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mardi 18 janvier 2011

Al Qaïda Maghreb islamique et les autres

 Par POJ, Médiapart,  17/1/2011

Les Tunisiens ont apporté une réponse au texte de Raymond Boudon, de l'Académie des sciences morales, intitulé "Que signifie donner le pouvoir au peuple ?".
Interrogé par Reuters, Christian Bouquet, spécialiste de l'Afrique du Nord et professeur de géopolitique à l'université Bordeaux III affirme que "Il est clair que la France va être obligée d'avoir une position éthiquement plus correcte par rapport aux droits de l'homme, à la liberté d'expression, et donc probablement commencer à réfléchir sur ce qu'elle va dire désormais sur l'Algérie et, tant qu'on y est, sur le Maroc."
Le pays des droits de l'homme s'est satisfaisait de la violation des droits de l'homme au Maghreb parce que les régimes autoritaires servent de bouclier à l'immigration en Europe (voir le traitement marocain des immigrés abandonnés dans le désert).
A ce mépris de l'humain s'ajoute la complicité dans la spoliation des ressources naturelles.
Celles du peuple sahraoui, par exemple. Il lui est refusé depuis des dizaines d'années le droit à l'autodétermination quand le sud Soudan y accède. La contradiction laisse supposer que les droits fondamentaux sont moins déterminants que les ressources pétrolières sur lesquelles vivent des noirs dont on ne veut pas en Europe ; juste bons pour la misère et le Coton (Let's make money) ou la conditions des mineurs congolais exploitant le Coltan.
L'Europe des droits de l'homme se sert des Arabes pour maintenir les noirs dans l'exploitation misérable qu'ils connaissent.
Cette logique s'écroule avec le renversement du régime tunisien, contredisant un schéma simpliste manichéen.
L'Europe admet la perpétuation de la mentalité de la traite négrière arabo musulmane. La concurrence chinoise exploitant la main d’œuvre concentrationnaire sert de prétexte à la situation.
Les inconvénients de la chute du régime tunisien, précurseur de celle de ses voisins ou d'une évolution incontournable menaçant le statu quo, coïncide avec l'apparition d'une branche d'Al Qaïda en Afrique occidentale ; laquelle justifie le maintien d'un appareil policier et militaire, pour la "sécurité dans le monde", celles des approvisionnements en matière première et des profits, et non la sécurité sanitaire, alimentaire et sociale des populations africaines, sans parler de leur droit à l'instruction.
L'inconvénient d'Al Qaïda est qu'on n'en sait pas grand'chose.
C'est un mouvement terroriste flou dans un "concept flou". La finalité terroriste est politique.
N'est pas terroriste ce qui n'est pas politique. Les "terroristes" étaient les partisans de Robespierre. La Mafia emploie la violence "terroriste" mais n'est pas considérée comme terroriste.
L'appellation assimilant les combattants illégaux auteurs d'attentats date des années 1880. Il n'y a a pas eu de terroriste, dans son sens actuel, avant Alfred Nobel. La Dynamite est devenu l'arme terroriste par excellence
Personne n'a rencontré Ben Laden depuis des années.
Ce mouvement n'a pas de revendication politique précise.
Les terroristes d'Al Quaïda sont toujours attrapés morts.
Il est aisé d’attribuer n'importe quoi à un mort sans risquer d'être démenti.
On ignore la branche de l'islam dont Al Quaïda se revendique précisément ; quand l'islam est multiple.
Celui qui est pratiqué en Arabie Saoudite n'est pas celui du Pakistan, de l'Afghanistan et donc du Maghreb. Cela ne dérange pas les commentateurs expliquant la violence en Irak par l'affrontement entre chiites et sunnites.
Les pays occidentaux s'accordent avec des gouvernements comme le Pakistan (Affaire Karachi) pour admettre des comportements criminels (voir les USA avec l'Afghanistan, selon les câbles révélés par Wilileaks).
Cette complicité explique-t-elle que la coopération "policière" n'ait pas permis d'attraper un bonhomme fuyant de cavernes en cavernes depuis dix ans, malgré des drones et une électronique de guerre ?
