Archives 2009-2017 du blog du Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA), créé en février 2009 à l'initiative de Solidarité Maroc 05, AZLS et Tlaxcala. Rejoignez-nous!
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A l'heure où Manuel Valls estime que les Roms "ont
des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont
évidemment en confrontation" avec les populations locales, il est bon de
feuilleter à nouveau le guide du collectif Romeurope contre les idées
reçues.
Le collectif national droits de l’Homme Romeurope, qui regroupe des
associations et ONG telles que la LDH, CCFD Terre solidaire, la Cimade
ou le Mrap, a émis il y a peu un guide des idées reçues à l'encontre des
Roms en France. Ce guide tente de briser le cercle vicieux qui veut
qu'une "stigmatisation entraîne une discrimination, qui conduit à la
violation des droits de l'Homme, qui légitime la stigmatisation". Il
répond à des clichés tels que "ils aiment vivre dans en bidonville",
"ils sont nomades", "ne vivent qu'en communauté ou "ils ne veulent pas
travailler" et "vivent des aides publiques".
"Bandes de roms"
De quoi répondre au ministre de l'Intérieur, pour qui les villages
d'insertion ne concernaient "que quelques familles", seule une minorité
de Roms souhaitant s'intégrer en France. Manuel Valls s'inscrit ici
dans une longue litanie d'attaques anti-Roms. Avant lui, Nathalie Kosciusko-Morizet en avait fait un argument de
sa campagne pour les municipales parisiennes. "J'ai l'impression que
les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens", a-t-elle expliqué, évoquant
des "bandes de Roms" qui veulent "dépouiller" la population. NKM n'a
fait que reprendre les propos de Christian Estrosi,
candidat à sa succession à la mairie de Nice, qui lui-même faisait écho
à des propos de Jean-Marie Le Pen. Même le quotidien l'Opinion s'y est
mis ce mardi en osant publier sa carte des Roms
Cette une faisait écho à celle de Valeurs actuelles:
La liste n'est malheureusement pas exhaustive.
"La gauche y perdra son âme"
"La gauche doit cesser de se placer sur le terrain de la droite ou la
bêtise le dispute souvent à l'ignorance. Elle y perdra son âme",
prévient dans un communiqué ce mardi Fabienne Haloui, Responsable de la commission « Droits et libertés » au PCF.
Pour l'Egam, association antiraciste européenne, les propos du
ministre de l'Intérieur sont "d'une extrême gravité". "Ils insinuent que
des modes et lieux de vie seraient déterminés par une origine ethnique.
Ils nient la liberté de circulation de citoyens européens qui sera
effective en 2014", écrit l'organisation dans un communiqué. "Ils
perpétuent une stigmatisation au sommet de l'Etat impulsé par l'ancienne
majorité alors que nous avions attendu et réclamé une rupture humaniste
et républicaine sur ces sujets", ajoute-t-elle.
De son côté, "la LDH entend rappeler au
ministre de l’Intérieur, qu’en déniant à cette population les mêmes
droits qu’aux autres citoyens de l’Union européenne, il participe aux
mêmes discriminations qu’ils subissent dans leurs pays d’origine". D'où
la nécessité d'envoyer à Manuel Valls au plus vite le guide des idées
reçues du collectif Romeurope, à télécharger ci-dessous.
Le nouveau gouvernement a choisi la continuité avec l’ancien : la
politique d’expulsion des camps de « Roms » étrangers continue de plus
belle. Aux mêmes motifs. Avec à peu près les mêmes mots, les mêmes
images. Avec les mêmes présupposés et les mêmes conséquences. À
commencer par l’ethnicisation de familles issues de lieux et d’histoires
multiples, qui ne se reconnaissent pas nécessairement de destin commun,
sauf celui auquel on les assigne : le cercle vicieux de la misère et de
l’exclusion.
