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lundi 17 janvier 2011

Torture et détention de militants sahraouis


Par l'Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture( ACAT), 16/1/2011
Depuis l’évacuation forcée, par l’armée marocaine, du camp sahraoui de Gdim Izik, le 8 novembre dernier, et les affrontements qui s’en sont suivi, les forces de l’ordre marocaines ont procédé à l’arrestation de centaines de Sahraouis. Parmi eux, vingt militants ont été transférés à la prison de Salé, à Rabat, et sont à présent poursuivis devant le Tribunal militaire.

Naama Asfari, un des 20 détenus de la prison de Salé 
Ils sont accusés notamment d’atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’État, de formation d’une bande criminelle et d’atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l’exercice de leur fonction, crimes passibles de la réclusion à perpétuité.
D’après les témoignages des détenus recueillis par leurs avocats, au moins treize d’entre eux ont été torturés à la Brigade de la gendarmerie d’El-Ayoun, au Sahara occidental, avant leur transfert à la prison de Salé.
Six détenus ont été violés avec une matraque et se sont fait uriner dessus. La plupart ont été maintenus pendant plusieurs jours menottés, les yeux bandés, privés de sommeil et de nourriture. Certains ont notamment été maintenus dans la position du poulet rôti (suspendus à une barre de fer) et d’autres ont été brûlés avec des cigarettes ou électrocutés. Tous ont été insultés et humiliés.
Seize des vingt détenus sont aujourd’hui en isolement cellulaire. Ils ne peuvent recevoir la visite de leur famille que pendant 15 minutes par semaine, au cours desquelles ils sont séparés par deux grilles entre lesquelles circulent des gardiens. Plusieurs souffrent de saignements et autres séquelles résultant de la torture et ne bénéficient pas des soins adéquats.
Vous souhaitez intervenir en faveur des militants sahraouis :
Écrivez au Roi du Maroc pour leur venir en aide,
vous pouvez adresser la lettre que nous vous proposons après l’avoir datée et signée, sans oublier de mentionner votre nom et votre adresse. Vous pouvez aussi la réécrire à votre manière, avec vos mots, votre écriture, votre conviction.
Pour plus d’efficacité, nous vous conseillons d’envoyer une copie à l’Ambassade du pays à paris, les diplomates informent leurs ministères des préoccupations des citoyens français.
[Par courrier : affranchir à 0,87 euros – Fax : 00.212.53.77.68.515]
• Adressez une copie de votre lettre à l’Ambassade du Maroc
[5 Rue Le Tasse - 75116 Paris- Fax : 01.45.20.22.58]
Majesté,
Sur la base d’informations communiquées par l’ACAT-France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture), je vous exprime ma plus grande inquiétude concernant la situation de vingt militants sahraouis qui ont été arrêtés après les évènements du 8 novembre 2010 dernier et sont aujourd’hui détenus à la prison de Salé.
Il s’agit de Naâma Asfari, Banga Cheikh, Mohammed Bourial, Mohamed El-Ayoubi, Mohamed Bani, Taki El-Machdoufi, Abdallahi Lekhfawni, Abdeljalil Laroussi, Abdallahi Bahah, Bachir Boutenguiza, Abderrahman Zayou, Abdallah Taoubali, Houcine Ezaoui, Edaich Eddaf, Mohamed Lamine Hadi, Mohamed Tahlil, Bachir Khedda, Hassan Dah, Ahmed Sbai et Ahmed Lemjeyid.
Au moins treize des vingt détenus ont été torturés à la gendarmerie d’El-Ayoun, avant leur transfert à la prison de Salé, tandis que les autres ont été maltraités et humiliés. La plupart sont maintenus en isolement cellulaire.
Bien que les détenus soient tous des civils, ils sont poursuivis devant le tribunal militaire de Rabat. Il semble que l’arrestation des vingt militants soit motivée par leur mobilisation en faveur de l’autodétermination du Sahara occidental et leur participation ou leur soutien apporté à la mise en place des camps de protestation, en octobre dernier.
Conformément à la Convention contre la torture et au Pacte relatif aux droits civils et politiques ratifiés par le Maroc, je vous demande de :
• garantir la préservation de l’intégrité physique et psychologique des détenus ;
• dessaisir la juridiction militaire au profit de la juridiction civile, comme l’exige leur qualité de civils ;
• ordonner leur libération immédiate, ainsi que celle de tous les militants sahraouis détenus dans les prisons de Salé et d’El-Ayoun, si leur arrestation n’est motivée que par l’expression de leur engagement politique ;
• diligenter une enquête sur les allégations de torture et de mauvais traitements.
Je vous prie d’agréer, Majesté, l’expression de ma haute considération.
 ***************
Témoignage  de Claude MANGIN en visite à son époux Ennaâma ASFARI à la prison de Salé (Rabat)
 Par Claude Mangin, Ivry, ACAT, 9/12/2011


1-Contexte et circonstances.
Le lundi 8 novembre 2010 a eu lieu le démantèlement par la force par l'armée marocaine du « Camp de la liberté et de la dignité » de Gdeym Izik , 20 000 Sahraouis étaient installés dans 6000 tentes depuis 1 mois à 13 km de El Aaiun sur la route de Smara pour protester contre les discrimination dont ils sont victimes. Cet assaut a été suivi par une chasse à l'homme dans les rues de El Aaiun , les maisons des Sahraouis ont été saccagées et des centaines de jeunes ont été arrachés de leurs maisons et menés vers des lieux inconnus où ils ont été maltraités avant d'être relâchés pour certains . Les blessés n'ont pas été autorisés à être soignés à l'hôpital et jusqu'à ce jour aucun bilan chiffré des morts blessés et disparus n'est possible .
La veille le 7 novembre 2010 , en prélude à cette épreuve de force, mon époux Enaâma ASFARI, juriste, coprésident du CORELSO -Comité pour le REspect des Libertés et des Droits de l'Homme au Sahara Occidental , association franco-sahraouie , militant pacifique des Droits de l'Homme et Observateur judiciaire à tous les procès de militants qui ont eu lieu depuis le début de l'intifada de l'indépendance en mai 2005 au Sahara Occidental , a été enlevé à El Aaiun par les forces de l'ordre marocaines à 20h20 au domicile d'un ami où il avait trouvé refuge. Il a disparu 5 jours .
Le vendredi 12 novembre 2010 , à 5h du matin , il a été vu par des témoins au Tribunal de première instance d' El Aaiun , en short , le corps portant les marques des mauvais traitements subis. Le Procureur Général du Roi avait décidé qu'il serait déféré devant le Tribunal Militaire Permanent (TMP) de Rabat. Effectivement , il a été transféré et incarcéré le même jour à la prison Zaki 2 de Salé.
Il a été mis au secret jusqu'au lundi 6 décembre 2012 .
Ce jour là , son frère Khadad ASFARI a obtenu une autorisation de visite auprès du juge d'instruction de la chambre n°1 du TMP /FAR et a pu le voir dans la foulée comme avaient pu le faire les deux premières visites familiales autorisées le vendredi 5 décembre 2010 de Abed El Jalil LAAROUSSI et de Abed Allahi LAKHFAOUNI et le jeudi 9 décembre, les familles de Mohamed  BANI et de Abed Errahmane ZAYOU.
2-Rabat au Tribunal Militaire Permanent /FAR (Forces Armées Royales )
Lundi 6 décembre 2010, j'informe par courriel et par téléphone le Ministère Français des Affaires Etrangères, que j'avais précédemment alerté par lettre circonstanciée le 21 novembre 2010 de la situation faite à mon mari , l'Ambassade de France au Maroc et l'Ambassade du Maroc en France , de mon intention de me rendre le soir même à Rabat pour exercer mon droit de visite à mon époux accompagnée d'une amie Christiane Boisselon .
A l'arrivée à l 'aéroport au passage de la police , ma fiche est immédiatement récupérée auprès de l'agent qui vérifie mon passeport . Nos bagages sont fouillés. Nous serons suivis en permanence par  une voiture et 3 hommes en civil durant tout notre séjour .
Mardi 7 décembre 2010 , jour de l'an du calendrier musulman , les administrations sont fermées.
