C’est connu, les grands criminels reviennent toujours sur les lieux
de leurs forfaits. Non par empathie ou par compassion envers leurs
victimes, mais simplement pour se confectionner un alibi éventuel ou
anticiper leur défense, lorsque sonnera l’heure de s’expliquer.
Voilà six cents ans que le pays est mis sous coupe réglée, soumis à
tous les pillages, dans la plus totale impunité, et c’est l’un des
responsables du gâchis, qui s’interroge cyniquement sur la disparition
de nos richesses. Au paradis des corrompus qu’est devenu le Maroc, on
croirait entendre un « Vingt-fébrériste » ou un chômeur, manifestant, aux cris de « Où sont passées nos richesses ? ».
Après avoir tout confisqué entre richesses et pouvoir, « notre ami »
semble, à présent, lorgner, sur le titre de Premier Activiste, pour
damer le pion aux véritables militants. A moins qu’il n’ait été frappé
d’une soudaine amnésie ? A l’écouter se fendre de son piètre discours,
on imagine le loup, affublé de la peau de l’agneau qu’il vient de
dévorer et faisant mine de se lancer, avec le reste du troupeau, à la
recherche de la victime.
« Où sont passées nos richesses ? », fait
mine de s’insurger celui qui a fait du Maroc le siège de ses
multinationales, ses banques, ses assurances et ses centres commerciaux.
« Où sont passées nos richesses ? », fait
mine de s’indigner la septième fortune du monde, qui n’hésite pas, après
avoir fait main basse sur les richesses terrestres, maritimes et
aériennes, à entretenir ses serviteurs, ses palais et ses déplacements,
des deniers du peuple.
« Où sont passées nos richesses ? », fait
mine de s’offusquer, celui qui, à force de pillage, pousse les
meilleurs d’entre nous, à s’exiler, à la recherche d’une vie meilleure
et fait rêver des millions d’autres d’en faire autant.
« Où sont passées nos richesses ? ». La
réponse est à ce point dans la question, qu’elle en devient insultante
pour l’intelligence. Elle est dans les comptes bancaires, les projets,
les constructions, les palais, les célébrations et la cour obséquieuse
et pléthorique de « notre ami ».
« Où sont passées nos richesses ? », nul besoin de calculs savants, ni de démonstration. La réponse est à la portée du dernier des élèves du primaire.
Les laudateurs auront beau chanter les louanges de tes milliards ou
vanter ton prétendu sens des affaires, sache qu’aucune fortune
n’apaisera jamais la conscience de qui détrousse son peuple. Avec le
temps, tes craintes iront crescendo, avec la fortune illégale que tu te
confectionnes à force de pillage. Tu auras beau décorer les uns,
terroriser les autres, acheter certains en tuer d’autres, tu devras te
résoudre, au final, à rendre des comptes. Alors, toutes tes
réjouissances, tes commémorations, tes applaudissements et ce tintamarre
disparaîtront avec toi. Et la fortune et les courtisans repartiront,
comme ils sont venus.
Voilà pour la médiocrité de ton personnage. Pour le reste, sans
vouloir t’accabler, je te laisse le soin de méditer la réponse éclairée
de Sénèque. A charge pour toi de situer dans quelle catégorie tu crois
devoir te ranger :
- « La richesse n’a pas les bras longs; elle ne s’empare que de celui qui s’attache à elle. Elle est l’esclave du sage et la maîtresse du fou »
Texte original ici :
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