Exploitation et violences minent le secteur
Par Salma Raiss et Kisito Ndour ,
Des domestiques philippines ont témoigné de cas d'exploitation et de maltraitance dans l'exercice de leur métier au Maroc, mercredi à Rabat, lors d'une conférence de presse organisée par l'Organisation démocratique du travail. Une situation qui concerne la majorité d'entre elles, mais aussi d'autres domestiques étrangères telles que les Sénégalaises, sans oublier les petites bonnes marocaines, elles aussi victimes du même traitement.
Nombre de domestiques au Maroc sont victimes
d'exploitation et de mauvais traitements. Mercredi, lors d'une
conférence de presse organisée à Rabat par l'Organisation démocratique
du travail (ODT), des domestiques philippines employées au Maroc ont
témoigné de la violence dont elles sont victimes de la part de leurs
employeurs.
“J'ai été séquestrée chez une dame qui avait confisqué mon passeport. Pour le récupérer, elle m'a dit que je devais lui donner 4.000 dollars”, a affirmé Analissa Dalambines, une jeune Philippine. “Je suis prête à abandonner mon salaire de deux ans et demi et retourner dans mon pays”, a-t-elle ajouté avant de lancer: “mon employeur m'a violée”.
Présent à cette conférence de presse, le consul honoraire des Philippines, Porto Joselito, a affirmé que le Maroc comptait “près de 3.000 jeunes domestiques philippines”. “La majorité d'entre elles sont victimes de mauvais traitements et d'exploitation, y compris sexuelle”, a-t-il accusé.
À la question, est-ce que les domestiques sénégalaises sont victimes de violences de la part de leurs employeurs, M. Sal répond: “Il m'est difficile de répondre par oui, car cela équivaudrait à traduire le fait comme un phénomène permanent et quasi-général, et répondre par non ne correspondrait pas à la réalité.”
“Le phénomène de violence relève d'une forme de tromperie, en fait, sur les termes même du contrat. En général, les employeurs font croire aux domestiques qu'elles vont faire du travail de nurserie, ou s'occuper juste de la maison à une heure définie. Mais souvent quand elles débarquent, on les fait travailler du matin au soir sans arrêt, sans leurs laisser l'espace de liberté qui sied”, explique M. Sal.
Cheikh Tidiane Sal reconnaît également que des employeurs confisquent les passeports de leurs domestiques sur recommandations de réseaux d'intermédiaires sénégalais et marocains, qui ne cherchent qu'à rentabiliser leur investissement à travers cette pratique.
Dans pareil cas, affirme le consul, “nous disposons de moyens de pression morale parce que quand les gens sont conscients que le consulat s'implique, ils deviennent plus prudents. Et souvent nous aboutissons à des solutions heureuses.”
Le consul confie également interpeller souvent les autorités locales pour parer à pareille situation.
Le dernier rapport de Human Rights Watch (HRW), paru en novembre, indique que la majorité des filles domestiques interrogées travaillent dur pendant 12 heures par jour, 7 jours sur 7, pour des sommes insignifiantes.
La majorité des filles interrogées ont indiqué avoir été maltraitées à la fois physiquement et verbalement par leurs employeurs. Certaines d’entre elles ont fait état de harcèlement ou agression sexuelle de la part de membres masculins du foyer les employant.
Selon une étude de HRW, effectuée en 2005, pas moins de 66.000 petites filles sont employées comme personnels de maison au Maroc. Aujourd’hui, aucune amélioration de la situation n’a été constatée, même si, pour le Collectif associatif pour l'éradication du travail des petites bonnes, leur nombre a été réduit de moitié en 2012, puisqu'elles ne sont plus que 30.000, alors que HRW maintient qu'il y a entre 60.000 et 80.000.
Ces dernières appellent à l’harmonisation des lois marocaines avec la convention internationale des droits des enfants ainsi qu'à l’ensemble des conventions internationales relatives au travail, auquel le Maroc a pourtant adhéré.
Dans ce cadre, le ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle a signé, mercredi à Rabat, des conventions de partenariat avec huit associations opérant dans la lutte contre le travail des enfants.
Lors de cette cérémonie, le ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, Abdelouahed Souhail, a souligné que l'adoption du plan d'action national pour l'enfance 2006-2015, “Maroc digne de ses enfants”, donne la mesure de la détermination du gouvernement à combattre ce phénomène, vu ses retombées négatives sur l'effort de scolarisation, et pour aider à leur intégration dans la société.
“J'ai été séquestrée chez une dame qui avait confisqué mon passeport. Pour le récupérer, elle m'a dit que je devais lui donner 4.000 dollars”, a affirmé Analissa Dalambines, une jeune Philippine. “Je suis prête à abandonner mon salaire de deux ans et demi et retourner dans mon pays”, a-t-elle ajouté avant de lancer: “mon employeur m'a violée”.