Mercredi 8 décembre 2010 , nous nous rendons au TMP , On m'emmène près d'un greffier , une vieille femme sahraouie est déjà là , elle parle espagnol . Tandis qu'on m'emmène chez un gradé , je croise les hommes qui sont avec la femme sahraouie et qui sorte de son bureau avec l'autorisation apparemment . On se salue avec joie . Le gradé écoute ma requête et me renvoie vers le greffier qui me dicte la demande d'autorisation de visite de mon époux à laquelle on me demande de joindre les photocopies du livret de famille, de l'acte de mariage et de mon passeport .Nous portons cela dans un bureau dans lequel on ne me fait pas rentrer . Le greffier ressort après un bon moment avec la demande d'autorisation tamponnée. Je suis conduite auprès du gradé à qui je demande poliment son nom , il se présente : Colonel LAABAKI .(...) . En fait , il ne me donne pas l'autorisation de visite et me dit qu'on me rappellera sans autre précision. (...)
Jeudi 9 décembre 2010 , nous retournons au TMP dès 9h du matin. Je suis conduite aussitôt dans le  bureau du Colonel qui me dit qu'il allait justement m'appeler . Le dossier est sur son bureau , il fait établir l'autorisation en arabe .Le greffier me dit que le motif d'inculpation est dessus mais personne ne me le traduit .Nous partons pour Salé à une petite heure en voiture de Rabat-centre sur la route de Meknès au-delà du fleuve le Bou Regreb qui sépare Rabat de Salé.
3-La prison de Salé.
L'extérieur :
Nous arrivons près de l'ensemble carcéral qui est composé de nombreux bâtiments à l'intérieur d'une enceinte de plusieurs centaines de mètres de côté. Après avoir demandé aux policiers de garde de 2 entrées, c'est la 3° porte qui est la bonne. Cette partie du bâtiment est neuve avec un portail monumental du meilleur style arabo-andalou avec la mention en haut du porche : « Administration pénitentiaire et à la réhabilitation » en français et en arabe .Cette annexe récemment construite dépend de la Direction pénitentiaire à la réhabilitation dont le Directeur est Monsieur Hafid Ben Hachem ,sise rue Avicenne à Rabat et qui est directement rattachée au Premier Ministre . Le long du mur d'enceinte et de chaque côté du portail se trouvent deux abris magnifiques comme ceux installés devant les grands hôtels : il n'y a que les membres des familles des détenus sahraouis LAAROUSSI et ZAYOU et nous pour en profiter . De l'autre côté de l'enceinte , en revanche la porte d'entrée de la prison des prisonniers de droit commun est misérable avec devant de vulgaires barrières pour réguler les files des familles qui attendent , nombreuses , avec leurs cabas de nourriture.
Devant la porte:
(...)Arrivés à 11h, on nous demande de revenir 1 heure plus tard soit à midi . Nous savons que les visites se terminent vers 13h30 (...) .Le neveu de Abed Errahamane ZAYOU de Boujdour , universitaire parle bien français . Il nous explique qu'il a le niveau BAC+6 en Sciences Economiques . Il vient d'être licencié de l'emploi qu'il occupait dans une banque de micro-crédit et il lui a été notifié qu'il est envoyé comme instituteur quelque part en relégation , il ne sait pas encore où , dans une région éloignée de tout vers Errachidia Ouerzazate ....à titre de représailles . Il est inquiet car son oncle incarcéré âgé de 58 ans est diabétique et qu'ils sont sans nouvelles de lui depuis son enlèvement.
Un homme jeune en civil , sort furibond de la prison et fonce sur Christiane en train de manipuler son téléphone portable l'accusant d'avoir pris des photos de la prison .Christiane s'en défend lui montrant ses photos de famille .(...). Il se radoucit , je le reverrai à la fin de la visite à la sortie encore toute abasourdie par ce que je viens de vivre et où il va essayer de me faire parler , c'est «un mouton».
4-L'intérieur de la prison.
Dans le bureau des formalités.
