En novembre, Manuel Valls avait
donné aux préfets la consigne orale de suspendre les expulsions d’enfants
scolarisés. C’était la suite de l’émotion et des manifestations lycéennes
provoquées par l’expulsion d’un lycéen, Katchik, l’arrestation en pleine sortie
scolaire de Léonarda, puis l’expulsion de toute la famille par avion spécial.
Mais, chassez le naturel, il revient au galop : à l’approche des fêtes, il leur demandait de « mener à bien (!!) tous les éloignements de familles avec enfants scolarisés ou de jeunes majeurs ».
Mais, chassez le naturel, il revient au galop : à l’approche des fêtes, il leur demandait de « mener à bien (!!) tous les éloignements de familles avec enfants scolarisés ou de jeunes majeurs ».
Profitant des vacances de Noël,
le préfet de la Creuse, un certain Christian Choquet, a donc fait arrêter le 30
décembre à 6 heures du matin une famille arménienne avec trois enfants
scolarisés, dont un petit handicapé. La classe ! Ils ont été sur le champ
expulsés en Russie.
De tels faits, que la gauche
considérait comme intolérables sous Sarkozy, le sont tout autant sous Hollande.
Ils accréditent, une fois de plus, le constat qu’en matière d’immigration, ce
gouvernement mène une politique qui, ne présente aucune rupture majeure avec
celle de la droite qui l’a précédé.
Du Sarkozy aménagé à la marge
Le
gouvernement ne veut pas prendre de décisions claires sur l'immigration, il
laisse Manuel Valls proférer des propos racistes sur les Roms sans que le chef
de l’Etat ou celui du gouvernement les condamnent.
Le
gouvernement se targue d’avoir abrogé la circulaire Guéant
interdisant aux étudiants étrangers diplômés de travailler, d’avoir réduit le
nombre d’enfants placés en rétention… sans toutefois en interdire le principe
contrairement aux engagements du candidat Hollande, d’avoir augmenté de 10% le
nombre des naturalisations… qui avait diminué de 40% sous Sarkozy
..
Le ministre
affiche 16 000 régularisations de plus, pour l’essentiel, des parents d’enfants
scolarisés. Mais la
circulaire Valls du 28 novembre 2012 n’a ouvert pour la majorité des
travailleurs sans papiers et des jeunes scolarisés, presque aucune possibilité
d’obtenir un titre de séjour, ni maintenant, ni jamais.
Rien
n’indique de la part de François Hollande une
volonté de réformer en profondeur le code du séjour des étrangers et des
demandeurs d’asile (CESEDA) pour permettre de régulariser ceux qui vivent parmi
nous, diminuer la précarité des titres de séjour, améliorer l’accès aux droits,
élargir le droit d’asile, garantir les possibilités de recours… Des réformes qui
risquent de passer aux oubliettes comme le droit de vote des étrangers aux
élections locales ou la délivrance d’un récépissé lors des contrôles d’identité.
Il ne s’agit
pas que de chiffres. En l’absence de tout discours et projet novateur sur
l’immigration, la gauche au pouvoir aboutit à ancrer dans l’opinion l’idée
qu’il n’y a qu’une politique possible : celle mise en place par Sarkozy et
Guéant, poursuivie par Hollande et Valls. Si les mots peuvent changer, si des
aménagements à la marge se font, le cœur de la politique du pays, les
procédures, les objectifs, demeurent, que le gouvernement soit de droite ou de
gauche.
Manuel Valls injurie l’avenir.
La faute
politique de ce gouvernement va en outre bien au-delà des drames qu’il inflige
et des désillusions qu’il occasionne :
- Il fait le choix du repli sur soi, de la méfiance vis-à-vis de l’autre, dans
un monde qui exigerait ouverture et promotion des droits, circulation des
hommes et des idées.
- il offre
par avance une justification imparable à toutes les mesures, y compris les
pires, que prendra la droite revenue au pouvoir. Des années durant, les
politiciens de droite ont utilisé, en la tronquant, la fameuse phrase de Michel
Rocard « La France ne
peut pas accueillir toute la misère du monde « . Ceux de demain ne
manqueront pas de ressasser « Comme le disait très justement Manuel Valls,
les Roms ne sont pas intégrables » ou « comme l’affirmait à juste titre
Manuel Valls, le regroupement familial n’est pas un tabou », etc.
C’est dire combien il est
urgent et important que se produise la rupture, souhaitée par nombre de ceux qui
ont voté François Hollande, avec la politique de Sarkozy.
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