Il est étonnant que des services secrets comme ceux d'Israël ou des USA ne soient pas parvenus à localiser une personne supposée malade (ou même déjà morte), quand leur efficacité remplit régulièrement l'actualité.
Quant à AQMI, c'est le plus grand flou.
Un de ses leaders, Hassan Hattab, serait détenu dans une prison "secrète" mais d'autres le disent mort. Une prison "secrète" permet de dire n'importe quoi. Les etats occidentaux admettent l'idée de prison secrète quand il ne la pratique pas.
L'appellation même de AQMI est pléonasmatique.
A croire que ses promoteurs voulaient faire plus vrai que vrai, quand le Maghreb n'a jamais été autre chose qu'islamique depuis 1200 ans. Se distinguer d'un Maghreb chrétien, boudhiste, juif, ou, pourquoi pas, athée - dont personne n'a jamais entendu parler parce qu'ils n'existent pas - est étonnamment superflu.
AQMI déborde largement de la zone géographique du Maghreb.
Evoquer le terrorisme dans ces conditions donne le sentiment d'une manipulation de l'opinion.
L'exécution des deux Français s'inscrit dans ce décor.
Rien ne permet d'exclure que les deux victimes aient été kidnappées par de simples voyous.
La précipitation de l'intervention au mépris des règles de précaution en la matière et des services très compétents disponibles (RAID, GIGN) posent question (surtout quand ce "savoir-faire reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité" fut proposée au pouvoir tunisien).
Des revendications d'un groupuscule dont on en sait à peu près rien et dont on n'a jamais vu un membre vivant s'expliquer finit, dans ces conditions, d'exaspérer.
A qui tout cela profit-il ?
A ceux qui ont intérêt à ce que l'Afrique reste un mouroir misérable, sous la botte de la soldatesque d' "idiots utiles" du consensus de Washington, au service d'industries comme Monsanto, Mac Donald, Nestlé, ... le complexe militaro-industriel et de la logique financière qui le soutient .
L'irangate a montré comment cette logique sait persuader les gouvernements à surmonter leurs réticences les plus fortes faisant échec aux processus de paix.
Voilà un enjeu du débat sur la politique israélienne jamais abordé. Israêl, comme les USA, s'exonèrent du droit international en ratifiant très peu de traité sur les droits de l'homme (ex: la Cour pénale internationale, contre laquelle milite même activement les USA). L'Orient de Charles Malik est méprisé. Un tabou s'organise autour d'Israël et de ses exactions (lire les réactions d'Eric Fassin, Elisabeth Guigou sur la suppression du débat sur la Palestine avec Stéphane Hessel à L'Ecole nationale supérieure par sa directrice à al demande du Crif).
L'aspect économique des conflits (voir les 3000 milliards de dollars de la guerre en Irak) n'est jamais abordé. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité au Nations Unies sont de gros producteurs d'armes. Il faut beaucoup moins de dollars pour sauver le Monde.
La Paix apparaît dès lors comme une perte de revenus, malgré l'impact écologique de l'emploi d'armes à l'uranium appauvri.
Face à un tel mépris du vivant, force est de conclure que la vie de deux Français, de quelques millions de Palestiniens et d'un milliard d'Africains ne pèsent rien. Les familles des victimes de Karachi le mesurent chaque jour, comme la femme du juge Borrel, ...
L'affaire Karachi, le renflouement du secteur bancaire par les Français lésés par la crise en 2008, l'arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie montrent que le gouvernement n'est plus qu'un produit dérivé de la finance, Obama réduit à un actif de Goldman Sachs.
“Les financiers ne font bien leurs affaires que lorsque l'État les fait mal.” Talleyrand
Le juge Fragnoli a rendu une ordonnance de rejet dans l'affaire de Tarnac en jugeant que «les actes de terrorisme, par leur nature ou leur contexte, visent à intimider gravement une population, ou à contraindre indûment un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s'abstenir d'accomplir un acte quelconque, ou à gravement déstabiliser ou détruire les structures fondamentales politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales d'une organisation internationale».
