Une autre blague. Encore plus succulente que celle du roi Mohamed VI
qui avait assuré, il y a quelques semaines, que le Maroc respectait les
droits de l’homme, au nord comme au sud. Cette fois-ci c’est la
ministre déléguée aux Affaires étrangères, Mbarka Bouaida, qui dans une interview à l’Agence France presse (AFP) a juré, sans se démonter, que les atteintes aux droits de l’homme au Maroc sont des « cas isolés » et que le Maroc « reste un leader dans la région en matière de droits de l’homme ».
S’il n’y avait pas eu les rapports annuels, les alertes et les
communiqués des grandes organisations internationales de défense des
droits de l’homme, sans parler des ONGs marocaines, on aurait peut-être
cru la ministre, qui doit bien, on le comprend, faire ses preuves pour
mériter son salaire. Mais, il y a ce maudit rapport final du rapporteur
spécial de l’ONU sur la torture et les traitements inhumains et
dégradants, Juan Mendez, qui a pu de lui même visiter
le Maroc, parler avec des victimes et se rendre compte, comme il l’a
déclaré publiquement à Rabat, que l’usage de la torture dans ce royaume heureux est « systématique ».
On peut certes essayer d’occulter ces dizaines d’accusations de
détenus islamistes qui ont accusé la DST de les avoir violés avec des
bouteilles, l’affaire du champion du monde de boxe thaï, Zakaria Moumni,
torturé par la DST pour avoir dérangé les vacances du sultan, les
nombreuses arrestations et condamnations de journalistes de ces
dernières années (Ali Lmrabet, Rachid Niny, Driss Chahtane, Ali Anouzla,
etc.), ou ces deux-cents cinquante et quelque prisonniers politiques dûment répertoriés par des ONGs marocaines et étrangères.
Mais peut-être que ce sont des « cas isolés », selon Mme Bouaida.
Il faut dire que le parti de Lalla Mbirika, le Rassemblement national des indépendants (RNI) est cette formation politique, créée à l’époque de Driss Basri,
qui à chaque fois qu’un journaliste ou dissident est arrêté, publie un
communiqué condamnant le prévenu avant même qu’il ne soit entendu par la
« justice ». Ce qui dénote une grande indépendance de ce
« Rassemblement des indépendants » vis-à-vis des services secrets
marocains passés maîtres dans l’art de faire de la propagande médiatique
en amont.
Pour ce qui est du Sahara, et reprenant mot pour mot les déclarations du souverain lors de la commémoration de la Marche verte, le 6 novembre, bravo pour l’originalité!, la protégée de Salah-Eddine Mezouar, a assuré à l’AFP que « les droits de l’homme sont pratiqués exactement de la
même manière au nord qu’au sud du Maroc « .
C’est-à-dire que le
respect est total autant à Rabat qu’à
Laâyoune. Cela lui a permis
d’affirmer que la surveillance
des droits de l’homme par l’ONU au
Sahara, par le biais de
la MINURSO, n’est pas à l’ordre du jour. « Nous pensons
qu’il n’est pas question que la MINURSO soit ouverte aux
mécanismes des droits de l’homme ».
Mais pourquoi donc ? Si les droits de l’homme sont respectés à
Laâyoune, Smara, Dakhla, de la même manière qu’ils le sont à Casablanca,
Rabat, Sidi Ifni, etc., il n’y a aucune raison pour interdire que l’ONU
les surveille.
Au contraire, comme
la MINURSO va, bien entendu, déclarer
que le Sahara est un paradis pour
les Sahraouis et qu’il n’y
a aucun, ou très peu, acte de torture ou
autres atteintes
aux droits de l’homme, le Maroc pourra alors se
déclarer, à
la plus grande joie de ses responsables, » leader dans la
région en matière de droits de l’homme ».
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