Par Alifpost, 16/3/2014
La justice Française
Alifpost-Analyse -
26 مارس، 2014
Le gouvernement marocain a
eu recours à la justice universelle pour poursuivre les trois Marocains
qui ont déposé des plaintes contre la DGST, l’organe des renseignements
civils dirigé par Abdellatif Hammouchi, l’accusant de torture pendant
leur détention au Maroc, chacun pour un motif différent. Le procès
pourrait donner lieu à des développements inattendus si certaines
associations internationales ayant déjà élaboré des rapports sur la
torture au Maroc se mêlent de l’affaire.
Selon l’agence de presse
marocaine officielle MAP, le ministre de l’Intérieur Mohammed Hassad a
annoncé dans un communiqué officiel que le Maroc a déposé une plainte au
tribunal de grande instance de Paris pour «dénonciations
calomnieuses» contre Adil Mtalsi, Zakaria Moumni, et l’Association ”
Action des Chrétiens pour l’ Abolition de la Torture “, qui avait
porté plainte contre Hammouchi au nom de Mtalsi et Asfari. Le
communiqué accuse l’ACAT de parti-pris flagrant et actif contre
l’intégrité territoriale du Maroc.
Le communiqué fait l’éloge du
rôle des services secrets marocains, puisqu’il dénonce une
«instrumentalisation de la procédure judiciaire française» par les
«auteurs de plaintes mettant en cause de hauts responsables marocains,
pour des allégations de torture qu’ils savaient inexactes». Il ajoute
que ces plaintes «dévoilent les motivations réelles de cette
manipulation, à savoir la déstabilisation des organes de sécurité
relevant du ministère de l’Intérieur, notamment la DGST, institution
reconnue et estimée pour ses réalisations en matière de lutte contre le
terrorisme et le crime organisé, dans le strict respect de l’Etat de
droit ».
Le ministre de l’intérieur a
chargé quatre avocats de déclencher sa poursuite (deux
marocains Abdelkebir Tabih et Omar Taieb et deux français Ralph
Boussier, Yves Repiquet)
Lorsque les trois plaintes
avaient été déposées contre Hammouchi pour torture à Témara, la justice
française a voulu interroger ce dernier, le 20 Février dernier, alors
qu’il participait à Paris à une conférence sur la sécurité qui
réunissait le Maroc, l’Espagne, la France et le Portugal.
Le Maroc avait jugé le procédé
«suspect» et avait réagi en convoquant l’ambassadeur français à Rabat,
puis a gelé l’application des accords judiciaires avec la France. De son
côté, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avait
reconnu qu’il y avait eu un incident regrettable mais a rappelé que le
pouvoir judiciaire était indépendant.
Un mois plus tard, lorsque le
Maroc s’est aperçu que la justice française ne peut pas faire marche
arrière et ne subit pas de pression de la part du gouvernement, il a
décidé de contre-attaquer. Selon des experts, selon la logique
judiciaire, puisque le Maroc a décidé de recourir à la justice
française, il devrait accepter la poursuite contre Hammouchi, sauf s’il
insiste sur sa souveraineté.
A ce stade, on peut se poser
ces questions : le but de la poursuite enclenchée par le Maroc n’est-il
pas de mettre fin au gel de la coopération judiciaire avec la France ?
Si cette poursuite est acceptée par le parquet français, ce qui est très
probable, le Maroc acceptera-t-il à son tour la poursuite contre son
organe de renseignements ?
Dans le même temps, ces
plaintes et contre-plaintes pourraient donner lieu à des rebondissements
retentissants lors des procès, dans la mesure où Zakaria Moumni, en
particulier, produira les rapports internationaux qui accusent le Maroc
de pratiquer la torture et citent le centre de Témara où se situe le
siège de la DGST.
Par ailleurs, le Maroc fait
appel à la notion de justice universelle qu’il a refusée jusqu’à
présent. Il aurait pu, comme les trois personnes sont de nationalité
marocaine, recourir à la justice marocaine.
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