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vendredi 20 septembre 2013

Point hebdomadaire n°34 spécial sur Ali Anouzla dans la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc





Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre




Nous nous attendions à ce que ce mois de septembre soit chaud en termes d’actualités juridiques et de procès politiques au Maroc, mais pas à ce point-là. Nous nous sommes inquiétés dans les deux points précédents de la multiplication de ces procès au cours de ce mois-ci. L’arrestation et le placement en garde-à-vue du journaliste Ali Anouzla, ce mardi 17 septembre, nous donnent malheureusement raison.

Ce point sera, en partie, consacré à cette arrestation car Ali Anouzla figurait déjà dans nos listes parmi les candidats (voir listes) au parrainage puisqu’il fait l’objet de poursuites judiciaires en état de liberté depuis sa convocation le 17 juin 2013 par le procureur du roi de Fès. Son procès initialement prévu pour le 26 juillet a été ajourné à la fin de ce mois de septembre. Dans cette affaire, on lui reproche d’avoir publié sur son site arabophone Lakome de fausses informations relatives à une rixe tribale ayant fait des victimes dans un quartier de Fès. Ali Anouzla qui, après vérification, a aussitôt retiré l’article incriminé, s’estime « victime d’une campagne de harcèlement et d’acharnement judiciaire ». Plus grave encore, le voici maintenant entre les mains de la brigade de la police judiciaire de Casablanca, chargée des affaires de terrorisme, après son arrestation sur ordre du parquet général à Rabat. Le communiqué du procureur général du roi près la Cour d’appel de Rabat ne laisse aucun doute sur la gravité de l’accusation portée à l’encontre d’Ali Anouzla. Aux yeux du parquet, il est coupable d’avoir publié une vidéo d’AQMI qui « comprend un appel clair et une incitation directe à commettre des actes terroristes dans la Royaume » et de ce fait il tombe sous la loi 03-03 dite antiterroriste, promulguée en 2003 après les attentats terroristes de Casablanca. Ses avocats qui n’étaient pas autorisés à le voir avant le 20 septembre s’inquiètent de le voir déjà condamné avant même son éventuel procès. Cette arrestation a soulevé une vague de protestation. Des rassemblements ont été organisés pour soutenir Ali Anouzla. Les ONG nationales et internationales des droits de l’Homme ont publié des communiqués protestant contre cette arrestation et demandant la libération immédiate du journaliste.

L’ASDHOM se joint à cet élan de solidarité et à ce mouvement de protestation et réclame la relaxe d’Ali Anouzla et l’arrêt de toutes les poursuites à son encontre. Elle réitère sa demande d’abrogation de la loi antiterroriste qui ne cesse de faire des victimes et qui bafoue tous les droits et les règles élémentaires de la défense.

L’ASDHOM rappelle qu’elle mène depuis novembre 2012 une campagne internationale de parrainage de prisonniers politiques incarcérés dans les geôles marocaines. Ali Anouzla figure dans nos listes depuis juin dernier avec l’affaire de Fès car nous considérons que les autorités marocaines veulent plutôt lui faire payer sa liberté d’opinion et le ton de ses articles critiques vis-à-vis d’elles. Ces listes ne comportent malheureusement pas que lui. Ils sont au nombre de 213, après la mise à jour faite la semaine dernière à l’occasion de la fête de l’Humanité (13-14-15 septembre 2013), répartis sur onze groupes. Nous continuons d’appeler à les parrainer et nous ne manquerons aucune occasion de le faire car, à nos yeux, c’est l’un des moyens concrets et efficaces pour les soutenir et maintenir la pression sur les autorités marocaines en vue de leur libération.

Cette campagne, parrainée par Gilles Perrault, a démarré avec 172 cas recensés le 17 novembre 2012. Certains (50) ont pu recouvrer leur liberté après avoir purgé leur peine, d’autres, plus nombreux (90 environ), sont soit arrêtés et emprisonnés, soit poursuivis en état de liberté. Ce point traitera, après celui d’Ali Anouzla, quelques groupes dont l’ASDHOM a reçu des éléments d’information.



Groupe UNEM-Meknès : Ce groupe, composé de sept militants de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM) dont cinq sont incarcérés depuis décembre 2012 à la prison Toulal 2 de Meknès, va être enfin traduit devant un tribunal le 23 septembre 2013. Les cinq prisonniers politiques Hassan Ahmouch, Soufiane Sghéri, Mohamed Eloualki, Hassan Koukou et Mounir Aït Khafou avaient entamé une grève de la faim à partir du 11 mars pour réclamer l’amélioration de leurs conditions carcérales et la tenue de leur procès dans les meilleurs délais. L’Administration avait répondu favorablement en partie à leurs doléances ce qui les a poussés à suspendre momentanément après 105 jours leur grève de la faim en juillet dernier. Mais en ce début du mois de septembre, l’administration est revenue sur tous leurs acquis (visite, soins, étude, hygiène, etc.), c’est alors que trois d’entre eux (Hassan Ahmouch, Soufiane Sghéri et Mohamed Eloualki) ont décidé de reprendre leur grève de la faim à compter du 4 septembre 2013.



Groupe UNEM-Fès : Une vague d’arrestation (déjà signalée au point n°24) avait été opérée au sein des militant-e-s de l’UNEM après un mouvement de protestation au campus Dhar El-Mahraz à Fès à partir du 15 avril 2013. Vingt-deux militant-e-s dont deux femmes ont été arrêté-e-s. Certains ont déjà été jugés à quelques mois de prison ferme, d’autres, dix au total, attendent toujours d’être fixés sur leur sort. Il s’agit de Oussama Zantar, Rida Derkaoui, Moussa Sammouni, Salah Eddine Chafik, Mimoun Ben Ziza, Mohamed Ghalout, Mohamed Boujnah, Jaber Rouijel, Omar Taybi et Abdennabi Chaoul. Pour réclamer de meilleurs conditions (visites, soins médicaux, nourriture, études, etc.) et sinon leur libération, du moins la tenue rapide sans aucun report de leur procès qu’ils veulent ouvert à leurs familles et leurs camarades étudiants, ils entament une grève de la faim de 25 jours à partir du 17 septembre 2013. Dans un communiqué publié à l’occasion, ils menacent de continuer ce mouvement sous d’autres formes au-delà des 25 jours si les autorités marocaines ne répondent pas favorablement à leurs revendications.



Groupe Liberté d’expression, liberté de la presse, avocats (nouveau) : Comme nous l’avons annoncé au point n° 32, aujourd’hui, 20 septembre, s’ouvre à Casablanca le procès de l’avocat Me Mohamed El-Massaoudi. Ce dernier est membre de la section AMDH de Casablanca. Il est surtout connu pour avoir toujours défendu les prisonniers politiques. La justice lui reproche « le manque de respect dû aux magistrats et perturbation du déroulement de l’audience » lorsqu’il s’est mis, par manque de place, près du procureur du roi lors d’un procès tenu en 2011 pour défendre un groupe de prisonniers politiques sahraouis. La section de l’AMDH à Casablanca a appelé à un rassemblement devant le tribunal pour lui apporter son soutien.



Groupe 20-Février : Nabil El-Yasmini, jeune militant du mouvement 20-Février à Kenitra, avait été arrêté et relâché la nuit de la manifestation organisée le vendredi 2 août 2013 à Rabat, contre la grâce royale accordée au pédophile récidiviste, l’espagnol Daniel Galvan. Grâce retirée depuis, après la pression de la rue. Nabil El-Yasmini continue d’être inquiété par rapport à sa participation à cette vague de protestation. Il a reçu lundi 16 septembre une convocation de la police judiciaire de Rabat qui entend approfondir son enquête dans le cadre de cette affaire.

Mohamed Adli, un autre jeune du même mouvement et ancien prisonnier politique, a, quant à lui, été mis en prison à Ain Kadous de Fès sous le numéro d’écrou 84871 après avoir été enlevé de son lieu de travail pendant les vacances (voir point n° 32). Il attend toujours son procès.



Groupe Sahraouis : L’étudiant sahraoui Ali Abdedayem, 24 ans, arrêté le 4 septembre 2013 à Guelmim et transféré à la prison locale Salé 1 en attendant son procès, entame une grève de la faim à partir du 13 septembre 2013. Il proteste contre ses conditions de détention déplorables et demande à rejoindre la cellule où se trouvent ses camarades étudiants.               

Quinze autres prisonniers politiques sahraouis, incarcérés à la prison locale d’Aït Melloul, ont entamé le 9 septembre une grève de la faim de 48 heures pour se solidariser avec un codétenu politique, Issa Bouda, qui mène une grève ouverte de la faim depuis le 27 août 2013. Celui-ci dénonce les tortures qu’il a subies et son transfert forcé de la cellule où il était avec son camarade Cheik Amaïdan. L’état de santé d’Issa Bouda s’est sérieusement détérioré et sa famille demande l’intervention urgente de l’administration pénitentiaire pour éviter tout drame dont elle serait la seule responsable.

Pour ne pas allonger encore plus ce point hebdomadaire, déjà chargé, nous reviendrons dans les prochains sur plusieurs arrestations et procès dont étaient victimes des citoyens sahraouis depuis avril 2013 en lien avec les manifestations relatives à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui a prolongé le mandat de la MINURSO sans l’étendre à l’observation des droits de l’Homme dans la région.



Une seule chose sur laquelle nous insistons pour finir ce point : Mobilisons-nous encore plus pour pouvoir parrainer toutes celles et tous ceux qui sont sur les listes du parrainage. Nous avons du pain sur la planche et les événements récents ne nous rassurent pas. Alors faisons de cet acte de parrainage un devoir moral auquel nul démocrate ne doit se dérober comme l’a souligné Gilles Perrault au lancement de cette campagne internationale.

Vous trouverez tout ce qu’il faut pour accomplir cet acte valeureux sur le site de l’ASDHOM (rubrique Campagne de parrainage).



Le bureau exécutif de l’ASDHOM

Paris, le vendredi 20 septembre 2013   

  




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