Blog Le Monde, 21/9/2013
Peut-on parler d'Al-Qaida au Maroc sans fâcher ? Pour avoir rendu
compte, comme d'autres média marocains et internationaux, dont Le Monde,
d'une récente vidéo de propagande d'Al-Qaida au Maghreb islamique
(AQMI) qui cible le Maroc et le roi Mohammed VI, et renvoyer vers un
lien sur ladite vidéo, Ali Anouzla, directeur de la version arabophone
du site électronique d'information Lakome.com, risque gros.
Interpellé à son domicile par la police tôt le matin, mardi 17 septembre, sur instruction du procureur du roi auprès de la cour d'appel de Rabat, ce journaliste connu et respecté pour son indépendance a été, depuis, placé en garde à vue, son ordinateur portable saisi, ainsi que huit autres dans les locaux de Lakome. Amnesty International, Reporters sans Frontières et Human Rights Watch dénoncent cette arrestation, tandis que des journalistes et des responsables associatifs se mobilisent en organisant des sit-in de protestation au Maroc.
Les avocats d'Ali Anouzla, qui n'avaient toujours pas été autorisés à voir leur client jeudi, s'inquiètent de possibles poursuites engagées contre lui, notamment pour "apologie du terrorisme", dans le cadre des lois antiterroristes qui autorisent une garde à vue de quatre jours sans accès à ses conseils. Et, parmi les soutiens d'Ali Anouzla, nombreux sont ceux qui soupçonnent les autorités marocaines d'avoir vivement réagi en raison des écrits sans concession du journaliste, auteur, entre autre, d'un éditorial critique sur le "Danielgate", l'affaire du pédophile espagnol Daniel Galvàn, bénéficiaire cet été, avant que le roi ne revienne sur sa décision, d'une grâce royale.
Ancien directeur du quotidien Al-Jarida Al-Oula, Ali Anouzla avait été poursuivi en justice en 2009 pour un article jugé calomnieux sur la santé de Mohammed VI. Après l'arrêt de la parution du journal, il a cofondé en 2010 le site Lakome.com, dont il dirige la version arabophone.
Or la version francophone de Lakome, qui a publié les mêmes informations sur la vidéo d'AQMI, n'a pas été inquiétée. "On ne regrette pas d'avoir diffusé cette vidéo, nous l'avons décrite comme une vidéo de propagande et nous avons fait notre travail d'information, souligne Aboubakr Jamaï, son directeur. Et pour ma part, je n'ai même pas été contacté." "Quand les autorités confondent journalisme et soutien, elles font peur à tous les autres journalistes qui écrivent en toute légitimité sur de telles organisations", affirme Joe Stork, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de Human Rights Watch.
Rabat a également annoncé son intention de poursuivre le site du quotidien espagnol El Pais pour avoir inséré la vidéo d'AQMI dans un article sur l'organisation djihadiste, lien vers lequel renvoyait Lakome.com.
Hasard du calendrier, le parquet de Paris a décidé pour la première fois, jeudi 19 septembre, d'ouvrir une information judiciaire pour "apologie d'actes de terrorisme" contre un Français converti accusé de propager les idées d'Al-Qaida sur Internet, "au nom de la nécessité impérieuse de lutter contre le djihad médiatique", selon les termes employés par le procureur de Paris. L'homme, âgé de 26 ans, était le traducteur d'Inspire, une revue créée en 2010 par Al-Qaida dans la péninsule Arabique, et gérait le site francophone Ansar Al-Haqq sous le pseudonyme d'Abou Siyad Al-Normandy.
On est donc bien loin d'Ali Anouzla et du site Lakome, sauf à vouloir introduire une confusion dangereuse entre journalisme et propagande.
http://maghreb.blog.lemonde.fr/2013/09/19/mobilisation-au-maroc-pour-le-journaliste-ali-anouzla/
Interpellé à son domicile par la police tôt le matin, mardi 17 septembre, sur instruction du procureur du roi auprès de la cour d'appel de Rabat, ce journaliste connu et respecté pour son indépendance a été, depuis, placé en garde à vue, son ordinateur portable saisi, ainsi que huit autres dans les locaux de Lakome. Amnesty International, Reporters sans Frontières et Human Rights Watch dénoncent cette arrestation, tandis que des journalistes et des responsables associatifs se mobilisent en organisant des sit-in de protestation au Maroc.
Les avocats d'Ali Anouzla, qui n'avaient toujours pas été autorisés à voir leur client jeudi, s'inquiètent de possibles poursuites engagées contre lui, notamment pour "apologie du terrorisme", dans le cadre des lois antiterroristes qui autorisent une garde à vue de quatre jours sans accès à ses conseils. Et, parmi les soutiens d'Ali Anouzla, nombreux sont ceux qui soupçonnent les autorités marocaines d'avoir vivement réagi en raison des écrits sans concession du journaliste, auteur, entre autre, d'un éditorial critique sur le "Danielgate", l'affaire du pédophile espagnol Daniel Galvàn, bénéficiaire cet été, avant que le roi ne revienne sur sa décision, d'une grâce royale.
Ancien directeur du quotidien Al-Jarida Al-Oula, Ali Anouzla avait été poursuivi en justice en 2009 pour un article jugé calomnieux sur la santé de Mohammed VI. Après l'arrêt de la parution du journal, il a cofondé en 2010 le site Lakome.com, dont il dirige la version arabophone.
Or la version francophone de Lakome, qui a publié les mêmes informations sur la vidéo d'AQMI, n'a pas été inquiétée. "On ne regrette pas d'avoir diffusé cette vidéo, nous l'avons décrite comme une vidéo de propagande et nous avons fait notre travail d'information, souligne Aboubakr Jamaï, son directeur. Et pour ma part, je n'ai même pas été contacté." "Quand les autorités confondent journalisme et soutien, elles font peur à tous les autres journalistes qui écrivent en toute légitimité sur de telles organisations", affirme Joe Stork, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de Human Rights Watch.
Rabat a également annoncé son intention de poursuivre le site du quotidien espagnol El Pais pour avoir inséré la vidéo d'AQMI dans un article sur l'organisation djihadiste, lien vers lequel renvoyait Lakome.com.
Hasard du calendrier, le parquet de Paris a décidé pour la première fois, jeudi 19 septembre, d'ouvrir une information judiciaire pour "apologie d'actes de terrorisme" contre un Français converti accusé de propager les idées d'Al-Qaida sur Internet, "au nom de la nécessité impérieuse de lutter contre le djihad médiatique", selon les termes employés par le procureur de Paris. L'homme, âgé de 26 ans, était le traducteur d'Inspire, une revue créée en 2010 par Al-Qaida dans la péninsule Arabique, et gérait le site francophone Ansar Al-Haqq sous le pseudonyme d'Abou Siyad Al-Normandy.
On est donc bien loin d'Ali Anouzla et du site Lakome, sauf à vouloir introduire une confusion dangereuse entre journalisme et propagande.
http://maghreb.blog.lemonde.fr/2013/09/19/mobilisation-au-maroc-pour-le-journaliste-ali-anouzla/
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