Présent à cette conférence de presse, le consul honoraire des Philippines, Porto Joselito, a affirmé que le Maroc comptait “près de 3.000 jeunes domestiques philippines”. “La majorité d'entre elles sont victimes de mauvais traitements et d'exploitation, y compris sexuelle”, a-t-il accusé.
Et les domestiques sénégalaises ?
L'exploitation
et le mauvais traitement, les domestiques sénégalaises au Maroc en sont
également victimes, même si le consul général du Sénégal à Casablanca,
Cheikh Tidiane Sal, qui nous a accordé un entretien hier, ne veut pas
généraliser.À la question, est-ce que les domestiques sénégalaises sont victimes de violences de la part de leurs employeurs, M. Sal répond: “Il m'est difficile de répondre par oui, car cela équivaudrait à traduire le fait comme un phénomène permanent et quasi-général, et répondre par non ne correspondrait pas à la réalité.”
“Le phénomène de violence relève d'une forme de tromperie, en fait, sur les termes même du contrat. En général, les employeurs font croire aux domestiques qu'elles vont faire du travail de nurserie, ou s'occuper juste de la maison à une heure définie. Mais souvent quand elles débarquent, on les fait travailler du matin au soir sans arrêt, sans leurs laisser l'espace de liberté qui sied”, explique M. Sal.
Des réseaux d'intermédiaires
Le
consul de préciser que “quand la personne n'a pas la possibilité de
sortir ne serait-ce qu'une fois par semaine, ou une fois toutes les
deux semaines, on peut considérer que c'est une forme de violence”.Cheikh Tidiane Sal reconnaît également que des employeurs confisquent les passeports de leurs domestiques sur recommandations de réseaux d'intermédiaires sénégalais et marocains, qui ne cherchent qu'à rentabiliser leur investissement à travers cette pratique.
“Le
phénomène est complexe. Il y a nos propres compatriotes qui jouent les
intermédiaires, qui démarchent eux-mêmes les filles pour les amener et
les placer chez des employeurs, qui leurs recommandent de confisquer le
passeport de la domestique. C'est une forme de pression qu'on exerce
sur la personne pour l'obliger à faire ce qu'on veut.”
Cheikh Tidiane Sal, consul général du Sénégal au Maroc.
Le
consul précise qu'“assez souvent, nous recueillons dans nos locaux, des
filles qui partent de chez leur employeur en laissant bagages et
salaires”. “Il est arrivé qu'une employée échange des coups pour se
défendre, mais ce ne sont pas des situations qu'on vit habituellement”,
ajoute M. Sal.Dans pareil cas, affirme le consul, “nous disposons de moyens de pression morale parce que quand les gens sont conscients que le consulat s'implique, ils deviennent plus prudents. Et souvent nous aboutissons à des solutions heureuses.”
Le consul confie également interpeller souvent les autorités locales pour parer à pareille situation.
Les domestiques marocaines aussi
Cependant,
l'exploitation et les mauvais traitements ne sont pas l'apanage des
domestiques étrangères. Les filles marocaines, mineures pour la plupart,
en font également les frais.Le dernier rapport de Human Rights Watch (HRW), paru en novembre, indique que la majorité des filles domestiques interrogées travaillent dur pendant 12 heures par jour, 7 jours sur 7, pour des sommes insignifiantes.
La majorité des filles interrogées ont indiqué avoir été maltraitées à la fois physiquement et verbalement par leurs employeurs. Certaines d’entre elles ont fait état de harcèlement ou agression sexuelle de la part de membres masculins du foyer les employant.
Selon une étude de HRW, effectuée en 2005, pas moins de 66.000 petites filles sont employées comme personnels de maison au Maroc. Aujourd’hui, aucune amélioration de la situation n’a été constatée, même si, pour le Collectif associatif pour l'éradication du travail des petites bonnes, leur nombre a été réduit de moitié en 2012, puisqu'elles ne sont plus que 30.000, alors que HRW maintient qu'il y a entre 60.000 et 80.000.
Conventions de partenariat avec les associations
Quoiqu’il
en soit, les chiffres sont alarmants, et ne laissent pas indifférentes
les associations militant pour les droits de l’Homme et des enfants.Ces dernières appellent à l’harmonisation des lois marocaines avec la convention internationale des droits des enfants ainsi qu'à l’ensemble des conventions internationales relatives au travail, auquel le Maroc a pourtant adhéré.
Dans ce cadre, le ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle a signé, mercredi à Rabat, des conventions de partenariat avec huit associations opérant dans la lutte contre le travail des enfants.
Lors de cette cérémonie, le ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, Abdelouahed Souhail, a souligné que l'adoption du plan d'action national pour l'enfance 2006-2015, “Maroc digne de ses enfants”, donne la mesure de la détermination du gouvernement à combattre ce phénomène, vu ses retombées négatives sur l'effort de scolarisation, et pour aider à leur intégration dans la société.
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