Enfin , je rentre dans la cour puis, celui qui est le directeur adjoint de la prison m'emmène dans un bureau .Un policier assis à une table passe un bon moment à recopier mon passeport dans un registre à colonnes tel que ceux qui sont remplis pour les étrangers à tous les postes de police à l'entrée de toutes les villes à partir de TanTan jusqu'à la frontière mauritanienne. Pendant ce temps je lui montre le paquet de papillotes que j'ai apporté . Je sais par Khadad qu'on ne peut rien donner sauf de l'argent . Il ouvre le paquet et me demande s'il y a de l'alcool dans ces friandises. Je lui propose de goûter , il refuse. Il en ouvre une , la petite devise habituelle qui est à l'intérieur de chaque papillote tombe dans le paquet . Si le paquet a été remis à Naâma , cela lui aura fait de la lecture car il a dit à Khadad que une des choses dont il a le plus souffert , c'est d'être coupé du monde . De plus , Khadad lui a rapporté des lunettes . Il ne voit rien d'un oeil et a 2 dixième à
l'autre, il est resté dans le flou tout ce temps .
A l'intérieur de la 2° enceinte.
Bien sûr ,il n'y a pas de chaise pour s'asseoir . Au bout d'un long moment , je demande à aller aux toilettes. Il commence par refuser puis il consent à m'emmener .(...)
Vers le parloir.
Je retourne par le même chemin dans le bureau . Là, le Directeur adjoint m'emmène voir Naâma. Je ne sais pas ce qui m'attend. J' ai deux expériences :
-La première fois ,c'est à la prison de Marrakech en avril 2008 quand mon mari traité comme un délinquant est avec les détenus de droit commun . Je l'ai vu dans un parloir durant environ une heure avec une centaine de personnes réparties autour de tables . C'était bon enfant , même si j'étais mal car c'était la première fois que j'allais dans une prison et qu'il portait des traces de coups et de brûlures de cigarettes sur tout le corps , encore visibles 9 jours après son enlèvement .
-La seconde fois , c'était en août 2009 , à TanTan , je l'ai vu quelques heures après son arrestation au poste de police en pleine nuit .Il avait été tabassé sur la tête , ses lunettes avaient été cassées . Je l'ai revu quelques jours plus tard dans la prison vétuste de TanTan qui date de l'époque coloniale. Dans un couloir , en plein air , nous étions assis sur des chaises et nous avons devisé ensemble , les policiers se tenant à bonne distance . Je ne l'ai pas vu à la prison de Tiznit où il avait été transféré après son jugement au tribunal de première instance de Tan Tan fin août pour purger ses 4 mois. Je ne l'avais pas vu à la prison de Smara lors de sa première arrestation en janvier 2007. J'ai pris en pleine figure et en plein cœur ce qui va suivre , je n'étais pas préparée à ce que j'ai vécu et cela m'a fait très mal !
5-Le parloir.
On me fait rentrer dans une pièce mal éclairée qui est toute en largeur .En face de moi , il y a un haut grillage très serré qui est fixé au-dessus d'un mur d'un mètre de haut environ . Derrière le grillage un no mens land d'environ un mètre de large puis un autre grillage très serré derrière lequel , tel un singe dans un zoo , se tient Naâma raide les mains derrière le dos , habillé d'une veste de jogging blanche , pas rasé .Il est sur la droite de la pièce, à contre jour devant une fenêtre sur laquelle donne le soleil. Spontanément , je lui demande de se mettre en face de moi pour que je le voie mieux . Bien sûr , il ne bouge pas , c'est fait exprès pour que je ne distingue pas bien son visage. Il porte ses lunettes. Dans le no mens land , de chaque côté de nous , il y a des policiers en uniforme qui parlent fort entre eux par dessus nous pendant tout l'entretien qui va durer environ 5' vu le peu de choses que nous nous sommes dites .Il me dit qu'il a su lors de la visite de son frère , son premier contact avec le monde depuis le 12 novembre 2010 que je devais arriver le soir même. Il avait su que le mardi était férié . Je lui dis alors que je n'avais pas été autorisée à venir la veille .
Puis vient sa première question :« Que font les ONG ? » . Je réponds : « Human Rigths Watch et Amnesty International Londres sont allés en mission plusieurs jours à El Aaiun et des rapports ont été publiés . Inès Miranda , avocate canarienne de Aminatou Haidar , vient d'être refoulée de El Aaiun comme tous les étrangers qui tentent d'y aller et Ahmed SBAI ,un de nos amis très cher, vient de se faire arrêter après bien d'autres . Il répond :« Alors , c'est toute la bande! » , je réponds : «Eh oui !».-Ahmed SBAI sera incarcéré le 11décembre 2010 comme le 19° militant sahraoui des Droits de l'Homme à la prison de Salé-
Il reprend la parole :« J 'ai un message à faire passer , je veux un avocat français qui vienne non plus comme observateur mais qui vienne plaider ici pour demander mes droits fondamentaux de détenu».
A ce moment là , le Directeur adjoint m'annonce que c'est terminé , je suis stupéfaite .Vite , je parle de l'argent que j'ai apporté , je le compte tout fort . Je vois alors que le policier de gauche lui parle à l'oreille sans doute lui fait-il le rapport de nos échanges . A ce moment-là , je vois Naâma à droite qui a fait demi tour , il a toujours les mains dans le dos sans doute menottées , il me jette un coup d'oeil par dessus son épaule et me dit au revoir sans un sourire .
Je sors en état de choc . Je n'ai rien compris , il est trop sérieux , ce n'est plus Naâma . Il ne m'a rien raconté , je n'ai rien pu lui dire de personnel en particulier sur des problèmes à régler concernant ses affaires , sa voiture etc...Il n'a jamais souri . Il est resté raide comme la justice , les mains derrière le dos .
On me ramène au bureau , le préposé note le montant de la somme que j'ai laissée dans un registre que je signe et me prépare une carte de visite familiale , jaune d'or , sur laquelle, il colle une photo d'identité de Naâma que j'avais apportée , par précaution, mais je n'ai pas de photo de moi, gentiment le Directeur adjoint me dit : « C'est pas grave ,vous l'apporterez lundi , c'est le jour de visite de la famille ASFARI ! ....facile effectivement , plus besoin de passer au TMP/FAR,et Rabat est la porte à côté de Paris !
6-L'après visite .
La prise de conscience
Il est passé de l'autre côté du miroir , il a rejoint la cohorte de ceux qui ont été torturés et atteints au plus profond de leur être seulement parce qu'ils sont sahraouis.
Ce n'est que peu à peu que je décode ce que je viens de vivre , en parlant avec Christiane tout au long du reste de la journée . En racontant la visite au Consul Général de France Mr Ortholan qui nous reçoit l'après midi pendant 35mn . Puis le vendredi , à mon retour en le racontant à mes parents qui me disent : « Mais ce type de parloir , c'est ce qu'on voit à la TV ! ». Le dimanche, je vais chez l'oncle de Naâma , un ex disparu forcé pendant 10 ans qui vit à Paris .Il dit « Je suis fier de Naâma , le processus est long et la lutte continue ». Après mon récit , sa femme dit: « Mais , c'est ce qu'on voit à Guantanamo ou ailleurs dans les prisons de « terroristes » quand les femmes sont obligées de hurler pour se faire entendre de leur interlocuteur ». Je téléphone à un des 8 avocats sahraouis de El Aiun avec qui je suis en contact puis à Ghalia Djimi de l'ASVDH-Association Sahraouie des Victimes des Violations graves des Droits de l'Homme commises par l' Etat Marocain - tous ont vécu la même expérience et en pire car ils ont été disparus forcés entre 4 et 15 ans selon les cas. Ils me conseillent : « Tu dois reprendre tes esprits , tu dois y retourner car il faut exercer ton droit de visite. Il faut faire passer des messages et c'est la seule façon qu'on a de le faire tant qu'ils sont à l'isolement . Il faut l'encourager , lui donner des nouvelles et ainsi l'aider à vivre chaque jour . Et tu imagines combien les autorités marocaines doivent être ennuyées qu'une étrangère , une française qui plus est, soit témoin des conditions de visite des familles à leur parent détenu. Tu devras demander à le voir dans d'autres conditions plus humaines . Alors je décide d'y retourner le lundi 20 décembre 2010 car je suis en vacances de Noël.
7-Premières idées d'Action:
Je décide de proposer l'idée d'une campagne de parrainages des détenus et l'envoi massif de courriers par tous les réseaux possibles , associatifs, amicaux, familiaux .... de courriers à l'ensemble des détenus de El Aaiun et de Salé pour leur montrer qu'on ne les oublie pas et pour faire pression sur les autorités marocaines .

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