On a parlé
d’un voyage placé sous le signe de « l’équilibre » entre Israël et Palestine. Si
même cela avait été le cas, cela poserait problème pour la simple raison
qu’occupés et occupants ne peuvent être mis sur le même plan, sauf à
considérer l’occupation comme étant banalement dans la nature des
choses…
Mais pire, la délégation qui accompagnait le Président
donnait à voir un vrai déséquilibre entre d’un côté les soutiens
inconditionnels d’Israël présents en tant que tels et en nombre, une armée de
chefs d’entreprises avides de prospecter le marché israélien et pour certains
complices de la colonisation et, de l’autre, quelques rares personnalités
soucieuses d’une approche sous le signe du droit.
Sur le fond
politique, il est hautement significatif que François Hollande ait choisi
dès son arrivée de se placer, à propos du nucléaire iranien, en totale
communauté d’esprit avec les dirigeants israéliens. Sans seulement
s’interroger sur le déséquilibre stratégique introduit, au delà même de la
région, par l’arsenal nucléaire israélien, ni avancer la perspective d’un
Moyen-Orient sans armes nucléaires. C’était accepter la priorité que tente
d’imposer Israël : le problème ne serait ni l’occupation, ni la colonisation,
mais le nucléaire iranien !
François Hollande, après un éloge vibrant de
la démocratie israélienne sans un mot sur les discriminations à l’égard de
ses citoyens palestiniens ou de l’éviction en cours des Bédouins du Néguev, a
repris la formule de Nicolas Sarkozy sur Jérusalem capitale des deux Etats.
Quant à la colonisation, il a certes affirmé qu’elle devait prendre fin, mais
sans assortir cette affirmation de la moindre exigence pouvant la rendre
crédible ni en rappeler explicitement l’illégalité. Comme si on pouvait sans
se discréditer esquiver la question des sanctions contre
l’occupant.
Paroles, donc, encore et toujours.
Le plus grave est
sans doute qu’il ait demandé, « en toute innocence », aux Palestiniens de «
faire un geste » dans les négociations, les Israéliens en ayant déjà fait un
avec la libération des prisonniers. Il semblait ignorer que la libération
des prisonniers d’avant Oslo était actée dès le sommet de Charm el Cheikh de …
1999 ! Et ne pas saisir l’absurdité de son propos quand, depuis le début de ces
« négociations », les mises en chantier de nouveaux logements pour les
colons et destructions de maisons palestiniennes se succèdent à un rythme
sans précédent. Pour ne rien dire de la répression quotidienne de la
résistance populaire. On ose espérer qu’il n’a pas suggéré aux Palestiniens,
comme l’affirment certains commentateurs, de reconnaître qu’Israël a des «
droits historiques » sur ce que nous appelons depuis toujours la Palestine.
Ce serait, par une régression gravissime, se placer sur le terrain piégé des
mythes et quitter celui de la politique.
Nous avons donc après ce voyage
malheureusement encore plus d’interrogations qu’avant sur la cohérence et
les objectifs de la politique française.
Elles ne nous détourneront
pas du chemin qui est le nôtre : renforcer le mouvement de solidarité avec la
Palestine, élargir le réseau des élus qui se retrouvent à nos côtés pour redire
qu’aucune solution au conflit ne sera possible hors du droit et, forts de
l’appui d’une majorité de nos concitoyens, interpeller sans relâche ni
découragement le gouvernement pour l’amener à changer de politique. Car
hors d’une solution fondée sur le droit, c’est le chaos qui
s’imposerait.
Le Bureau national
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