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samedi 28 septembre 2013

Point hebdomadaire n°35 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc



Association de Défense des Droits de l’Homme au Maroc
ASDHOM 79, rue des Suisses  92000 Nanterre

Point hebdomadaire n°35 sur la campagne de parrainage des prisonniers politiques au Maroc

Ce point traite une semaine très chargée en termes de répression judiciaire au Maroc. L’affaire du journaliste Ali Anouzla continue à faire couler beaucoup d’encre. Les autorités marocaines ont tourné le dos et font la sourde oreille aux multiples appels provenant d’ONG nationales et internationales en faveur de sa libération. Elles n’ont que faire des réprobations et condamnations de cette atteinte à la liberté d’information, exprimées ça et là par les défenseurs des droits de l’Homme. Elles ont choisi de passer outre puisque après une semaine de garde-à-vue, le parquet général a décidé de le renvoyer devant un juge d’instruction avec des chefs d’accusation lourds qui relèvent de la maudite loi « anti-terroriste » de 2003 tels que : « Assistance à des criminels ayant commis des actes de terrorisme, fourniture de moyens pour la commission d’actes terroristes et apologie de terrorisme ». Rien que cela !
Le juge d’instruction a, maintenant, 50 jours devant lui pour donner suite à ce dossier. En attendant, Ali Anouzla a été placé en détention provisoire depuis le mardi 24 septembre à la prison locale de Salé 1, non loin de Rabat.
L’ASDHOM se joint au concert de condamnations et de protestations de ses défenseurs, de plus en plus nombreux, qui appellent à des rassemblements pacifiques comme l’a fait, ce jeudi 26 devant le Parlement, son comité de soutien pour sa libération. Amnesty International a, quant à elle, choisi de mener une action urgente en sa faveur (voir http://www.amnesty.org/fr/library/info/MDE29/012/2013/fr), ce qui équivaut pour nous une action de parrainage ce dont nous nous félicitons puisque l’ASDHOM avait mis Ali Anouzla sur ses listes de candidats (voir Listes).
 
Si cet élan de solidarité est louable et nécessaire pour les libertés, cette affaire d’Ali Anouzla ne doit pas occulter et faire l’ombre à d’autres dossiers aussi importants qu’elle. Des dossiers de privation de droits que nous avons suivis tout au long de cette campagne de parrainage et dont nous faisons un point chaque semaine. La liste des victimes, derrière les barreaux ou en passe de l’être, proposées au parrainage, ne cesse malheureusement de s’allonger. Il y a une semaine, nous parlions de 213 cas recensés sans compter les nombreuses arrestations opérées au Sahara depuis avril 2013 en lien avec la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le mandat de la MINURSO. Aujourd’hui nous en sommes à 245 répartis sur 12 groupes dont 6 nouveaux. Ce point leur est aussi consacré par souci d’équité et d’impartialité car la solidarité ne doit pas être sélective.

Groupe Sahraouis-Prison de Laâyoune : El-Hussein Abah (17 ans), Mohamed Ali Saâdi, Yassine Sidati (14 ans), Mohamed Garnit, Aziz Hrimich et Youssef Bouzid ont été arrêtés le 9 mai 2013 à Laâyoune et présentés devant le juge d’instruction le 13 août 2013 qui les a placés en détention provisoire à la prison Lakhal de Laâyoune en attendant leur procès pour avoir participé aux manifestations du 4 mai à Laâyoune contre la décision du Conseil de sécurité de l’ONU quant au mandat la MINURSO. Cinq autres citoyens sahraouis ont été arrêtés entre le 27 mai et le 4 juin 2013 à Smara et présentés devant le juge d’instruction le 13 août qui a décidé de les placer en détention provisoire à la même prison de Laâyoune. Il s’agit de Sidi Mohamed Mallah, Mohamed Sallouh, Mahmoud Hanoun, Ajouad Farah et Hamza Jmiï (19 ans).
Un autre groupe de six Sahraouis (Sidi Ahmed Khnibila, Ammar El-Makki, Hamdati Hanni, Seddik Rabit, Ali Rabit, Ghali Daoudi), arrêtés le 18 août 2013 et présentés devant un juge le 21 août, a été remis en liberté provisoire en attendant le procès qui a été fixé au 22 octobre.

