Par Lakome, 19/9/2013
La première question que l’on se pose après l’arrestation et l’incarcération du journaliste et directeur de Lakome, Ali Anouzla, suite à la publication par son site d’un lien menant jusqu’à la fameuse vidéo d’AQMI est : pourquoi lui et pas les autres, c’est-à-dire tous ceux qui ont fait la même chose ?
Le responsable du site en français Lakome, Aboubakr Jamaï, a bien signalé dans une déclaration au site Febrayer que
c’est bien son site, dont les locaux sont les mêmes que ceux de la
rédaction arabophone du site d’Anouzla, qui a publié la vidéo et que son
confrère arabophone n’a fait que reprendre l’information avec son lien.
Donc, reposons la même question : Pourquoi arrêter Anouzla et non Jamaï ?
Puisque nous avons au Maroc un ministre de la justice et des libertés (sic!), l’islamiste El Mostafa Ramid, qui est un homme de lois, ya hasra !, et un avocat connu, ce serait bien qu’on lui pose la question.
Nous devrions également lui demander que compte-t-il faire contre tous ceux qui ont publié cette vidéo, de L’Express au Huffington Post, en passant par Youtube, Facebook et Twitter, ainsi que plusieurs autres sites, marocains et étrangers ? Notre ministre barbu va-t-il permettre que ces publications « séditieuses » s’en sortent à si bon compte.
Bis repetita : Monsieur le Ministre, expliquez-nous, avec vos codes,
pénal et de la presse, en mains, pourquoi s’en prendre à un journaliste
marocain bien précis et laisser tranquilles les autres journalistes
étrangers !
Mais, disons-le franchement, il ne faut pas rêver ! El Mostafa Ramid, hier « militant pour les droits de l’homme », n’est aujourd’hui qu’un pion entre les mains du Makhzen, un petit télégraphiste qui transmet fidèlement les ordres que lui donne le conseiller royal Fouad Ali El Himma.
Le dernier ordre fut, selon la MAP, de contacter le ministre espagnol de la justice, Alberto Ruiz-Gallardón, pour lui demander de censurer le quotidien espagnol El Pais.
Rions de voir le ministre marocain de la justice du XXIe siècle prendre
attache avec son homologue espagnol pour lui demander de censurer une
information parue dans un journal ibérique. Comme si nous nous trouvions
au Maroc ! Comme si nous étions à l’époque franquiste ! Comme si
l’Espagne avait les mêmes tribunaux de justice que le Maroc, des cours
qui répondent toujours « Naâm Sidi ! » aux instructions du ministère de la justice !
On sait depuis quelques heures que c’est seulement après que Ruiz-Gallardón eut refusé de censurer El Pais, parce qu’il ne le peut pas!, que Ramid a décidé d’engager des poursuites judiciaires en Espagne.
Depuis, le quotidien madrilène a bien retiré de son site la vidéo en
question, pas parce que Ruiz-Gallardón le lui a exigé, mais de son
propre derechef.
Quand Ignacio Cembrero, le correspondant de ce
journal pour le Maghreb (et bête noire du régime alaouite), prendra sa
retraite, il nous racontera sûrement de bien bonnes histoires sur toutes
les pressions qu’il a subies durant ces journées sombres pour la
liberté d’informer.
//www.demainonline.com/2013/09/18/video-daqmi-pourquoi-arreter-ali-anouzla-et-pas-aboubakr-jamai/
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