De nombreux peuples pourraient invoquer cette décision surtout que " L'intimidation et la terreur ne pouvant cependant se concevoir que par des actes répétés et vécus comme un harcèlement " et que constitue, selon le juge, «des indices graves et concordants» sur l’implication contre «l'atteinte à l'autorité de l'Etat» : «le contournement des règles relatives aux documents administratifs, la commission de faux, la falsification de documents administratifs ».
L'actualité politique et économique confirme l'interprétation de Monsieur Fragnoli montre que le magistrat n'est pas si éloigné que ça de la pensée de Julien Coupat.
Ces dernières années ont laissé s'imposer le mépris pour le droit et l'humain. Le triomphe des égoïsmes n'est pas un progrès. Le discours de l'inspirateur de la société des Nations, Léon Bourgeois et le solidarisme, est oublié. Out également Georges Orwell et la Common decency.
Mon emploi du temps ne me permet pas de continuer à rédiger des notes comme je l'ai fait jusqu'à présent et mon combat d'idées - celles que j'ai essayées de promouvoir - exige toute mon énergie, pour un certain temps.
Amicalement,
poj.eur@gmail.com
nb : J'ai été informé de la sanction privant Ambre de sa liberté de s'exprimer. Tous les arguments sont contestables et il est possible d'y répliquer. Rien ne justifie la censure. Le refus du débat et l'abdication de l'intelligence.
Je n'ai pas vu qu'elle appelait à la violence, à la haine, ou à la guerre, mais plutôt au respect des droits du peuple palestinien, comme Stéphane Hessel. Ambre s'indigne. La sanction paraît dès lors injustifiée et disproportionnée (1).
Il est incohérent que Médiapart - qui se bat jusque dans les prétoires et à raison, comme je l'ai soutenu, pour la liberté d'information - prive quelqu'un de sa liberté d'expression au risque de donner le sentiment de contester sa liberté de conscience.
Le complexe militaro industriel marque un point quand l'humanité perd un défenseur, une voix.
Le mépris l'emporte dans l'indifférence et le silence rend complice.
C'est la part d'Ambre de Médiapart.
Ce qui précède ne peut que faire douter de l'utilité d'avoir des idées en France et de tenter d'en débattre. Quant aux principes...
(1) La Déclaration universelle des droits de l'homme consacre la liberté d'expression mais elle est va plus loin en posant la liberté de conscience (sur l'intervention du délégué chinois Chang Peng Chung, la conscience s'ajoutant à la raison pour caractériser l'homme).
Art. 1er : "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience"
Art. 18 : "Toute personne a droit à la liberté (...) de conscience "
La Déclaration universelle des droits de l'homme est une règle coutumière. L'assemblée plénière du Conseil d'Etat a jugé que les règles coutumières sont applicables en droit interne (CE Ass. 6 juin 1997 – N°148683).
***
Excellent article. J'ai toujours dit que Al-Qaïda n'est qu'une invention de la CIA et de ses carpettes occidentales. Désinformation totale Jeudi dernier dans l'émission " Envoyé spécial" . Quand tous les services secrets ne trouvent aucun terroriste, les reporters en trouvent, bien enturbannés afin que personne ne les reconnaisse, parlant un français plus que correct. En revanche, pour un deuxième terroriste, on aurait cru entendre Michel Leeb dans son sketch "l'africain". C'était probablement un français des services secrets essayant de prendre l'accent. De plus, ce reportage tombe à pic vu l'assassinat des deux français au Niger. Coïncidence ? Sûrement pas.
Pour Ambre, je n'ai pas suivi ce problème( ni celui de Petit Robert). J'ai essayé de trouver leurs propos mais je n'ai pas eu assez de temps pour trouver ce qui leur était reproché. Je n'ai pas vu les insultes dont certains parlaient. Ayant moi-même subi la radiation de Rue89 pour soi-disant homophobie et d'AgoraVox pour rien, je suis contre ces bannissements.
18/01/2011 20:49 Par extralucide

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