Par Lenaïg Bretoux (Médiapart), 1,5,2013
Le prince Hassan El Alaoui (Photo Le Matin) |
Le ministère de l’éducation nationale, en lien avec le quai d’Orsay,
est chargé de recruter trois professeurs français pour les envoyer en
détachement au Collège royal à Rabat, où sont scolarisés les enfants de
la famille royale, dont le fils et la fille de Mohammed VI.
C’est une institution ultra sélecte, nichée au cœur d’un des plus
célèbres palais de Rabat. Le Collège royal abrite, sous haute
surveillance, les enfants de la famille du roi du Maroc et une poignée
de privilégiés soigneusement choisis par le régime. Tous les ans, en
toute discrétion et à la demande de la monarchie, la France y dépêche
plusieurs professeurs, détachés de l’Éducation nationale.
C’est de nouveau le cas cette année. Le sujet a été abordé en amont
de la visite de François Hollande au Maroc début avril où il avait vanté
la « stabilité » du royaume chérifien. Le président de la République a
demandé à son ministre de l’éducation nationale d’y dépêcher trois
professeurs pour la rentrée prochaine ; Vincent Peillon, déjà bien en
peine pour recruter assez d’enseignants en France, a grimacé mais a
obtempéré.
Selon nos informations, l’Éducation nationale, en lien avec le
ministère des affaires étrangères, recherche actuellement trois
professeurs pour la rentrée scolaire 2013, en histoire-géographie, en
mathématiques et un poste bivalent en SVT-techno. Ils peuvent être
certifiés ou agrégés (dans les faits, ils sont surtout agrégés) et
seront placés en détachement. Ils peuvent aussi être fraîchement
retraités. Dans les deux cas, ils bénéficieront d’un contrat de droit
local d’un an, renouvelable. Cette année, ils sont déjà deux Français à
dispenser leur enseignement au Collège royal, perpétuant ainsi une
tradition ancienne. Seul changement envisagé : la rémunération,
jusque-là en partie assurée par la France, serait cette fois
intégralement prise en charge par le Maroc, qui valide à chaque fois les
candidatures soumises par Paris.Interrogé, le ministère de l’éducation
nationale a renvoyé sur le quai d’Orsay, qui n’a pas souhaité
s’exprimer. Et pour cause : le sujet est sensible. Comme tout ce qui a
trait à la monarchie marocaine.
Le Collège royal est une prestigieuse institution, nichée au cœur du
palais qui abrite aussi le siège du gouvernement. Elle a été fondée par
le grand-père du roi actuel, Mohammed V, pour son fils, le futur Hassan
II, en 1942. « Servi par des maîtres et professeurs expatriés français,
espagnols et anglais, et par des professeurs marocains, le collège royal
fonctionne sur le modèle des lycées français, avec un enseignement
renforcé en langue arabe et en histoire et géographie du Maroc »,
explique l’historien Pierre Vermeren, dans son livre Le Maroc en
transition (La Découverte, 2004).
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