Par Luk Vervaet, 23/8/2013
Il y a les gardiens dans les prisons
qui font leur travail avec respect pour la dignité des détenus.
Mais il y a aussi ceux pour qui la prison est l'endroit rêvé pour
abuser de leur pouvoir, maltraiter les détenus, imposer un régime
arbitraire ou même torturer les prisonniers. Certains le font de
manière subtile, jusqu'à ce qu'un détenu craque afin qu'ils
puissent lui sauter dessus, le massacrer et le mettre au cachot ou le
faire transférer. Chaque sanction, en soi légale, peut devenir une
arme de maltraitance et même de torture, en la multipliant sans
limite.
En tant qu'enseignant dans les prisons belges, j'ai pu constater de mes propres yeux ce genre de pratiques de la part de certains gardiens.
En tant qu'enseignant dans les prisons belges, j'ai pu constater de mes propres yeux ce genre de pratiques de la part de certains gardiens.
Pour le Maroc, ces faits sont avérés.
Il y a moins d'un an, le 30 octobre
2012, le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), présentait
un rapport choc, intitulé : “La crise des prisons, une
responsabilité partagée : 100 recommandations pour la protection
des droits des détenu(e)s”. Ce rapport est, selon ses auteurs,
un rapport « objectif et précis ». Il dénonce
« les exactions commises par le personnel des prisons,
portant atteinte aux droits des détenu(e)s ». Il est basé
sur des visites des membres du CNDH dans 15 établissements
pénitentiaires durant la période allant du 31 janvier au 19 juin
2012.
L’image de la situation carcérale
marocaine y apparaît dans toute sa clarté.
On peut y lire ceci : « Les
violations (dans les prisons) se manifestent par des coups
portés aux moyens de bâtons et de tuyaux, la suspension sur des
portes à l’aide de menottes, les coups administrés sur la plante
des pieds (FALAQA), les gifles, les pincements à l’aide
d’aiguilles, les brûlures, les coups de pied, le déshabillage
forcé des détenus au vu et au su des autres prisonniers, les
insultes et l’utilisation d’expressions malveillantes et
dégradantes portant atteinte à la dignité humaine des détenus.
Ces exactions ont été observées dans la plupart des prisons
visitées avec une prévalence et une intensité qui diffèrent d’une
prison à une autre, à l’exception des prisons
d’Inezgane et de Dakhla où seuls des cas isolés ont été
enregistrés. » (page 4 du résumé du rapport).
On apprend que dans la plupart des
prisons « l’alimentation amenée par les familles est
parfois refusée ou détruite (!) ». Il révèle aussi
« l’existence d’une pratique de punitions collectives et
les transferts administratifs comme mesure disciplinaire… »
Le rapport insiste sur l’absence
total « de procédures et de mécanismes de contrôle,
d’enquêtes au sujet des plaintes déposées à l’encontre du
personnel, y compris le personnel sanitaire, ou au sujet des
violations relatées par la presse et les associations. Il y a la «
non effectivité du contrôle judiciaire » (page 5).
En un mot : l’arbitraire et l’abus
de pouvoir règnent dans les prisons marocaines.
Mais, ce que le rapport du CNDH ne dit
pas, c'est que sans protection ou sans approbation, ouverte ou
silencieuse, des autorités supérieures dans les prisons ces abus ne
seraient pas possibles, ni tolérés. Tout comme à Abu Graibh en
Irak, ou à Guantanamo.
Benachim Driss
Un exemple qui pourrait se retrouver
dans le rapport du CNDH et qui suscite bien des questions est celui
de Benachim Driss, gardien à la prison de Salé II. Monsieur Driss
est originaire de la ville de Mekness. Il travaillait à la prison de
Toulal, d'où il a été muté vers la prison de Salé II en 2010. Le
directeur actuel de Salé II vient lui aussi de la prison de Toulal.
Pure coïncidence ?
Benhachim Driss est un gardien. Mais il
est surtout spécialiste du harcèlement. Il aime faire souffrir des
détenus, par exemple, en les privant de sommeil. La nuit, monsieur
Driss peut refermer la porte d'une cellule brutalement toutes les 15
minutes. Il crie, allume la lumière, effrayant ainsi des détenus en
permanence. Ses pratiques provoquent à la fin une explosion de
colère chez ces certains détenus qui pourront ainsi être punis.
Les incidents qui nous sont rapportés
par différents détenus à son sujet sont multiples.
Force est de constater que Driss est
protégé par le directeur. Qu'il agit ou bien sous sa tutelle ou
celle de son adjoint, ou qu'il peut être même encouragé par ces
derniers à se comporter de telle sorte. Parce qu'il ne s'agit
pas d'un incident isolé. Début 2011, il obligeait des détenus à
s'agenouiller lors des appels et à placer les mains sur la tête
pendant des heures interminables. Quand des détenus sont sous les
douches, il les obligeait à sortir nus et pleins de savon.
Nous demandons que l'impunité cesse. Qu'une enquête soit ouverte contre Benachim Driss en interrogeant
les détenus sur son comportement, et que les complicités
éventuelles du directeur et de son adjoint soient exposées et que
les sanctions qui s'imposent soient prises.
http://prisonnierseuropeensaumaroc.blogspot.com.au/2013/08/mais-qui-est-benachim-driss-ce-gardien.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire