Association
de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue
des Suisses 92000 Nanterre
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Point
hebdomadaire n°49 sur la campagne de parrainage des prisonniers d’opinion au
Maroc
Par le bureau exécutif de
l’ASDHOM Paris, le 6 janvier 2014
Nous entamons avec ce point
l’année 2014 et nous espérons que celle-ci sera la moins insupportable pour les
victimes de l’injustice qui croupissent dans les geôles marocaines et que nous
parrainons dans le cadre de cette campagne de solidarité
internationale.
Cette 1ère semaine de
l’année était relativement calme en matière de procès et d’arrestations
arbitraires. Mais nous craignons, comme dit l’adage, que ce ne soit qu’une
accalmie qui précède la tempête. Les chiffres que nous avons annoncés dans le
dernier point (n° 48), à
l’occasion du bilan de fin d’année 2013, justifient cette crainte. Sur les
261 détenu-e-s politiques et d’opinion
recensé-e-s, 183 purgent déjà une
peine d’emprisonnement. Les 77
citoyens qui restent, attendent leurs
procès soit en prison, soit en liberté provisoire. On y trouve, par
exemple, les cinq étudiants,
militants de l’UNEM à Meknès,
incarcérés depuis le 17 décembre 2012, soit plus d’un an de détention
provisoire ; les sept diplômés
chômeurs, militants de l’ANDCM à Zayou ; le journaliste Ali Anouzla, poursuivi dans plusieurs
affaires, mais dont la prochaine audience devant le juge d’instruction
concernant la principale d’entre elles, celle qui touche au « terrorisme », est
fixée au 18 février 2014 ;
l’avocat Me Mohamed
El-Messaoudi, défenseur des droits de l’Homme,
poursuivi pour outrage à magistrat ; les deux
coordinateurs du mouvement des
victimes des dérives du microcrédit à Ouarzazate ; les 34 enseignants, poursuivis à Rabat en
liberté pour avoir manifesté leur refus d’être exclus de la promotion qui a
bénéficié à leurs collègues ; À ceux-là s’ajoutent plusieurs syndicalistes de la société City-Bus à Fès et ceux de l’OCP à El-Jadida et à Khouribga, les 10 citoyens de Ksiba, arrêtés lors d’un sit-in à Amchad
(voir point 48), quelques militants du mouvement 20-Février,
ainsi que plusieurs Sahraouis qui
attendent en prison d’être jugés.
Ce sont donc là les quelques
futurs procès qui vont tomber en cascade en 2014. Nous n’avons pas toutes les
dates. Nous vous les donnerons au fur et à mesure et ce point hebdomadaire n’est
qu’un avant goût.
Groupe
UNEM-Marrakech : Ce groupe est composé de
dix personnes. Des étudiants
militants de l’UNEM, arrêtés le 15
février 2013 chez eux au quartier Daoudiat à Marrakech après un mouvement de
protestation qu’avait connu l’université Kadi Ayyad. Ils écopent des peines
allant de 2 à 3 ans de prison
ferme. Ce groupe, qui a été réparti sur les prisons de Tiznit (Aziz El-Bour, Mohamed Mouaden),
de Safi (Hicham Meskini), d’Essaouira (Mohamed Ahrik), de Kalaât Sraghna
(Boujamaâ Jamou), de Ouarzazate (Brahim Najmi, Hamid Zadou, Mohamed Ouakkassi,
Hamid Baghdadi, Abdelhaq Talhaoui), observe une grève de la faim depuis le 12 novembre
2013.
À ce groupe s’ajoute Chérif Talhaoui, le frère d’Abdelhaq, qui
purge une peine d’un an à la prison Boulamharez de Marrakech après avoir été arrêté à Agadir
suite à sa participation au mouvement 20-Février. L’état de santé des grévistes
de la faim se détériore de jour en jour sans que les responsables marocaines
daignent écouter leurs doléances. L’ASDHOM appelle les autorités marocaines à
intervenir pour satisfaire leurs revendications légitimes et leur garantir des
conditions humaines comme l’exigent les traités internationaux ainsi que la loi
98/23 qui régit les prisons au Maroc.
Groupe
Imider-Mineurs : Après l’enlèvement de Hamid Berka le 28 décembre dernier (voir point 48), un deuxième
militant du Mouvement sur la voie 96, Ichou
Hamdan, a, à son tour, été enlevé le 30 décembre. Tous les deux
sont retenus dans les locaux de la
police à Tinghir. Ceci n’a pas empêché la population d’Imider de rester
mobilisée. Le 2 janvier 2014, ce
sont quelques 3000 citoyens d’Imider qui ont participé à une marche de 40 km pour réclamer leurs
droits et condamner l’approche sécuritaire de la société métallurgique d’Imider
(SMI) qui exploite les mines
d’argent qui ne profitent pas aux habitants de la région. Rappelons qu’un sit-in
est organisé sur le mont Alban depuis août 2011 par le Mouvement sur la voie 96 qui coordonne la
protestation populaire et qu’un groupe de mineurs, dont des syndicalistes et des
défenseurs des droits de l’Homme, purge une peine d’emprisonnement allant de 2 à
4 ans à la prison de Ouarzazate. Ce groupe, composé de Mustapha Ouchtoubane, Mohamed Ouljihad, Karim Lahcen,
Laâdad Faska, Omar Taieb et Bennacer Mohamed, est parrainé par les
membres de l’association Maroc Solidarités
Citoyennes de Grenoble.
Groupe
Sahraouis-Tiznit : L’ASDHOM a été interpellée par
le prisonnier politique sahraoui, Elhassan
Mohamed Lahcen (n° d’écrou 7646), sur sa situation carcérale à la
prison locale de Tiznit où il purge une peine de 10 ans depuis juillet 2004. Il
dit être maltraité physiquement et psychologiquement par l’administration
pénitentiaire qui n’hésite pas à le mettre au cachot et à monter les prisonniers
de droit commun contre lui pour se venger de lui et lui faire payer ses opinions
concernant le conflit du Sahara Occidental. Sa famille a déjà alerté les
autorités marocaines sans que celles-ci interviennent. Cette situation a poussé
Mohamed Lahcen à observer une grève ouverte de la faim à partir du 3 janvier
2014. L’ASDHOM rappelle aux
autorités marocaines leurs engagements internationaux en matière de respect des
droits de l’Homme et que même la loi interne de l’État marocain les oblige à
garantir au prisonnier, quel qu’il soit, un minima de conditions humaines de
détention.
Groupe Liberté
d’expression-Syndicalistes : Le procès du secrétaire
régional à Taounate de la Fédération Nationale de l’Education (UMT), Rachid Bakouri, se poursuit. L’AMDH dont il est membre a appelé ses
membres à une caravane régionale de solidarité avec lui ce mercredi 8 janvier, jour de son procès. Rappelons
qu’il est poursuivi pour avoir dénoncé le clientélisme et l’existence de
fonctionnaires fantômes au sein de l’Education nationale. Les autorités locales
lui ont collé une autre affaire. Usurpation de la qualité de responsable local
de l’AMDH et c’est ce que arguent les autorités qui refusent de délivrer à
l’AMDH son récépissé légal.
S’agissant toujours de ce groupe,
le journaliste Mustapha
El-Hasnaoui qui écope d’une peine de 3 ans et six mois observe une
grève de la faim à la prison
centrale de Kénitra et ce, depuis le 1er janvier 2014 (voir points précédents). Il dénonce
l’injustice et les irrégularités qui ont entaché son procès qu’il considère
comme inéquitable. La justice lui reproche des faits de terrorisme. Il a été
arrêté à son retour de Turquie où il s’est rendu pour un reportage sur la
participation des salafistes marocains aux combats en Syrie. Mustapha
El-Hasnaoui demande la révision de son procès.
Groupe Liberté
de culte : Jeudi 2 janvier, s’est tenue à
la Cour d’appel de Fès une nouvelle audience du procès intenté à Mohamed El-Baldi, ce Marocain de Taounate
converti au christianisme il y a sept ans (voir
points précédents). Rappelons qu’il avait été condamné en première instance
à 30 mois de prison ferme. La Cour
d’appel a reporté l’annonce du verdict au 6
février 2014. La justice marocaine lui reproche de faire du
prosélytisme et de tenter d’ébranler la foi d’un mineur musulman. Les avocats,
une dizaine, et les militants des droits de l’Homme se sont mobilisés pour le
soutenir et montrer aux autorités marocaines qu’il y a dans ce pays des citoyens
qui sont attachés à la liberté de conscience.
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