Cela, nous ne voulons, nous ne pouvons pas l’accepter. Il y a deux ans,
il importait déjà de se dresser en opposition à la politique de
stigmatisation et de persécution menée sous la houlette de Nicolas
Sarkozy, dans l’esprit du discours de Grenoble, contre les Roms et les
gens du voyage. C’est avec la même détermination que nous nous élevons
aujourd’hui contre la politique menée aux dépens des Roms sous la
responsabilité du président de la République et de son premier ministre
par leur ministre de l’Intérieur.
Manuel Valls renoue en effet avec une rhétorique qui avait mené un de
ses prédécesseurs à la présidence de la République, et la République au
bord de l’abîme. Or combien sont-ils, ceux qu’on veut expulser? 12 000 ?
15 000 tout au plus ? Sont-ils à ce point une menace pour l’ordre
public qu’il faille impitoyablement les déloger sans solution de
rechange ?
Si les nouveaux responsables invoquent autant la sécurité que les
anciens, ils revendiquent (à l’instar de François Hollande pendant la
campagne) un juste milieu entre « fermeté » et « humanité ». Mais qui
peut croire que c’est pour leur bien qu’on détruit le lieu de vie de ces
migrants ? En tout cas, pas les premiers intéressés. Car ils l’ont vite
compris : si l’on se souciait tant de leur bien être, on ne les
abandonnerait pas ensuite à leur sort, en oubliant de les reloger. Ils
ne font qu’aller un peu plus loin. S’ils parviennent à se cacher, c’est
au risque d’être encore plus abandonnés à eux-mêmes et privés des droits
sociaux les plus élémentaires. Déplacer ainsi les gens, c’est bien sûr
redoubler leur précarité, et faire obstacle à la scolarisation de leurs
enfants.
Certes, Jean-Marc Ayrault préconise la concertation. Mais sur le terrain
(faut-il s’en étonner ?), ces engagements ne sont pas respectés. Des
centaines de familles se retrouvent dans des situations inextricables. À
Lyon comme à Lille ou à Marseille ou en région parisienne, le travail
des associations de bénévoles a été ruiné en quelques heures. En
Essonne, plusieurs expulsions de bidonvilles ont eu lieu sur arrêtés
municipaux, sans solution de relogement réel. Dans de nombreux
départements, trop de communes tentent de ne pas scolariser les enfants
Roms.
La majorité gouvernementale croit-elle donc qu’en agitant les peurs
sécuritaires, elle échappera au reproche de « laxisme » ? C’est tout le
contraire : dans ce domaine, elle n’ira jamais assez loin. La droite, en
attendant peut-être l’extrême-droite, fera toujours mieux, c’est-à-dire
pire. La gauche gouvernementale le paiera donc cher, y compris dans les
urnes. En tout cas, les sondages suggèrent déjà qu’elle n’y gagne rien –
pas plus qu’hier la droite au pouvoir. Seul le Front national pourra
récolter les fruits de cette politique.
En outre, les concessions au populisme identitaire et sécuritaire ne
feront pas avancer le pays dans sa mobilisation citoyenne face à la
dictature des marchés et aux destructions d’emploi, bien au contraire.
S’en prendre aux Roms ne suffira donc nullement à gagner les suffrages
populaires. Cela ne peut que diviser, affaiblir là où il faut
rassembler, agir. Singer la droite ? C’est décidément un mauvais calcul.
Il ne suffira pas davantage de renvoyer cette réalité migratoire à son
origine – en l’occurrence la Roumanie, ainsi que la Bulgarie. Comme dans
de nombreux pays de l’Europe de l’Est, la violence ordinaire vis-à-vis
des « Tsiganes » se poursuit et risque de s’intensifier à mesure que la
situation économique se dégrade. En même temps, la légitimation par
l’État français de leur caractère indésirable ne peut que renforcer ce
racisme.
Surtout, plutôt que de faire peser cette migration sur les gouvernements
nationaux d’origine, comme l’a fait le ministre de l’Intérieur, il faut
faire valoir une responsabilité de l’Union au lieu de mettre en péril
l’idéal européen en la réduisant aux politiques néolibérales sans même
la caution des droits de l’homme. Bref, il faut que Viviane Reding,
commissaire européenne aux Droits fondamentaux, parle haut et fort comme
en 2010, et non qu’elle soit réduite au silence face à l’État français.
Nous ne ressentons pas moins d’indignation qu’alors ; en revanche, notre
colère est plus grande. Pourquoi changer de Président, sinon pour
changer de politique ? Or plus ça change, plus c’est la même chose : les
Roms sont encore et toujours pris pour boucs émissaires. Au lieu de
jouer à son tour sur les peurs et les ressentiments, ce gouvernement
aurait pu faire le pari des valeurs démocratiques : la liberté et
l’égalité, pour les Roms aussi. Nous en sommes loin. Après l’éviction de
la droite éhontée, on assiste à l’avènement d’une gauche honteuse.
Aujourd’hui, nous voulons donc interpeller la majorité gouvernementale :
Rien ne vous oblige à ce choix. Il est contraire aux principes que vous
revendiquez ; pour autant, il n’est pas davantage dans vos intérêts.
Votre responsabilité n’en est que plus grande. Nous vous tenons donc
comptables aujourd’hui, comme l’histoire vous tiendra comptables demain,
de cette banalisation de la xénophobie et du racisme par l’État
français, au mépris des leçons du passé et des menaces qui pèsent sur
l’avenir.
Les premiers signataires
Karim Abboub, psychanalyste
Benjamin Abtan, Président du Mouvement Antiraciste Européen EGAM
Michel Agier, directeur d'études EHESS
Eric Alliez, Philosophe, Université Paris 8 / Kingston University
Jean-Loup Amselle, anthropologue
Etienne Balibar, philosophe
Fethi Benslama, Professeur de Psychopathologie
Anne Emmanuelle Berger, professeure de littérature et d'études de genre, Paris 8
Jacques Bidet, professeur émérite à l'Université de PARIS OUEST
Bertrand Binoche, professeur à Paris-I
Luc Boltanski, directeur d'études à l'EHESS
Matthieu Bonduelle, président du Syndicat de la magistrature
Frank Burbage, Professeur de philosophie
Alain Brossat, Professeur de philosophie (émérite), Université Paris 8
Cécile Canut, linguiste, Paris Descartes
Alice Cherki, psychiatre, psychanalyste, essayiste
Ariane Chottin, psychologue
Nathalie Chouchan, Professeur de philosophie
Hélène Cixous, Ecrivain
Olivier Clochard, président de Migreurop
Michèle Cohen-Halimi, maître de conférences en philosophie à l'Université de Paris Ouest Nanterre
Patrice Cohen-Séat, Président d'Espaces-Marx
Catherine Coquio, professeure de littérature à Paris-Diderot (Paris 7)
Philippe Corcuff, maître de conférences à l'IEP de Lyon et membre du conseil scientifique d'Attac
Claude Corman, cardiologue
Marie Cuillerai, département de philosophie de Paris 8
Jean-Pierre Dacheux, docteur en philosophie
Françoise Dastur, Professeur honoraire des universités, Archives Husserl de Paris
Marianne Denicourt, comédienne
Ivaylo Ditchev, Professor of cultural anthropology
Suzanne Doppelt, auteur
Stéphane Douailler, Professeur de philosophie, Université Paris 8
Espaces Marx
Eric Fassin, sociologue, Paris 8
Michel Feher, philosophe, président de l'association cette France-là
Goran Fejic, analyste politique, ancien fonctionnaire international
Franck Fischbach, Philosophe, Univ. Nice Sophia-Antipolis
Geneviève Fraisse, philosophe, directrice de recherches CNRS
Frédéric François, linguiste
Marie Gaille, philosophe, chargée de recherche au CNRS
Patrick Gonin, Enseignant chercheur Université de Poitiers
Elisabeth Gauthier
François Gèze, éditeur
Lisa Ginzburg, journaliste
Alfredo Gomez-Muller, Professeur Université de Tours
Robert Guédiguian, cinéaste
