Les détenus subissent des "traitements cruels, inhumains ou
dégradants", surtout pour les femmes, dans la plupart des prisons du
Maroc, en l'absence de contrôles et d'inspections efficaces, selon un rapport
publié mardi par le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH).
"Ces
exactions ont été observées dans la plupart des prisons visitées", selon
le CNDH, dont les membres sont tous nommés par le roi Mohammed VI, à qui le
document doit être remis. "Ces violations se manifestent par des coups
portés aux moyens de bâtons et de tuyaux, la suspension sur des portes à l'aide
de menottes, les coups administrés sur la plante des pieds, les gifles, les
pincements à l'aide d'aiguilles, les brûlures", ajoute le rapport.
Le 11
septembre, le CNDH avait déjà établi un constat critique s'agissant de la
situation dans les hôpitaux psychiatriques, la qualifiant "d'archaïque et
inadaptée". Sur les prisons, la persistance de ces violations va à
l'encontre "des lois régissant les établissements pénitentiaires et de
toutes les conventions pertinentes qui considèrent de tels agissements comme
des formes de traitement cruels, inhumains ou dégradants", relève encore
le CNDH. Dans son rapport, l'organisme souligne par ailleurs que la détention
provisoire et la lenteur des procès constituent la première cause du
surpeuplement dans les prisons marocaines.
Les femme pâtissent davantage de traitements cruels
Concernant
les femmes détenues, le constat est encore plus critique. Elles "pâtissent
davantage, pour des considérations d'ordre socioculturel, de traitements cruels
et comportements dégradants (insultes, humiliations), aussi bien dans les
postes de police qu'en prison", avance le CNDH. "Les détenues
incarcérées pour des affaires de mœurs sont particulièrement visées par
certaines surveillantes", précise en outre le document, qui a nécessité
cinq mois d'enquête dans plusieurs prisons du royaume.
Concernant
les femmes accouchant en prison, "le Conseil constate (...) l'exiguïté de
l'espace" réservé à ces femmes dans "plusieurs prisons, l'absence de
crèches et de moyens de divertissement pour ces enfants". "A
l'expiration du délai qui leur est accordé pour garder leurs enfants, et en
l'absence des proches ou devant leur refus de les prendre en charge, les
détenues sont contraintes de les abandonner à des tiers qui les exploitent dans
certains cas dans la mendicité ou les placent dans des orphelinats",
souligne le CNDH.
Dans
ses recommandations, il appelle à "l'élaboration d'un plan d'action pour
l'éradication de la torture" en partenariat avec "les autorités
judiciaires, le Parlement, le gouvernement et la société civile".
- Lire aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire