Par Kaouthar Oudrhiri, h24info.ma , 20/09/2013
Un
spectateur monte sur la scène lors de la prestation
du rappeur sénégalais engagé Awadi pour demander
la libération d'Ali Anouzla. ©Mehdy Mariouch
du rappeur sénégalais engagé Awadi pour demander
la libération d'Ali Anouzla. ©Mehdy Mariouch
Pour l'ouverture de la 12e édition
de L’Boulevard, il n'y avait pas grande foule, mais y'avait des
militants, avec le héraut du rap africain engagé Didier Awadi, le
rappeur casaoui SiSimo et un invité mystère qui a crié: "liberté pour
Anouzla"! Reportage.
Les multiples barrières de
sécurité franchies, les chiens (toujours de sécurité) esquivés, on
arrive jusqu'à la scène. Devant, les photographes vantent les mérites de
l’éclairage de la scène, les spectateurs reprennent en choeur les
refrains avec Dj Key et les gars de la sécurité font naturellement la
gueule: c'est l'ouverture du festival L'Boulevard, ce jeudi soir au COc
de Casablanca.
SiSimo et les "kiliminis"
Costume sans manche bien clinquant et casquette vissée sur la tête,
SiSimo arrive sur scène en dansant, à la manière d'un boys band. Le
rappeur est frais, bouge bien sur scène et sait canaliser l’attention de
ses spectateurs. Il a, illico, mis tout le monde dans le bain.
Accompagné d’un invité masqué (qui se trouve être son frère) Sisimo a
parlé des kiliminis et leur mamans «qui portent de mini-jupes à 45 ans»,
de la misère, de la censure et de la manipulation des médias marocains.
Il a fait des big-ups à ceux qui habitent S’bata (ils étaient
d’ailleurs en force) en particulier et aux casaouis en général et il a
fait son Justin Timberlake, avec ses petits pas de dance – ce qui est
rare chez les rappeurs.
L'esprit L'Boulevard is back!: ici avec le rappeur Ool Flow, frère de SiSimo.
©Mehdy Mariouch
"Pourquoi vous ne prenez pas de photos, vous êtes là pour travailler!"
Bref on était dans le mood, jusqu’à ce qu’un gars de l’organisation
pointe le bout de son nez et manque ruiner la soirée. Un regard
inquisiteur et des questions qui n’ont pas lieu d’être posées: «vous
êtes de la presse? Vous avez des badges? Pourquoi vous ne prenez pas de
photos, vous êtes là pour travailler!». Sans commentaires.
La rentrée sur scène de Didier Awadi et son excellent groupe a dissipé
l’orage et les esprits se sont calmés. Par contre, la scène s’est
terriblement vidée, seules quelques rares personnes sont restées sur
place pour apprécier la meilleure partie de la soirée. Le rappeur
sénégalais réputé pour son activisme a livré une bouillonnante et
militante prestation, il a tout simplement mis le feu.
#FreeAnouzla!
Awadi a rappé la révolution, le pouvoir africain, la vilité de la
dictature et des coups d'états. Quand il a introduit un morceau sur la
liberté, un spectateur, photo du journaliste Ali Anouzla et drapeau
amazigh en main, a crié «liberté à Anouzla!».
Awadi a tout arrêté pour l’écouter, le jeune a alors expliqué la
situation du rédacteur en chef du site d’information Lakome arrêté pour
"apologie du terrorisme" après avoir publié une vidéo d’Aqmi. La
sécurité et la police ont essayé de l’expulser: ça menaçait de dégénérer
quand Momo, co-fondateur de L’Boulevard et Awadi sont intervenus, en
invitant le jeune militant sur scène.
Ce dernier a simplement résumé la situation en disant «ce n’est pas
normal qu’un journaliste indépendant soit mis sous les verrous pour ses
positions». C’était beau à voir. Puis la musique a repris de plus belle.
Didier Awadi a tout donné et les spectateurs, quoique peu nombreux,
aussi. Une super énergie planait au-dessus du stade du C.O.C.
Hier soir, L’boulevard était un boulevard de rap, une voie toute tracée
qui nous a menée de Sisimo et sa "S’bata power" jusqu’à Didier Awadi et
sa verve militante.
En images :
Avec son rap engagé, funk et rock, SiSimo a mis le feu sur scène. ©Mehdy Mariouch
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