Groupe Sahraouis-Prison d’Ait Melloul : Toujours en lien avec la même décision du Conseil de sécurité, 6 Sahraouis dont 2 de la même famille, ont été arrêtés le 8 août 2013 à Guelmim et jugés les 15 et 19 août à des peines allant de 4 à 10 mois de prison ferme. Ammar Daoudi (10 mois), Taha Daoudi (10 mois), Babya Bahdach (4 mois), Hamza Bazzi (4 mois), Ammar Laaouissid de 62 ans (8 mois) et Mustapha Ahcine (4 mois) ont été transférés le 20 août 2013 à la prison d’Ait Melloul où ils vont rejoindre un autre citoyen sahraoui (Ali Guach), arrêté le 16 juin à Guelmim et détenu provisoirement depuis le 19 juin 2013 en attente de son procès devant le tribunal d’appel d’Agadir. A ses côtés se trouve également le détenu sahraoui Sidi Bouâmoud, 36 ans, arrêté le 9 novembre 2012 à Tantan et jugé le 25 juin 2013 par le tribunal d’Agadir à 4 ans de prison ferme pour avoir participé en février 2008 à une manifestation pro-Polisario.
Ali Abdedayem, étudiant de 24 ans, a quant à lui été arrêté le 4 septembre 2013 à Guelmim et transféré le même jour à Rabat pour être traduit devant le procureur et le juge d’instruction. Il a été placé en détention à la prison de Salé 1. Il mène une grève de la faim depuis le 13 septembre 2013 pour dénoncer ses conditions de détention.
Par ailleurs, nous restons sans nouvelles des quatre autres Sahraouis (Kihal Ifilihia, Ahmed Jïdar, Dahba Khbizi et Fatima Lahmid) arrêté-e-s le 12 juin 2013 à Tarfaya.

Groupe Liberté d’expression-Journalistes (nouveau) : Un autre journaliste a fait les frais avant Ali Anouzla de la loi « anti-terroriste » 03-03 de 2003. Il s’agit de Mustapha El-Hasnaoui, journaliste à la revue « Assabile » de la mouvance salafiste. Mustapha El-Hasnaoui a été condamné le 11 juillet 2013 à 4 ans de prison ferme pour « constitution de bande criminelle en vue de commettre des actes terroristes » et « appartenance à une organisation terroriste ». Il a été arrêté à son retour d’un voyage qu’il a effectué en Turquie pour un reportage sur les Salafistes marocains en Syrie. Un comité de soutien a vu le jour au Maroc sous l’égide de la Ligue Marocaine de Défense des Droits de l’Homme (LMDDH).

Groupe Liberté de culte et sacralité (nouveau) : Un jeune marchand ambulant marocain (M.B, né en 1982) de la région de Taounate à 80 km de Fès a été arrêté et placé en prison à Ain Aicha le 28 août 2013 avant d’être remis au parquet qui le poursuit en détention provisoire pour « prosélytisme chrétien ». Ce jeune marocain s’est converti au christianisme depuis plus de sept ans selon ses dires à la gendarmerie qui a procédé à son arrestation.
Traduit le 3 septembre 2013 devant le tribunal de première instance à Fès, il a écopé d’une peine de 30 mois de prison ferme. Cette peine a été confirmée par la cour d’appel de Fès lundi 11 septembre 2013.
Par ailleurs, à Fès, deux étudiant-e-s, militant-e-s de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM), ont été arrêtés le 1er août 2013 et traduits le 3 août devant le tribunal de première instance de Fès pour « non observation de ramadan et actes sexuels en dehors du mariage ». Il s’agit de Radouane Badri et nadia El-Bouni. Au même moment comparaissait, Brahim Jaïdi, un autre militant de l’UNEM, enlevé à Séfrou le 31 juillet 2013.

Groupe 20-Février-Taza : Le jeune militant Omar El-Maânaoui du mouvement 20-Février a été entendu par la police judiciaire de Taza et remis au Procureur du roi près du tribunal de première instance de Taza qui a décidé de le poursuivre en liberté le 9 octobre 2013.  

Plusieurs d’autres arrestations ont été opérées au sein des militant-e-s de l’UNEM suivies de procès à Fès ou à Meknès. Nous en avons signalé quelques-uns dans nos précédents points hebdomadaires. Plusieurs détenus parmi eux sont en grève de la faim pour dénoncer leurs conditions et réclamer leur libération. Nous y reviendrons plus en détail dans notre prochain point et nous procéderons rapidement à une mise à jour des listes sur notre site Internet.
Ces victimes de privations de droits ont besoin de notre solidarité, alors n’hésitez pas à la leur témoigner en les parrainant. Voir procédure sur www.asdhom.org

Bureau exécutif de l’ASDHOM
Paris, le 27 septembre 2013

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