« C’est scandaleux ! (…) C’est parfaitement anormal dans notre démocratie », s’est écrié, à 15h30, l’avocat de Dieudonné. Et pour cause. Après avoir gagné la bataille devant le tribunal administratif de Nantes, il était convoqué devant le Conseil d’Etat à 17h00… à Paris.
Explications.
Comme cela avait été dit et redit par quasiment tous les experts en
droit administratif français ou autre, le tribunal administratif de
Nantes, qui a examiné aujourd’hui le référé-liberté de l’humoriste
français Dieudonné M’bala M’bala, dit Dieudonné, contre l’incroyable interdiction de son spectacle, « Le Mur », ordonnée par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et qui doit commencer aujourd’hui à 20h30 à Nantes, a résolu que l’arrêté d’interdiction était annulé.
Ce qui signifiait une grosse défaite politique non seulement pour
Manuel Valls, qui s’y est engagé personnellement, mais pour également
tout le gouvernement français qui s’était lancé tête baissée dans cette
aventure. Car en France, faire condamner quelqu’un pour des propos
racistes ou antisémites est une chose, interdire un spectacle en est une
autre.
Comme le signalait aujourd’hui la Ligue des Droits de l’homme, après
la décision du tribunal administratif favorable à l’humoriste, en se
lançant dans la bataille du contrôle préalable de la liberté
d’expression, Manuel Valls avait mis le gouvernement «dans une situation délicate» en demandant aux préfets d’interdire le spectacle de Dieudonné.
Mais c’était mal
connaître le caractère vindicatif et quelque peu déséquilibré de Valls.
Réponse du berger à la bergère, dans un communiqué le ministre de
l’Intérieur, qui joue sa carrière politique dans cette histoire, a
annoncé son intention de saisir le Conseil d’Etat.
Normal, pourrait-on dire. Ben non ! Car normalement, alors que le Conseil d’Etat a 48 heures pour juger, il a exceptionnellement décidé de se réunir aujourd’hui même…. à 17h00, alors que l’avocat de Dieudonné, Me Jacques Verdier, se trouve encore à Nantes. Et que le spectacle de Dieudonné, autorisé par le juge de Nantes, doit commencer à 20h30…
Le régime marocain qui, comme tout le monde sait, contrôle avec une main de fer la justice du royaume, n’aurait pas fait mieux…
Contacté par le quotidien français Libération, Anne Baux, la présidente de l’Union syndicale des magistrats administratifs, est abasourdie. Elle s’est montrée très surprise de cet empressement du Conseil d’Etat.
«Je n’ai jamais vu ça, ça ne s’est jamais fait car pour qu’il y ait procédure contradictoire devant le Conseil d’Etat la requête du ministre doit être communiquée au défendeur» pour qu’il puisse préparer l’audience. «Même en droit électoral on ne juge pas aussi vite.»
Et Libération, qui se trouve à l’avant-garde de la campagne de harcèlement médiatique contre le controversé humoriste, de reconnaître que « d’autant que les avocats sont à Nantes et que le Conseil d’Etat se réunit à Paris ».
En fait, il s’agit d’un véritable coup d’Etat juridique.
Une ultime tentative de Manuel Valls et du gouvernement français de
gagner cette bataille contre Dieudonné, alors que, comme l’a signalé
l’ancien ministre de l’Intérieur sous François Mitterrand, Pierre Joxe, il y a d’autres moyens juridiques pour s’en prendre à Dieudonné.
Suspense donc !
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