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dimanche 16 janvier 2011

Texte de la LDH lu à Gap, à la manifestation de soutien au peuple tunisien

«Vous voyez ce qu'ils font ? Il faut raconter comment ils nous traitent. Ils veulent nous faire taire ! Mais on ne s'arrêtera pas tant que cette clique d'assassins sera au pouvoir.»
«Ils sont fous, ils veulent tous nous tuer !»
Paroles de manifestants hier sur l'avenue Bourguiba à Tunis !
Le suicide par le feu, à la suite du harcèlement policier de Mohamed Bouazizi, un jeune précarisé, à Sidi  Bouzid au centre du pays, a été l’étincelle qui a embrasé l’ensemble de la « Tunisie des miracles » du général Ben Ali.
Les principaux concernés par ce vent de révolte, les chômeurs et les précaires, rejoints par les salariés, les syndicalistes mais aussi par d’autres secteurs sociaux, comme les avocats, se sont levés contre le régime de Ben Ali et son gouvernement. La réponse de celui-ci a été implacable, tir à balles réelles (près de 100 morts, des centaines de blessés) , répression, arrestations, tortures...
Ben Ali hier s'est enfui face à la détermination du peuple tunisien.
Mais sa fuite ressemble plutôt à la dernière cartouche qu'use le pouvoir en place. C'est ce même pouvoir qui, sous l'égide du dictateur Ben Ali, organisait encore hier la répression, la tuerie à laquelle nous avons assisté. Après la fuite de Ben Ali, ce pouvoir prétend qu'il serait prêt à un retour à la démocratie. Mais déjà il ne respecte pas sa propre constitution qui veut que ce soit le Président de l'Assemblée qui prenne l'intérim de la présidence. Le premier ministre Mohamed Ghannouchi est l'ami fidèle de la première heure du clan Ben Ali et l'acteur zélé de la politique de pillage de la Tunisie et ces dernières semaines de cette politique de répression meurtrière. Il a notamment organisé depuis 23 ans  la répression envers les forces syndicales, envers les intellectuels, envers les jeunes, envers tous ceux qui pouvaient représenter la moindre force vive de ce pays. C'est l'homme des 10 % de la population engagés dans les forces de police pour surveiller 90 % de la population. C'est cet homme là que Ben Ali, avant de s'enfuir dans la grande démocratie de l'Arabie Saoudite, a nommé pour engager la soi-disant transition démocratique. A qui peut-on le faire croire ? C'est cet homme là qui, à peine nommé, décrète l’État d'urgence, le couvre-feu de 17 h à 7 heures du matin, et autorise le  "retour" du tir à balles réelles si le peuple tunisien osait cet affront suprême d'oser se réunir, pour par exemple fêter la fuite du dictateur, à plus de 3 personnes sur la place publique, c'est lui aussi qui fait fermer l'espace aérien tunisien...
Si le départ de Ben Ali est une victoire, et une victoire du seul peuple tunisien, aujourd'hui les mêmes sont toujours en place... et ce avec la complicité de la France, ou du moins du gouvernement français.
Le peuple français doit être solidaire du peuple tunisien. 
Il y a quelques jours, Madame Alliot-Marie a déclaré «on ne peut que déplorer des violences concernant des peuples amis. Pour autant, je rappelle que cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type. »
Monsieur Bruno Le Maire a, quant à lui, déclaré sur Canal+ « le président Ben Ali est quelqu’un qui est souvent mal jugé mais il a fait beaucoup de choses ». En effet, il a fait beaucoup de choses :
le pillage en règle de l'économie du pays au profit quasi exclusif  du clan Ben Ali, la mort de plusieurs dizaines, aujourd'hui d'une centaine de Tunisiens ; il réprime sauvagement des manifestations légitimes, il fait tirer sa police à balles réelles , il saccage les appartements de militants, il emprisonne en dehors de toute légalité, il torture…mais aussi il a su organiser deux Tunisie, celle pour le peuple qui n'est que misère, famine, chômage et répression et celle pour les élites, françaises notamment, pour les accueillir dans le plus grand luxe et obtenir leur complicité pour exercer sa tyrannie.
N'oublions jamais que c'est grâce à la France principalement que la dictature sanglante de Ben Ali a pu se maintenir pendant 23 ans.
C'est dans le cadre de cette complicité active que Madame Alliot Marie est venue proposer de l'aide à celui qui était encore un ami. Ce soutien actif est une honte pour le peuple français.
Ce matin, j'entendais sur les ondes d'une grande radio nationale l'inquiétude d'un "journaliste", non pas pour le peuple tunisien et la répression féroce qu'il subit, mais sur le risque que "des émeutiers cassent aujourd'hui" mettant en péril le processus dit "de démocratisation", relayant par la même le discours honteux de
la clique au pouvoir.
Hier, le représentant de la Ligue des Droits de l'homme en Tunisie disait clairement au gouvernement français, "ne vous occupez plus de la Tunisie, laissez-nous, nous ne sommes plus une colonie, vos positions dans cette crise systématiquement du côté des criminels vous disqualifie pour longtemps".
La Ligue des Droits de l'Homme , La FIDH exige la mise en place immédiate d'une commission d’enquête internationale sur la répression sanglante des manifestations en Tunisie.
Nous exigeons l'arrêt immédiat de la répression en Tunisie, la levée de l'état de siège et du couvre-feu. La police et l'armée doivent rentrer dans leur caserne pour attendre d'y être jugées.
Nous exigeons , avec le peuple tunisien, le droit immédiat à la liberté d'expression sous toutes ses formes, à la liberté de manifestation, d'organisation. 
Nous exigeons la libération immédiate de tout les prisonniers politiques.
Le peuple tunisien, doit trouver seul, ses propres formes d'organisation démocratique, élections législatives, constituantes, etc...
Nous exigeons que tous les avoirs du clan Ben Ali ainsi que de tous ceux qui ont participé à ce pouvoir dictatorial soient bloqués et saisis immédiatement pour être restitués au peuple tunisien .
Nous exigeons l'arrestation immédiate du dictateur pour qu'il puisse rendre compte de ses crimes au peuple tunisien
Nous demandons que les accords européens soient immédiatement gelés, suspendus, confisqués tant que le peuple tunisien n'aura pas choisi ses propres formes de gouvernement.
Nous exigeons la démission de Michèle Alliot-Marie, ministre de la guerre , VRP des savoir-faire de la France en matière de répression.
Nous demandons une commission d’enquête indépendante sur les relations entre le gouvernement français et la dictature tunisienne.
Nous sommes solidaires de la même façon des peuples Algérien, Marocain et Sahraoui qui subissent un sort comparable.
Notre mobilisation ne doit pas se relâcher, notre responsabilité est de taille !

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