
moyennant une caution de 5000 dirhams (500 euros) - que les magistrats
paient de leurs poches. Le Français, dont le casier est vierge, est
placé sous contrôle judiciaire. Il n’est pas autorisé à quitter le
territoire marocain et doit répondre aux diverses convocations d’ici son
procès prévu le 9 octobre. Il risque 10 ans de prison.
Sauf que, dès sa sortie de la maison d'arrêt, Cédric "n'a pas fait
trois pas qu'il est de nouveau arrêté par des policiers qui le
conduisent à la prison de Salé, une prison de Rabat où les conditions
de détention sont réputées particulièrement dures. "Cette fois-ci, il a
été interpellé pour port d'arme car lors de son interpellation en juin,
les policiers ont saisi un pistolet à grenaille, ajoute Me Franck. Cette
arme a été achetée en France en toute légalité par son père qui en
revendique la propriété". Le père est alors arrêté pour la détention
d’arme, formellement interdite au Maroc. Il doit être jugé en novembre
par la justice militaire.
Les avocats de Cédric s'interrogent. "Il n’a jamais été question que
le fils soit impliqué dans cette procédure, s’étonne Me Franck. Est-ce
un moyen de contrer sa remise en liberté ?", s'enquiert la magistrate.
De son côté, au Quai d'Orsay, on affirme que la procédure suit son
cours. "La justice marocaine fait son travail",
indique-t-on. Actuellement, quelque 220 ressortissants français sont
détenus dans les prison marocaines.
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