Serge Guichard, Association de Solidarité en Essonne aux Familles Roms
Hugo Haas, architecte, La Cigüe
Jean-Frédéric de Hasque, réalisateur – anthropologue
Chantal Jaquet, Philosophe, professeur à l'université Paris1-Panthéon-Sorbonne
Alain Joxe, ancien directeur d'études à l'EHESS, directeur du CIRPES
Alain Keler, Photographe
Françoise Kerleroux, linguiste, professeur à la retraite, Paris 10 Nanterre
Cécile Kovacshazy, maître de conférences en littérature comparée
Denis Lachaud, écrivain
Thomas Lacoste, cinéaste et éditeur, La Bande Passante
Catherine Larrère, Université Paris 1
Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire
Jean-Pierre Lefebvre, Ecole Normale Supérieure
Olivier Legros, MCF Université de Tours et membre Urba-Rom
Catherine Lévy, sociologue
Jean-Marc Lévy-Leblond, Professeur émérite de l'université de Nice
Jean-Pierre Liégeois, sociologue
Daniėle Lochak, universitaire, présidente honoraire du Gisti
Isabelle Lorand, chirurgienne, responsable Droits et liberté PCF
Michael Löwy, directeur de recherches émérite au CNRS, Paris
Seloua Luste Boulbina, Directrice de programme, Collège International de Philosophie
Charles Malamoud, Indianiste, directeur d'études honoraire, Ecole pratique des hautes Études
Philippe Mangeot, enseignant
Nicolas Martin-Granel, chercheur associé à l'ITEM (CNRS/ENS)
Stéphane Maugendre, président du Gisti
Jacques Message, Chaire supérieure de philosophie (Amiens)
Renée Le Mignot co-présidente du MRAP
Christophe Mileschi, écrivain, italianiste
Ariane Mnouchkine, metteuse en scène
Richard Moyon, Réseau Education sans frontières, RESF
Laurent Mucchielli, sociologue
Jean-Luc Nancy, philosophe
Pap Ndiaye, historien EHESS
Catherine Neveu, Directrice de recherche au CNRS
Gérard Noiriel, EHESS, Paris
Bertrand Ogilvie, professeur de philosophie, psychanalyste, université Paris 8-Saint Denis
Salvatore Palidda, DISFOR-UNIGE, Universita' degli Studi di Genova
Claude Pennetier, Directeur du Maitron, chercheur CNRS, Centre d’histoire sociale du XXe siècle
Germinal Pinalie, Revue Classes
Mathieu Potte-Bonneville, Collège International de Philosophie / ENS de Lyon
Jean-Luc Poueyto, anthropologue, Université de Pau et des Pays de l'Adour
Vincent Rafis
Isabelle Rèbre, cinéaste
Marie-Joëlle Redor, Enseignant chercheur à l'Université de Caen Basse-Normandie
Judith Revel, philosophe, maître de conférences, univ. paris 1 panthéon-sorbonne
Revue Vacarme
Claire Rodier, vice-présidente de Migreurop
Diogo Sardinha, Directeur de programme au Collège international de philosophie
Pierre Sauvêtre, Doctorant en science politique, chargé de cours à Sciences-Po Paris
Guillaume Sibertin-Blanc, Philosophe
James T. Siegel, anthropologue émérite, Cornell University
Andrée Tabouret-Keller, linguiste
Sébastien Thiéry, politologue
Louis-Georges Tin, président du CRAN
Michel Tort, psychanalyste
Transform!
Eleni Varikas, Professeur émérite, Université Paris 8
Patrick Vauday, Professeur à l'Université Paris 8
Patrice Vermeren, Directeur du département de philosophie, Paris 8
Sophie Wahnich, historienne, directrice de recherche au CNRS
Solidarité Maroc, Réseau de solidarité avec les peuples du Maroc, du Sahara occidental et d'ailleurs(RSPMSOA) solidmar05[at]gmail.com 17 rue Jean Eymar 05000 Gap France
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