Calvaire d'Ali Aarrass : échange de courrier avec les atorités belges et marocaines

 A Philippe, roi des Belges                                                                       Gap, 29/7/2013

  A Monsieur le Ministre des affaires étrangères de Belgique    

  AMonsieur l’Ambassadeur de Belgique à Rabat 

Messieurs,

Je m’adresse à vous en tant que présidente de l’association Solidarité Maroc 05 dont le but est de dénoncer les violations des droits humains au Maroc, au Sahara occidental, et, parfois, ailleurs. Je vous écris pour vous dire mon indignation face aux traitements inhumains dont est victime Ali Aarrass

Nous ne sommes pas Marocains et nous n’avons aucun lien de parenté avec Ali Aarrass. C’est en simples citoyens du monde que nous nous mobilisons contre les détentions qui ont pour motif une opinion non conforme, politique, ou religieuse, ou pour aucun motif comme c’est le cas d’Ali Aarrass. De tous les pays vous parviennent des protestations contre cette détention sans motif. Vous invoquez des excuses désuètes, comme s’il était question de papiers alors qu’il est question d’humain !

Ali est innocent, vous le savez, le monde entier le sait, et vous juge. Il est maintenu en prison et continue à être maltraité. Si vous avez des enfants, leur avez-vous expliqué votre conception de la justice, ou avez vous été obligés de leur mentir ?. Comment cette inacceptable injustice sera-t-elle évoquée dans les manuels scolaires -car, vue son importance, elle devrait l’être-, comment  les générations futures jugeront-elles  l’arrogance de ces êtres “supérieurs” qui n’ont que mépris pour les étrangers qui ne sont pas capables de s’intégrer dans ces pays européens qui les accueillent...si mal, mais qui savent bien les utiliser ?

Nous faisons partie de la multitude de militants et d’association de droits de l’Homme qui ne vous demandent aucune faveur, aucune grâce, mais simplement que justice soit faite et qu’Ali retrouve enfin sa liberté, son épouse, sa sœur Farida, sa fille, toute sa famille, tous ses amis, et son pays qui s’est montré si cruel envers lui.

Veuillez recevoir ma haute considération,

  Solidarité Maroc 05,

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Chère Madame Fressard,

Suite à votre mail du 29 juillet concernant la situation de Monsieur Ali Aarrass, j’attire votre attention qu’il a été condamné comme Marocain au Maroc.

Dans ces cas l’ambassade de Belgique n’intervient pas dans le dossier.

Il appartient dès lors à M. Aarrass de s’adresser en direct aux autorités marocaines en ce qui concerne sa situation de détention.

Bien à vous,

Tom Roose.

C0.0./DGC

SPF Affaires étrangères et Coopération.

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Monsieur l’Ambassadeur

Je vous remercie d’avoir répondu à mon courrier. Je ne manquerai pas de m’adresser également aux autorités marocaines pour leur rappeler la situation désespérée dans laquelle se trouve Ali Aarrass. Pour la forme, bien sûr, puisqu’étant auteurs de ces traitements odieux, ils sont forcément au courant !

 Monsieur Aarrass est belge par sa double nationalité. Je m’étonne qu’en tant qu’ambassadeur vous ne vous sentiez pas concerné par un de vos concitoyens.Je croyais qu’un ambassadeur doit assurer secours et protection aux ressortissants de son pays, lorsqu’ils sont en danger de mort, victimes de torture, traitements dégradants et autres sévices comme c’est le cas d’Ali Aarrass. Vivant au Maroc vous devez être au courant des méthodes ignobles des forces dites de l’ordre du Maroc. 

Merci de lire ces quelques lignes extraites de la dernière lettre d’Ali Aarrass :”Je côtoie des horreurs et des injustices qu'aucun homme ne pourrait jamais imaginer ! Le nombre de personnes torturées dans des centres comme celui de Temara, avant d'être amenés en prison, est impressionnant ! Nombre de prisonniers n'ont ni avocats, ni famille pour s'inquiéter de leur sort ! Certains d'entre eux ont été torturés des mois durant. ... »

Continuez-vous à penser :”Ce n’est pas mon affaire” ?

Ma “haute” considération s’est tristement rétrécie...
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Nous avons envoyé une lettre ouverte aux autorités du Maroc, sous couvert du CNDH dont voici des extraits :

Voilà plusieurs années que, comme le comité de soutien à Ali Aarrass et de nombreux militants et associations de droits de l’Homme, notre association dénonce les ignobles traitements que subit Ali Aarrass dans les geôles du Maroc. Comme il est Belgo-Marocain, et plus Belge que Marocain puisque ayant vécu en Belgique et ne maitrisant pas la langue arabe, nous avons d’abord écrit aux autorités de Belgique.

 L’ambassadeur belge à Rabat, M. Tom Roose, m’adresse cette réponse désinvolte et irresponsable qui me scandalise :

«   j’attire votre attention qu’il a été condamné comme Marocain au Maroc.

Dans ces cas l’ambassade de Belgique n’intervient pas dans le dossier.

Il appartient dès lors à M. Aarrass de s’adresser en direct aux autorités marocaines en ce qui concerne sa situation de détention. »

Je pense que M. Aarrass, sa sœur, ses avocats et son comité de soutien se sont souvent adressés « en direct aux autorités marocaines », qui sont déjà au courant de « ce qui concerne sa situation de détention » puisqu’elles en  sont les responsables.

Quant à  Ali, il serait bien incapable actuellement de s’adresser à qui que ce soit, puisque selon Amnesty International « il est toujours conscient mais ne peut se tenir debout et a du mal à parler », en grève de la faim depuis plus de 20 jours et en grève de la soif depuis une semaine. Ses proches craignent pour sa vie. Les tortionnaires dénient parfois à leurs victimes même  le choix, le droit  de se laisser mourir en les  gavant de force, menottés bras en croix, non pas par humanité mais pour ne pas ternir l’image de ce pays qui se dit si exemplaire en matière de droits de l’Homme. Survie artificielle qui n’est pas sans graves séquelles… Nous espérons comme sa sœur Farida qu'il n'a pas l'intention d'en venir à ces dernières extrémités ! 

(...) 

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Grâce à Internet, sur facebook, des dizaines , voire des centaines de lettres ouvertes, mails, fax, publiés et adressés aux autorités belges et marocaines sont la preuve de l'immense mobilisation pour sauver Ali. Il faut continuer et être persuadé qu'une telle mobilisation peut porter ses fruits. En 2006 une telle mobilisation accompagnant une longue grève de la faim des deux plus anciens prisonniers politiques du Maroc a poussé les autorités marocaines à commuer leurs condamnations à perpétuité en des condamnations à 25 ans de prison.