Par Le Point.fr, 17/1/2011
L'opposant historique tunisien Moncef Marzouki a annoncé lundi sa candidature à la présidentielle en Tunisie, prévue dans deux mois à la suite de la chute du président Zine el-Abidine Ben Ali, dans une interview à France Info. "Je serai effectivement candidat" à l'élection présidentielle, a-t-il déclaré. Il est le dirigeant du Congrès pour la République (CPR), parti de la gauche laïque interdit sous le régime Ben Ali.
"Mais je vous dirais que la question n'est pas là. La question est : est-ce que, oui ou non, il y aura des élections libres et honnêtes et est-ce que, oui ou non, on va permettre à toutes les bonnes volontés, tous les hommes et les femmes de se présenter ?" a-t-il dit. Est-ce que, "oui ou non, on va abolir le code électoral en vigueur actuellement, qui a été concocté sous la dictature pour la dictature ? Sous quelle Constitution nous allons faire ces élections ? Est-ce que c'est sous la Constitution de la dictature, etc.", a poursuivi l'opposant en exil en France qui s'apprête à rentrer en Tunisie.
Des élections sous 60 jours
Au pouvoir depuis 23 ans, Zine el-Abidine Ben Ali a fui son pays vendredi après un mois de manifestations réprimées dans le sang. Le Conseil constitutionnel tunisien a proclamé "la vacance définitive du pouvoir" et la nomination de Fouad Mebazaâ, président du Parlement, au poste de président de la République par intérim. Selon la Constitution, des élections présidentielle et législatives doivent être organisées dans un délai de 60 jours.
"Pour le moment, nous sommes devant un paradoxe, a cependant commenté Moncef Marzouki. La Tunisie a chassé le dictateur, mais la dictature est toujours là. La dictature, ce n'est pas simplement Ben Ali, la dictature c'est le système. Or le système est basé sur un parti, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique)", au pouvoir sous Ben Ali, a-t-il dit. Le RCD est "un parti clientéliste, un parti sécuritaire qui encadre l'ensemble du pays, qui est une véritable pieuvre, et ce parti-là est toujours là. Et c'est ce parti qui a gardé dans le nouveau gouvernement les postes-clés et qui s'imagine qu'il va pouvoir duper et rouler les Tunisiens en élisant l'un des siens".
La composition du nouveau gouvernement tunisien doit être annoncée lundi à l'issue d'une réunion des principaux partis politiques avec le Premier ministre sortant, Mohamed Ghannouchi, reconduit à ses fonctions après le départ de Ben Ali. Ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, jusqu'en 1994, et co-fondateur du Conseil des libertés en Tunisie (CNLT, non reconnu), Moncef Marzouki avait créé le Congrès pour la République en 2001. Il a été condamné à un an de prison en 2000.
SOURCE AFP
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