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samedi 23 novembre 2013

La ministre Mbarka Bouaida affirme que le Maroc est « leader en matière de droits de l’homme »

Vraiment très convaincante Lalla Mbirika !
Vraiment très convaincante Lalla Mbirika !

Une autre blague. Encore plus succulente que celle du roi Mohamed VI qui avait assuré, il y a quelques semaines, que le Maroc respectait les droits de l’homme, au nord comme au sud. Cette fois-ci c’est la ministre déléguée aux Affaires étrangères, Mbarka Bouaida, qui dans une interview à l’Agence France presse (AFP) a juré, sans se démonter, que les atteintes aux droits de l’homme au Maroc sont des « cas isolés » et que le Maroc « reste un leader dans la région en matière de droits de l’homme ».

S’il n’y avait pas eu les rapports annuels, les alertes et les communiqués des grandes organisations internationales de défense des droits de l’homme, sans parler des ONGs marocaines, on aurait peut-être cru la ministre, qui doit bien, on le comprend, faire ses preuves pour mériter son salaire. Mais, il y a ce maudit rapport final du rapporteur spécial de l’ONU sur la torture et les traitements inhumains et dégradants, Juan Mendez, qui a pu de lui même visiter le Maroc, parler avec des victimes et se rendre compte, comme il l’a déclaré publiquement à Rabat, que l’usage de la torture dans ce royaume heureux est « systématique ».

On peut certes essayer d’occulter ces dizaines d’accusations de détenus islamistes qui ont accusé la DST de les avoir violés avec des bouteilles, l’affaire du champion du monde de boxe thaï, Zakaria Moumni, torturé par la DST pour avoir dérangé les vacances du sultan, les nombreuses arrestations et condamnations de journalistes de ces dernières années (Ali Lmrabet, Rachid Niny, Driss Chahtane, Ali Anouzla, etc.), ou ces deux-cents cinquante et quelque prisonniers politiques dûment répertoriés par des ONGs marocaines et étrangères.
Mais peut-être que ce sont des « cas isolés », selon Mme Bouaida.

Il faut dire que le parti de Lalla Mbirika, le Rassemblement national des indépendants (RNI) est cette formation politique, créée à l’époque de Driss Basri, qui à chaque fois qu’un journaliste ou dissident est arrêté, publie un communiqué condamnant le prévenu avant même qu’il ne soit entendu par la « justice ». Ce qui dénote une grande indépendance de ce « Rassemblement des indépendants » vis-à-vis des services secrets marocains passés maîtres dans l’art de faire de la propagande médiatique en amont.

Pour ce qui est du Sahara, et reprenant mot pour mot les déclarations du souverain lors de la commémoration de la Marche verte, le 6 novembre, bravo pour l’originalité!, la protégée de Salah-Eddine Mezouar, a assuré à l’AFP que « les droits de l’homme sont pratiqués exactement de la 
 même manière au nord qu’au sud du Maroc « 

C’est-à-dire que le respect est total autant à Rabat qu’à 

Laâyoune. Cela lui a permis d’affirmer que la surveillance

 des droits de l’homme par l’ONU au Sahara, par le biais de 

la MINURSO, n’est pas à l’ordre du jour. « Nous pensons 

qu’il n’est pas question que la MINURSO soit ouverte aux 

mécanismes des droits de l’homme ».

Mais pourquoi donc ? Si les droits de l’homme sont respectés à Laâyoune, Smara, Dakhla, de la même manière qu’ils le sont à Casablanca, Rabat, Sidi Ifni, etc., il n’y a aucune raison pour interdire que l’ONU les surveille.

Au contraire, comme la MINURSO va, bien entendu, déclarer 
que le Sahara est un paradis pour les Sahraouis et qu’il n’y 

a aucun, ou très peu, acte de torture ou autres atteintes 

aux droits de l’homme, le Maroc pourra alors se déclarer, à 

la plus grande joie de ses responsables, » leader dans la 

région en matière de droits de l’homme ».

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