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vendredi 8 août 2014

UNE IMPORTANTE MISE AU POINT DU BUREAU NATIONAL DE L'AFPS


Une mise en cause de responsables palestiniens à propos de ce qui est présenté comme le retrait d’une plainte palestinienne devant la Cour Pénale Internationale a été largement relayée dans divers réseaux de la part de personnes se réclamant du mouvement de solidarité. Elle a pris une forme extrêmement violente puisque les mis en cause sont jugés coupables de « haute trahison ». Si les mots ont un sens, la « haute trahison » relève en temps de guerre de la mort.
Nous appelons les groupes locaux et les militants à faire preuve d’une extrême prudence et à se refuser à toute ingérence dans les affaires palestiniennes. La question de l’adhésion de l’Etat de Palestine au statut de Rome et à la CPI est actuellement débattue par l’ensemble du mouvement palestinien qui cherche un consensus et progresse sur ce sujet.
Restons dans notre rôle de mouvement de solidarité sans prétendre dicter leur position à nos amis palestiniens qui auront, eux et eux seuls, à en assumer les conséquences. Préparons-nous à une action forte sur ce point dès qu'ils auront choisi ensemble la voie qu'ils souhaitent suivre, afin que leur démarche recueille le plus grand soutien international possible, et notamment celui de la France. Le combat contre l'impunité d'Israël est et restera au cœur de nos priorités.

UN MESSAGE DE MAJED BAMYA, du ministère palestinien des Affaires étrangères:
"Dans les dernières 24h, en faisant le tour des réseaux sociaux, je suis tombé sur des messages d'insultes, d'invectives, de donneurs de leçons. Nous avons besoin du dialogue entre le mouvement national et le mouvement de solidarité, et nous avons besoin de vos critiques, et votre pression qui peuvent être une des manifestations de votre soutien et de votre solidarité. Mais nous n'avons pas besoin d'attaques, laissez nos ennemis communs s'en occuper. Et faites confiance aux Palestiniens qui savent être très critiques à l'égard des représentants politiques, et c'est leur droit le plus absolu.
Quand notre peuple s'est soulevé en 2000 contre l'occupation et la colonisation, droit légitime s'il en est, Israël, la puissance occupante, a non seulement tué des milliers de palestiniens, envahi toutes nos villes, imposé des couvre feu, elle a aussi détruit les institutions que nous avions passé des années à construire, et assiégé la présidence, et le symbole absolu de notre lutte, Yasser Arafat, pendant 4 ans, avant probablement de l'assassiner. Personne n'a voulu ou pu arrêter la machine de guerre israélienne qui a alors assassiné les leaders palestiniens toute faction confondue et emprisonné des milliers de membres de nos partis politiques et services de sécurité.
En 2006, après avoir exercé notre droit démocratique de voter, Israël a gelé le transfert de l'argent de nos taxes (en bref c'est du vol). Cela couplé à un boycott occidental du gouvernement du Hamas puis du gouvernement d'unité national a privé de salaires pendant plusieurs mois 140 000 fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, et de ressources près d'un million de palestiniens, provoquant une crise humanitaire gravissime et minant nos institutions de nouveau.
Quand nous avons décidé d'aller à l'ONU pour obtenir le statut de membre pour l’État de Palestine, le gouvernement israélien nous a accusé de terrorisme diplomatique (oui rien que ça) et nous n'avons même pas trouvé la majorité nécessaire au Conseil de Sécurité, et lors du vote de l'Assemblée générale pour l'octroi du statut d’État observateur à la Palestine, certains États exigeaient que nous renoncions à notre droit de saisir la CPI pour nous soutenir, ce que nous avons refusé. Nous fûmes soumis à d'intenses pressions pour ne pas signer les conventions internationales liées au droit international humanitaire (Conventions de Genève) et droits de l'homme, ce que nous avons tout de même fini par faire.
Aucun pays au monde n'a été soumis à autant de pression, de menaces et d'attaques, pour avoir simplement exercé son droit de lutter contre l'oppression, y compris lorsque nous l'avons fait par des moyens politiques, juridiques, diplomatiques et pacifiques. Alors il nous arrive d'hésiter bien plus que ceux qui parlent en n'ayant pas à payer le prix de nos décisions. 

Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas adhérer à la CPI, j'ai dit à plusieurs reprises qu'à mon avis nous devrions le faire immédiatement. Cela veut simplement dire que ceux qui attaquent les personnes au sein de nos institutions, où qui leur disent qu'ils ne font que parler et pas agir, oublient que nous avons des collègues à Gaza sous les bombes, et que nous avons des gens mobilisés sur le terrain en permanence, et que lorsque j'écris qu'il faut rejoindre la CPI, moi ou tout autre palestinien, les risques que nous prenons sont infiniment plus grands que n'importe qui disant ça ailleurs à travers le monde, que nous ne sommes pas seulement des diplomates ou des fonctionnaires, et que la plupart d'entre nous sont engagés politiquement, et parfois même sur le terrain.
Israël considère que les palestiniens ne peuvent pas se rebeller contre son oppression, ni par la parole, ni par les idées, ni par les manifestations, ni par les moyens militaires. Nous avons 6000 prisonniers palestiniens, la plupart des civils. Nous avons près de 1900 morts palestiniens ces dernières semaines, quasiment tous des civils. Nous sommes le seul pays à avoir plus de 35 députés emprisonnés. Alors continuez à vous mobiliser pour la fin de l'impunité d'Israël et la fin de l'occupation et de l'oppression, mais sans tomber dans le piège de la division, sans vous tromper d'ennemis, en continuant à être exigeant comme nous sommes exigeants avec le mouvement de solidarité. Je crois au dialogue franc entre nous, pour la Palestine et son peuple. Mais je crois aussi au respect mutuel.
Et ceux qui ont envie d'être utiles à la Palestine, peuvent surtout dans ce moment critique se concentrer sur les choses suivantes:

- mettre fin à l'impunité d'Israël, y compris en appelant votre État à soutenir la saisine de la CPI pour examiner les crimes de guerres commis, et d'exiger qu'Israël coopère avec la commission d'enquête du Conseil des droits de l'Homme. Mais ce n'est pas suffisant, c'est très important de poursuivre la mobilisation en faveur de BDS. Dans ce cadre, demander à la Palestine de signer le statut de Rome est un élément important pour contrebalancer la pression contre une telle ratification, mais n'oubliez pas les autres éléments!
- exiger la levée du siège inhumain et illégal sur la bande de Gaza, alors que beaucoup de pays plaident pour un retour à un statu quo criminel qui impose une mort lente à notre peuple
- soutenir l'unité palestinienne
- exiger la fin de l'occupation et l'apartheid israélien, et exiger de votre État d'y contribuer
Nous n'avons pas le droit de perdre 24h sur la base d'informations faussées, et de passer ce temps à nous entredéchirer, pendant que la machine de guerre et de propagande israélienne continue à détruire à plein régime. Je compte sur vous, et vous pouvez compter sur moi, nous œuvrons, chacun du front où nous sommes déployés, pour le même objectif."

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