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dimanche 24 mars 2013

FSM TUNIS 26 au 30 mars : Appel pour la Caravane des Sans-papiers et Migrants en vue de participer au FSM de Tunis

Par RITIMO, 12 mars 2013

La CISPM (Coalition internationale des Sans-papiers et Migrants) appelle tous les mouvements et collectifs de Sans-papiers et Migrants d’Europe, ainsi que les associations de migrants subsahariens arrivés ou installés au Maghreb, à réaliser ensemble leur participation active au FSM (Forum Social Mondial) de Tunis, qui se tiendra du 26 au 30 mars 2013. Pour cet évènement, une Caravane sera formée, qui partira de Berlin, à laquelle se joindront, au fur et à mesure de son passage, les diverses délégations, allemande, belge, française, suisse, italienne, espagnole, pour arriver à Tunis après la traversée de la Méditerranée en bateau.
De leur côté, des représentants de l’Association Diel (Droits ici et Là-bas) partiront du Mali, de la Côte d’Ivoire et de Mauritanie pour converger par avion vers Tunis. En 2011, le Ministère de la régularisation de tous les Sans-papiers a participé au FSM de Dakar, consacré en particulier à la Charte Mondiale de Migrants. En 2013 à Tunis, le thème fédérateur du FSM est la DIGNITE. Il va de soi que nous sommes vivement concernés. Et c’est pourquoi, si nous voulons rejoindre le FSM de Tunis par bateau, c’est parce que cette traversée des frontières maritimes sera pour nous tout un symbole. Elle sera le moyen de dénoncer les drames affreux auxquels ont conduit les politiques de collaboration des Etats européens et subméditerranéens dans leur chasse aux migrants : entre 1993 et 2012, de Gibraltar jusqu’aux rivages grecs, près de 12 000 morts par noyade. Faire le parcours inverse, de l’Europe vers la Tunisie sera le moment d’affirmer haut et fort ce qu’exige la reconnaissance de la dignité de chaque être humain, sans aucune distinction : le respect de sa liberté (en l’occurrence ici son pouvoir de circuler librement) et de sa sécurité (le droit de s’installer dans le pays de son choix). Cette traversée sera une nouvelle étape pour manifester notre solidarité internationale à tou-te-s tous les migran-te-s, forcés à l’exil par la mondialisation au péril de leur vie, et dans cette épreuve aussitôt poursuivis comme délinquants au mépris de leur humanité.
En entreprenant notre participation au FSM de Tunis, s’ouvre une nouvelle étape d’une longue Marche des Sans-papiers et migrants pour leur émancipation, qui a commencé, pour l’Europe en 1996 à Paris, à St Bernard, lorsque les Sans-papiers ont décidé de prendre leurs affaires en main, sont sortis de la peur et de la clandestinité pour réclamer leurs droits fondamentaux. Longue marche au quotidien ponctuée ces dernières années par des moments forts. 
Mai 2010 : Paris-Nice à pied pour interpeller la Françafrique.  
Février 2011 : Caravane au FSM de Dakar, pour inscrire la problématique des Sans-papiers en bonne place dans la liste des injustices à combattre avec la plus farouche détermination. 
Juin 2012, Marche européenne des Sans-papiers et des Migrants, afin de se réapproprier concrètement en traversant 9 frontières la liberté de circulation et d’installation, pourtant proclamée comme un droit fondamental de l’homme dans la Déclaration universelle des droits de 1948, et porter cette revendication auprès du Parlement européen. Nul doute que l’hospitalité accordée au FSM par la Tunisie, en ce moment opportun de son invention démocratique, donnera force et audace aux réflexions, débats et décisions de ce Forum mondial.
Les thématiques retenues par le Forum font pratiquement toutes écho de manière précise aux préoccupations des Sans-papiers et Migrants. De toute évidence, parmi les 11 axes de recherche proposés, nous nous devons d’être très présents dans le travail portant sur l’axe 5 de ces thématiques : « Pour la liberté de circulation et d’établissement de toutes et de tous, plus particulièrement des migrants et chercheurs d’asile, des personnes victimes du trafic humain, des réfugiés, des peuples indigènes, originaires, autochtones, traditionnels et natifs, des minorités, de peuples sous occupation, des peuples en situation de guerre et conflits et pour le respect de leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux ».
 Les dix autres axes, plus généralistes sont tout aussi passionnants, et devraient retenir toute notre attention. Cependant, nous pouvons penser que notre apport sera précieux en expérience sur ce qui est pointé par le FALDI (Forum des Associations des Luttes Démocratiques de l’Immigration) qui prépare le rendez-vous de Tunis dans l’objectif de montrer que « la question de l’immigration est un enjeu planétaire qui bouscule les notions de frontières, de souveraineté et de citoyenneté et doit être une des thématiques centrales du FSM-Tunis 2013 « . Même si le Faldi semble vouloir s’intéresser en priorité aux conséquences de cette mondialisation de l’émigration sur les pays du Maghreb, il n’empêche que les ateliers proposés visent des questions qui nous sont familières touchant à notre quotidien : racket des Sans-papiers, femmes migrantes, vieux migrants, migrations et développement, racisme et discriminations ici et là-bas, interculturalité. Nous nous efforcerons d’y apporter l’expérience et l’expertise de la voix des Sans-papiers.
Surtout, nous voudrons rappeler, au cours de ces rencontres et de ces ateliers, l’essentiel de nos analyses et de nos revendications qui, selon nous, ont vocation à être présentées et discutées de manière plénière, car même si elles sont issues d’une lutte qui se déroule en France et en Europe, ses conditions et ses objectifs peuvent prétendre à une certaine universalité pour l’amélioration de la condition globale des Sans-papiers et des Migrants dans le monde. Il ne s’agit pas seulement de décider de quelques mesures ici ou là, mais de changer radicalement de vision du monde. Si nous nous en tenons aux grandes lignes :
  • nous déclarons la légitimité du droit à la libre circulation et à la libre installation
  • nous dénonçons l’inhumanité des lieux d’enfermement pour les Sans-papiers et les demandeurs d’asile, et réclamerons leur fermeture
  • nous réclamons l’arrêt des expulsions du pays d’accueil et des zones extraterritoriales destinées à l’externalisation des expulsions hors de l’Europe
  • nous demandons, comme nous le faisons depuis de nombreuses années, la régularisation de tous les Sans-papiers dans un dispositif pérenne (la carte de 10 ans pour la réalisation d’une intégration réussie) et la réduction des taxes afférentes
  • nous appelons à la promulgation du droit de vote et de l’éligibilité à toutes les élections pour les migrants régularisés
  • nous exigeons le respect inconditionnel du droit d’asile nous affirmons l’égalité entre nationaux et migrants (accès au travail, à la santé, à l’éducation, à la culture. En particulier accès à tous les métiers selon les compétences, lutte contre la dé(dis)qualification professionnelle des migrants).
Ces 7 points représentent nos fondamentaux et nos raisons de lutter. Le FSM de Tunis sera l’opportunité d’en affûter les arguments dans les débats auxquels nous ne manquerons pas de participer, comme nous l’avons fait en février 2011 à Dakar.
Par ailleurs, nous nous souvenons que lorsque, en juin de cette année, au terme de la Marche européenne des Sans papiers et Migrants, nous fûmes reçus à Strasbourg par les parlementaires européens, ils évoquèrent le projet européen d’une refonte démocratique des conditions de l’émigration entre les deux rives, dont la Tunisie, du fait de sa récente révolution, serait le premier laboratoire, et dont les résultats, s’ils sont satisfaisants, pourraient être étendus à une nouvelle politique de voisinage et à une relance de l’union méditerranéenne. Nous aurons ainsi à coeur, par le relais du FSM, de demander au Parlement européen des nouvelles des avancées de ce projet qui, à terme, pourrait concerner aussi bien toute la zone subsaharienne.
En pratique, notre Caravane pourrait se composer d’une cinquantaine de personnes, en souhaitant qu’en plus des représentants des collectifs déjà membres de la CISPM, nous rejoignent des délégués de nouveaux adhérents, en particulier venus d’Espagne et de Grèce, deux pays aux frontières de l’Espace Schengen, et en tant que tels, voués à l’externalisation des procédures d’expulsion et à la rétention massive des entrants.
Ce à quoi nous tenons le plus, c’est à la présence dans la Caravane de Sans-papiers pour qui obtenir un visa pour se rendre au FSM de Tunis et en revenir sera un défi pour notre mouvement : comme nous l’avons fait lors de la Marche européenne, démontrer que les frontières ne sont « pas des murs mais des ponts ».
Enfin nous voulons aussi contribuer à l’extension du FSM en appelant les associations, les syndicats, les travailleurs, les retraités, les étudiants, les mouvements sociaux, les partis, les indignés, tous les citoyens à rejoindre et soutenir par tous les moyens possible les préoccupations et interrogations du FSM durant la période de son déroulement, du 26 au 30 mars 2013.
A Tunis, notre projet est de proposer la tenue d’une séance plénière sur le thème de « la liberté de circulation et d’installation pour tous » et de réaliser sur le même thème la première Manifestation mondiale, le 29 mars 2013, sur un parcours tunisien qui reste à accorder avec les organisateurs du FSM.
Tous ensemble à Tunis, d’une manière ou d’une autre !

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